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C’est quoi, le FOMO de consommation?
L’expert Paul-Antoine Jetté explique pourquoi je pense encore à la sacoche en forme de poney que je n’ai pas achetée il y a 20 ans.

URBANIA s’allie à Radio-Canada pour vous aider à mieux consommer sans vous ruiner (et, idéalement, en mettant quelques sous de côté).
Le FOMO, pour fear of missing out, on connaît : c’est cette peur de manquer quelque chose, par exemple en restant chez soi à lire URBANIA en mangeant des olives à la sicilienne plutôt que d’aller rejoindre sa gang au lancement d’un cidre fermier qui sera peut-être le cidre fermier de 2026.
Mais le FOMO de consommation, vous connaissez? Ça désigne la crainte de ne pas avoir ce que les autres ont. Et ça peut vous péter un budget, mes amis!
Alors, comment se protéger du FOMO de consommation?
J’ai demandé à Paul-Antoine Jetté, le sympathique comptable qui collabore à l’émission radiophonique de finances personnelles Sauve qui peut!, animée par Pierre-Yves McSween, le samedi à 11 heures sur ICI Première.
Jouer sur l’urgence
Il y a très longtemps, j’ai été fort raisonnable en n’achetant pas une adorable sacoche en forme de poney chez Winners. Eh bien, j’y pense encore aujourd’hui, à cette sacoche, ce qui nourrit mon FOMO de consommation. Je crois que, depuis, j’ai dû acheter bien des cossins inutiles de peur d’y penser ensuite pendant des années.
Dans fear of missing out, il y a le mot fear. La peur est le moteur du FOMO de consommation, et « c’est rarement un bon guide, la peur! », souligne Paul-Antoine Jetté.
« La finance et la consommation, ça a beaucoup à voir avec des perceptions », explique le comptable. « Il y a ce qu’on appelle la finance comportementale, qui est comme à la frontière entre la psychologie et le marketing. »
C’est ce qui peut déclencher le FOMO de consommation, justement : une stratégie marketing basée sur l’urgence et la peur, qui nous pousse à agir rapidement et à acheter avant qu’il soit trop tard et qu’on n’ait pas pu mettre la main sur la paire de chaussures à laquelle on n’aurait jamais pensé si on l’avait vue au centre d’achats.
Vous aurez sûrement déjà remarqué ces stratégies à l’œuvre en ligne : « Il n’y a plus que deux articles en stock! », « Marianne, de Gatineau, vient d’acheter la robe que vous regardez! », « Plus de 40 personnes regardent l’annonce! », « C’est un solde de 24 heures seulement, et le COMPTEUR TOURNE! ».
« Dans des cas comme ceux-là, on joue avec l’idée qu’il est urgent d’agir », résume Paul-Antoine Jetté. « Il s’agit de déclencher une forme d’urgence. Et si tu es dans l’urgence, tu fais quoi? Tu arrêtes de réfléchir et tu agis. »
Et tu achètes.
En plus, les publicités qu’on voit en ligne sont celles qui sont susceptibles de nous intéresser personnellement, grâce à des algorithmes sophistiqués basés sur nos habitudes de furetage. Ajoutez à ces algorithmes un sentiment chronique d’insatisfaction et une impression que les autres ont toujours mieux et plus que soi, et les conditions sont idéales pour se ruiner, ou du moins pour diminuer considérablement son budget.
Le temps, c’est de l’argent
Un achat impulsif, deux ou trois même, ça va, quand on a un emploi décent et qu’on n’est pas serré à la gorge pour payer son loyer. Il faut bien se faire plaisir une fois de temps en temps.
« L’enjeu est plus sur le moyen et le long terme », estime Paul-Antoine Jetté.
C’est simple : les grosses dépenses qu’on fait aujourd’hui représentent des dollars qu’on n’a plus pour faire d’autres dépenses demain, ou plutôt, après-après-demain.
« Tu ne le verras pas tout de suite, mais dans 10, 15, 20 ans, l’écart va se créer », nous prévient le comptable. « Ça a l’air tellement loin, alors on ne s’en rend pas compte! Mais tu es en train de te priver sérieusement de plus de confort plus tard. Tu en aurais pas mal moins, de FOMO, parce qu’à ce moment-là, tu aurais les moyens d’acheter des choses qui ne sont peut-être pas vraiment essentielles. »
En épargnant dès maintenant, même un tout petit peu, on s’assure d’avoir les moyens d’assumer des dépenses plus importantes plus tard. Le temps est le plus grand allié de ceux qui mettent de l’argent de côté quand ils sont jeunes et en bonne santé.
C’est sûr qu’épargner, c’est moins sexy que d’acheter la crédence mid-century qui va enfin remplacer l’étagère bancale ramassée sur le bord du chemin en 2007. Mais Paul-Antoine Jetté a un excellent argument pour convaincre le plus dépensier d’entre nous de mettre juste un peu d’argent de côté pour plus tard. Et rendu à plus tard, peut-être que vous aurez aussi le budget pour acheter le fabuleux sofa mid-century assorti.
Le FOMO d’épargner, c’est gagnant!
Quand le collaborateur de l’émission de radio Sauve qui peut! m’explique comment épargner, il parvient à le faire sans heurter mon côté paresseux. Simplement, Paul Antoine Jetté recommande de faire un placement dans un portefeuille bien diversifié. Votre banque en a peut-être même un déjà tout prêt. Et ensuite, vous ne faites plus rien!
« Pour investir, tu n’as qu’à attendre! » s’exclame Paul-Antoine Jetté. « Tu n’essaies pas de vendre des actions. Tu achètes et tu attends. Tu aurais acheté 10 000 $ du S&P 500 il y a 30 ans et tu n’aurais rien fait pendant 30 ans, t’aurais autour de 225 000 $ aujourd’hui. »
Je comprends ces chiffres-là, même si j’ai dû chercher S&P 500 (c’est un indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées en bourse aux États-Unis).
Si je calcule correctement, 225 000 $ – 10 000 $ = BEAUCOUP DE PROFIT. Et de sacoches en forme de tous les animaux de la ferme si ça me tente.
« Et puis là, tu as évité le fear of missing out! », conclut le comptable.
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Paul-Antoine Jetté a plein d’autres conseils en finances personnelles à vous donner, les samedis à 11 h lors de l’émission Sauve qui peut!, animée par Pierre-Yves McSween et diffusée sur les ondes d’ICI Première.