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Si les recruteurs maîtrisent l’art de déceler la moindre anomalie dans nos parcours professionnels en épluchant nos CV au scalpel, un peu d’expérience et un œil aguerri nous permettront d’éviter leurs offres piégées qui mènent tout droit aux pires cauchemars professionnels.
Le panier de crabes
Vous n’avez pas terminé de déposer les photos de vos enfants sur votre bureau que déjà vous entendez murmurer dans votre dos. La vérité, c’est que vos collègues vous détestaient déjà avant même que vous ayez passé l’entrevue. Pas besoin de vous connaître, ils inventeront les histoires les plus atroces pour miner toute la crédibilité que vous auriez pu espérer avoir.
Le panier de crabes, c’est l’équipe de travail qui se livre une guerre intestine depuis des temps immémoriaux.
Le panier de crabes, c’est l’équipe de travail qui se livre une guerre intestine depuis des temps immémoriaux. Les objectifs à atteindre et les défis à réaliser se retrouvent en dernier sur la liste des priorités de vos collègues. Alors que vous prendre en défaut à la moindre phrase que vous prononcez figure tout en haut.
Comment éviter les paniers de crabes? Portez une attention toute particulière à la façon dont le directeur vous parle de son équipe lors de l’entrevue. S’il fait souvent référence à des caractères forts, que son équipe est à un moment charnière et qu’il cherche à la renouveler car ils sont présentement dans une phase de transition, il y a de fortes chances que lui-même ait peur de se faire crever les pneus de son char pendant l’entrevue.
Le Potemkine
Dans le temps de la Russie bien avant que ça devienne l’URSS, une reine devait passer par un village vraiment laid. Le maire, conscient que son village faisait pitié, aurait eu la brillante idée de faire recouvrir de carton-pâte la façade des maisons de la rue principale pour les reniper un peu. Bien sûr la reine s’en est aperçu, et encore aujourd’hui on parle de Grigori Potemkine.
Certains diront que cette histoire est une pure invention, pourtant il s’agit d’une technique régulièrement utilisée en recrutement. Conscients que le poste est plate à mort, de peur que personne n’applique, les recruteurs inventent ou gonflent des responsabilités et des tâches que vous ne ferez jamais.
La recette classique du Potemkine ressemble à ceci : vous tombez sur une description d’emploi qui a l’air vraiment super; plein de beaux défis, du conseil stratégique auprès du PDG, quel privilège! Mais pourtant, il y a une dernière tâche à la fin qui détonne un peu. Vous vous dites que les descriptions de tâches, c’est comme la liste des ingrédients sur un carton de bouffe, ils apparaissent en ordre d’importance. Pourtant, à l’entrevue, les recruteurs insistent drôlement pour vérifier si vous avez de l’expérience pour cette tâche. OK, alors sortir les bouteilles d’eau pour les membres du conseil d’administration, ce serait du conseil stratégique? Laissez donc faire.
Le jambon pressé
Vous êtes-vous déjà demandé comment se créaient les nouveaux postes? Ces emplois qui ne sont ni des promotions, ni des remplacements, ni rien de rien. Vraiment un nouveau? Moi oui.
C’est l’histoire d’une tâche hyper plate à faire – mais obligatoire – qui arrive dans l’équipe, mais que personne ne veut avoir. Bien que la directrice l’ait refilée au petit nouveau pendant un certain temps, le petit nouveau finit par prendre du galon, assez pour se rendre compte qu’il veut travailler sur d’autres choses que cette affaire plate là. On la refile donc au nouveau petit nouveau.
Tout le monde sait que les tâches plates arrivent toujours plus vite que les agréables.
Mais cette stratégie dure juste un temps. Parce que tout le monde sait que les tâches plates arrivent toujours plus vite que les agréables. Au fil du temps, elles finissent par s’accumuler suffisamment pour occuper quelqu’un à temps plein. C’est à ce moment que la directrice a l’idée de génie d’ouvrir à l’externe un nouveau poste, rempli de défis (voir le Potemkine). Et c’est vous, les chanceux, qui appliquez pour ce poste. Vous voulez l’éviter? Demander à l’entrevue pourquoi le poste n’a pas été offert à l’interne avant.
Le siège éjectable
On le reconnaît au nombre de fois qu’on peut voir passer la même annonce au cours d’une année. C’est souvent l’histoire d’un directeur trop exigeant ou qui ne sait pas ce qu’il veut, ou que les personnes qui travaillent pour lui ne sont jamais à la hauteur de ses attentes. Ça peut également être le symptôme d’un des types de postes précédemment décrits.
Un excellent moyen de détecter le siège éjectable, si vous ne voulez pas passer votre temps à regarder les sites d’emploi, c’est d’attendre la fin de votre entrevue – plus précisément au moment où on vous demande si vous avez des questions et que vous ne savez jamais quoi répondre – pour demander la raison pour laquelle la personne d’avant a quitté. Si on vous répond qu’elle a travaillé six semaines pour ensuite aller relever de nouveaux défis, c’est mauvais signe.
Le remplacement de congé de maternité
Contrat de 12 mois sans possibilité de renouvellement. Vous qui détenez une permanence ailleurs, vous vous présentez néanmoins à l’entrevue puisque l’emploi semble vraiment intéressant – un tremplin pour votre carrière même! Mais à l’entrevue, vous vous rendez rapidement compte que vous êtes plus expérimentés que la personne à remplacer. Au fur et à mesure que vous répondez aux questions, vous voyez le visage de la femme blêmir. Étrangement, plus l’enthousiasme du directeur monte, plus celui de l’employée à remplacer descend.
Parce qu’il y a une règle universelle non écrite dans les grands livres du recrutement; la fille qui part en congé de maternité a bien plus la chienne que son remplaçant soit meilleur qu’elle que l’inverse et préfère de loin réparer vos pots cassés que de revenir dans l’ombre de vos succès. Donc si, à la fin de l’entrevue, la fille à remplacer vous serre la main en regardant derrière elle et ne vous rappelle jamais, prenez-le comme un compliment.
La pêche à la ligne
Que vous alliez consulter leur site Internet en automne, en hiver ou en été, cette entreprise semble toujours avoir un besoin urgent de nouvelle main-d’œuvre. Vous avez pourtant envoyé votre CV il y a quelques semaines et depuis, plus rien. Vous l’auriez roulé dans une bouteille pour le jeter dans le Saint-Laurent que vous auriez eu plus de chance de recevoir un accusé de réception.
Le poste pêche à la ligne, c’est la compagnie qui n’est pas vraiment en recrutement, mais qui laisse des descriptions de postes ouvertes au cas où elle tomberait sur une perle rare. C’est l’équivalent de sortir avec quelqu’un qui laisse son profil actif sur Tinder. Portez donc attention à la date d’affichage du poste; si c’est daté de 2017, évitez d’être le prochain poisson et ne perdez surtout pas votre temps à personnaliser votre lettre de présentation.