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Ces Québécois qui font fortune à coup de pelle

Pelleter des bancs de neige pour arrondir ses fins de mois.

Par
Marie-Ève Martel
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La tempête a foutu le bordel, et c’est là le moins qu’on puisse dire : entrées bloquées, routes impraticables, voitures ensevelies et des bancs de neige qui compliquent les déplacements, même à pied. Mais même si la tempête a perturbé le quotidien de tout le monde, elle a été payante pour certaines âmes généreuses qui ont mis leurs bras et leur pelle à contribution contre quelques dollars.

La semaine dernière, un record d’accumulation de flocons a été enregistré, après que deux tempêtes successives aient laissé quelque 70 centimètres de neige au sol.

Mais il n’y avait pas que la neige qui était abondante, lundi matin : tant les demandes que les offres pour faire déneiger sa cour ou sa voiture pullulaient sur les réseaux sociaux au lendemain de la deuxième tempête à s’être abattue sur le Québec en quatre jours.

Sur le groupe Hochelaga Mon Quartier, par exemple, un homme au chômage a offert ses services pour déneiger, et ce, à compter de cinq heures du matin, en échange d’une contribution minimale de 10 $.

Sa publication a été aimée plus de 600 fois et a généré plus de 60 commentaires.

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C’est aussi grâce à une page Facebook de quartier, dans la région de Québec, que Véronique a rencontré une personne qui l’a embauchée pour déneiger son entrée tout l’hiver, portant à quatre le nombre de portes à dégager, la sienne comprise.

Véronique est payée entre 300 $ et 375 $ par « client ». « Je mets au moins 20 minutes chaque fois que j’y vais », explique-t-elle.

Ces derniers jours ont été particulièrement occupés pour la quarantenaire, qui a débuté ce sideline l’an dernier pour venir en aide à une amie invalide.

« Je te dirais que jeudi passé, j’ai mis entre 30 et 60 minutes par place, précise Véronique. Mon cardio a été fait, cette journée-là! »

Se faire des muscles en faisant quelques piastres

La résidente de Québec a d’ailleurs fait d’une pierre deux coups en rendant service. « L’an passé, je n’ai pas rentabilisé ma passe de ski, alors je ne l’ai pas rachetée cet hiver, mentionne-t-elle. J’ai décidé que mon gym, ça allait être mon pelletage! »

« J’aime prendre l’air, je suis payée pour faire de l’exercice et mes clients n’ont plus besoin de déneiger : tout le monde est heureux! » renchérit-elle.

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C’est aussi ce que pense Patrick, qui s’est déniché trois clients en 12 minutes sur Facebook. « Pelleter est un sport complet, dit-il. Je charge 70 $ par entrée en assurant que ça sera fait avant 8h. Donc, 210 $ pour m’entraîner et me lever tôt, moins le prix d’une pelle. »

Le pelleteur en herbe, qui n’envisage toutefois pas en faire une carrière, indique avoir payé l’équivalent de quatre mois de loyer grâce aux tempêtes hivernales. Il voit en cette activité une foule d’autres avantages. « Il y a une demande et j’aime la simplicité de la tâche, précise-t-il. Ça donne aussi un rapport très positif avec la météo. Alors que bien des gens badtrippent à l’approche d’une tempête, moi, je le vois comme une semaine d’épicerie [payée] avec deux heures de sport. »

Si les prévisions n’annoncent pour l’instant aucune accumulation importante de neige dans les prochains jours, l’hiver n’a pas dit son dernier mot. Il n’est donc pas trop tard pour joindre à l’utile à l’agréable avec un nouveau sideline.

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Pour rendre service avant tout

Hubert, 19 ans, n’a pour sa part qu’une seule cliente : une voisine âgée qui l’embauche depuis quelques années pour effectuer de menus travaux, dont le déneigement des escaliers de sa résidence et d’un petit passage dans la cour pour permettre à son chien de se soulager et de se dégourdir les pattes.

Ladite voisine le paie « une somme ridicule » : 100$ pour quelques coups de pelle. « C’était une affaire d’une vingtaine de minutes. Et moi, je serais prêt à le faire gratuitement », mentionne Hubert, qui demeure à Saint-Lambert.

Dans les derniers jours, le groupe Facebook La pelle à l’aide Montréal (ça ne s’invente pas!) a aussi la cote.

Créée le 18 février dernier, la page a atteint les 600 membres en 48 heures à peine. Son objectif est de mettre en relation, via des demandes d’aide, des personnes ayant besoin qu’on aille déneiger leur entrée ou leur voiture, et de bons Samaritains armés d’une pelle.

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Le créateur du groupe, François Noël, est le premier a être surpris par l’ampleur du mouvement, lui qui a été approché par plusieurs médias pour parler de son initiative.

« Il y a encore plus de demandes depuis! », lance celui qui, à lui seul, a déneigé plus d’une trentaine d’entrées depuis jeudi et dégagé tout autant de voitures.

S’il a passé trois jours à pelleter chez autrui, François Noël n’a toujours pas déneigé chez lui.

Sur ce groupe, il est toutefois interdit de solliciter une rémunération pour son bon geste, qui doit venir du cœur.

« Ce que je veux, c’est des gens qui veulent aider leur prochain, dit-il. Depuis jeudi, quand je ne suis pas en train de pelleter, j’efface des demandes de gens qui veulent être payés pour rendre service. »

François Noël a refusé toute rétribution pour son aide. « Les gens m’offrent de l’argent, il y en a même qui ont essayé de cacher un billet de vingt dans mes poches ou mon auto, témoigne-t-il. C’est apprécié, mais ce n’est pas l’objectif de ma démarche. »

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D’autres « clients » ont proposé un échange de services : une massothérapeute lui a offert un soin, tandis qu’un restaurateur lui a offert des repas.

« C’est vraiment sweet, mais je ne veux rien, insiste le pelleteur bénévole. Ça briserait l’élan de générosité. »

Cet élan pourrait renaître à la prochaine bordée de neige. Le créateur de La pelle à l’aide Montréal compte organiser un événement de déneigement collectif lors de la prochaine bordée.

« On se donnerait rendez-vous dans un parc, avec du chocolat chaud et des hot pockets, pour ensuite aller quadriller les rues et déneiger tout le monde, avance François Noël. Si on avait 100 personnes dans chaque quartier, ça prendrait deux jours et on n’aurait plus de neige. »

À vos pelles, prêts, partez!