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Ces travailleurs de la tech qui ont perdu leur job du jour au lendemain

La tech, tu dois parfois la quitter un temps, même si tu l'aimes. 

Par
Léopold Picot
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« J’ai eu des compliments sur mon boulot et le soir même, on m’a demandé de ne pas revenir », témoigne Adrien*, qui travaillait depuis quelques années dans une grande entreprise de logiciel basée à Montréal. Il préfère taire son vrai nom pour ne pas se fermer de portes.

« Restructuration », qu’on lui a dit. Et du jour au lendemain, le jeune programmeur est devenu persona non grata au sein de la structure qui l’a lancé sur le marché du travail. Début février, il n’a plus eu l’autorisation de pointer à son bureau et a été payé réglementairement jusqu’à la fin du mois. « Le plus violent, c’est que je suis encore payé à rien faire, ça n’a pas de sens », regrette-t-il.

Nombreux sont les employés qui n’ont pas voulu témoigner pour cet article, de crainte d’être épinglés comme « le gars de la tech qui a perdu son boulot ». Pourtant, garder son poste, même dans la tech, ce n’est pas toujours du ressort du travailleur.

Prendre le temps ou rebondir

Parlez-en aux milliers d’employés de Facebook qui ont perdu leur emploi, ou encore à Elon Musk qui a instauré une cure d’amincissement extrême chez Twitter. C’est comme ça à peu près partout : Google, Amazon et Microsoft sont aussi entrés dans la danse des licenciements.

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Plus près de chez nous, les employés montréalais de la tech ne sont pas épargnés. Si le secteur a connu une hausse de près de 16 % du nombre d’emplois en 2019-2020, le début de l’année est arrivé comme une douche froide.

Tous ne réagissent pas de la même manière. Certains, comme Adrien, se sont fait virer sans y être préparés et accusent le coup. Dans un post sur LinkedIn qui a attiré énormément de sympathie, un ancien informaticien de Stadia, la division jeu vidéo de Google implantée à Montréal, a déclaré vouloir en profiter pour se recentrer sur sa fille. « Je vous laisse une photo de ma nouvelle boss », déclare-t-il en montrant le portrait de son enfant.

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Une autre personne, qui a perdu son poste de chercheur chez Microsoft Montréal, déclare sur le même réseau social s’être rendue à un colloque sur l’intelligence artificielle à la Barbade, dans les Caraïbes. « J’en profite pour réfléchir aux prochaines étapes. »

la tech est loin d’être moribonde à Montréal : certaines personnes se trouvent rapidement un nouvel emploi.

Une ancienne gestionnaire de Google y est pour sa part allée avec un hommage à ses collègues, aussi sur LinkedIn. « J’emporte avec moi et je chéris les centaines de relations cultivées avec des personnes aimables et intelligentes chez Google Montréal (de 19 employés, nous sommes maintenant près de 350!) », a-t-elle annoncé il y a trois semaines.

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Mais signe que la tech est loin d’être moribonde à Montréal : certaines personnes se trouvent rapidement un nouvel emploi. Par exemple, un ancien gestionnaire licencié par l’entreprise de logiciels HashiCorp a annoncé ceci sur Facebook le mois dernier : « Je suis reconnaissant pour cette expérience qui m’a permis d’avoir un emploi qui fitte avec ma passion pour l’intelligence artificielle, l’infonuagique et la sécurité informatique. Je suis ravi de vous annoncer que j’ai fait le saut vers ce monde fascinant et que je travaille déjà, lundi! Pas le temps de niaiser! »

Un phénomène structurel

Cet état d’esprit très « positive attitude » est fortement répandu dans le milieu. Il faut dire que le secteur est réputé pour sa quête sans limites de nouveaux talents, ses opportunités et sa soi-disant croissance sans fin. Un mythe qui peut entraîner une frustration et un sentiment de honte chez ceux qui ne réussissent pas à retrouver facilement du travail.

de nombreuses entreprises et studios de jeux vidéo ont recruté, avant de rétropédaler et de supprimer des postes dans le monde entier.

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Pourtant, la tech est elle aussi soumise aux mécanismes souvent injustes de l’économie et la période actuelle nous le rappelle une nouvelle fois.

Profitant des perspectives de croissance après la COVID, de nombreuses entreprises et studios de jeux vidéo ont recruté, avant de rétropédaler et de supprimer des postes dans le monde entier, explique Benoit Dostie, professeur titulaire au département d’économie appliquée à HEC Montréal.

« Quand on pense que la croissance va être là et qu’il y a des personnes disponibles, on va les embaucher, mais quand les perspectives de croissance trop optimistes ne se révèlent pas avérée, il y a des réajustements à faire, mais ce n’est pas un signe de crise globale », précise l’enseignant.

En somme, la fin de la pandémie a marqué le début d’un retour à la réalité pour de nombreuses entreprises de la tech.

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L’entreprise d’informatique Unity, par exemple, a fortement recruté à Montréal en 2019 et fait partie des compagnies qui ont licencié en ce début d’année. D’autres entreprises font face aux pressions des investisseurs pour augmenter leurs profits et réduire leur nombre de salariés afin de se recentrer sur leurs activités premières.

En somme, la fin de la pandémie a marqué le début d’un retour à la réalité pour de nombreuses entreprises de la tech qui se sont senties pousser des ailes face à la numérisation rapide de notre quotidien. Le problème ne vient donc pas des compétences des travailleurs, mais de l’emballement d’employeurs un peu trop fougueux.

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