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Ces étudiants qui ne mettent jamais les pieds dehors durant l’hiver
3,7 kilomètres de mystérieux passages : c’est la longueur sur laquelle s’étendent les couloirs souterrains de la cité universitaire de la ville de Québec.
Bien connus de la communauté étudiante, les tunnels de l’Université Laval renferment une foule de mystères et soulèvent un tas de questionnements. La légende dit qu’en hiver, certains étudiants qui vivent dans les résidences ne voient jamais la lumière du jour. Pour eux, le réseau de souterrains est un incontournable pour éviter les grands froids.
On est allés à leur rencontre et on s’est promenés dans le réseau de tunnels pour comprendre la réalité de ces étudiants qui ont une peur bleue de la neige.
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Les aléas du quotidien
Pour ceux qui décident de ne pas mettre le pied dehors, les journées se suivent et se ressemblent.
À 8h10, Sarah quitte sa résidence au pavillon Alphonse-Marie-Parent (35) pour se rendre à son cours du matin au Ferdinand-Vandry (12). « Prendre le tunnel pour éviter la tempête me fait perdre 25 minutes de ma journée, mais je préfère tout de même ça que de devoir sortir au froid », affirme-t-elle.
À peine quelques mètres parcourus qu’elle doit aussitôt s’arrêter. Eh oui, les tunnels sont ENCORE inondés. Les inondations qui mènent au pavillon Desjardins sont assez mystérieuses : elles disparaissent et réapparaissent à répétition depuis quelques mois, mais personne ne semble en connaître la cause. Certains Lavallois ont émis une théorie sur Spotted ULaval comme quoi il s’agirait des larmes d’étudiants en fin de session…
Par chance, aujourd’hui Sarah n’a pas gardé ses pantoufles pour se rendre à son cours du matin. Mais comme on dit : avoir les pieds mouillés est toujours mieux que de les avoir gelés. N’est-ce pas?
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8h20 AM – À mi-chemin
Pour prendre les tunnels, il ne faut pas être pressé. La ponctualité n’est pas pour les étudiants qui hibernent. Ils arrivent souvent en retard à leurs cours, non seulement parce que la route est longue et sinueuse, mais parce qu’ils observent au passage les fresques sur les murs des tunnels. Œuvres d’art, logos, publicités, signatures… Les tunnels ont vraiment un cachet particulier et les talents artistiques des programmes et comités des différentes facultés sont mis à l’honneur.
On peut même y apercevoir des proverbes de toutes sortes, qui peuvent, en chemin, faire dévier notre esprit vers de grandes réflexions philosophiques.
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Le Lavallois peut retrouver deux essentiels de survie dans les tunnels : une prise de courant et un téléphone pour contacter la sécurité. Un petit arrêt pour recharger son cellulaire, peut-être?
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Bien que les souterrains soient sécurisés avec des caméras de surveillance, plusieurs étudiants affirment avoir peur de s’y promener, particulièrement le soir. Kloé, également résidente au pavillon Alphonse-Marie-Parent, mentionne d’ailleurs que « le fait que les tunnels soient accessibles à tous est étrange, tout simplement parce qu’on est sur un campus universitaire et qu’ils devraient être davantage protégés ». Elle ajoute éviter de prendre les tunnels tard le soir.
C’est lorsqu’on s’approche tranquillement du couloir qu’on surnomme le tuyau de sécheuse, la canne de conserve interminable, l’œsophage, la trachée [ou toute autre connotation anatomique] qu’on se demande : serait-ce la lumière du jour? Eh bien non. Cette portion du tunnel, drôlement étroite et étrangement éclairée, n’est que le chemin à suivre pour passer sous le fameux grand axe.
Bien connu des Lavallois, le grand axe de l’Université Laval est une grande allée piétonnière située au cœur du campus, qui accueille fréquemment plusieurs activités étudiantes extérieures.
On va se l’avouer, on ne doit surtout pas être claustrophobe pour emprunter quotidiennement ces tunnels.
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On doit également toujours surveiller nos arrières, savoir gérer son stress et son espace, parce que des joggeurs et des voiturettes (qui vont beaucoup trop vite) se mêlent à la foule souterraine toutes les deux minutes.
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J’ai d’ailleurs eu toute la misère du monde à les photographier tellement ils vont vite.
La lumière au bout du tunnel
Arrivé en classe, c’est mission accomplie : aucun contact avec le monde extérieur et le froid de l’hiver. Sarah nous a résumé en cinq mots son parcours quotidien pour se rendre à ses cours : silencieux, sombre, sans fin, odorant et douteux. « Douteux, parce qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre quand on entre dans les tunnels. On ne sait jamais comment se sentir », a-t-elle spécifié. Je partage également ses impressions.
Après m’être mise dans la peau d’un Lavallois le temps du trajet, je confirme que les souterrains renferment toutes sortes de spécimens, tout particulièrement des étudiants qui n’aiment pas l’hiver. On va se l’avouer, ils sont bien pratiques pour les frileux, mais un peu trop longs pour les pressés.