Ce que le budget fédéral pourrait changer pour vous

La ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, a présenté hier un premier budget en deux ans. Et avec la dernière année qu’on a eue, le gouvernement fédéral utilise ce budget pour préparer la relance économique du pays (et des élections, selon pas mal tous les analystes). C’est une grosse somme, étalée sur 750 pages, et de grandes ambitions.

De l’éducation à la hausse du salaire minimum pour les entreprises fédérales, en passant par une taxe Netflix, voici ce que le budget fédéral de 2021 va changer dans votre vie.

Un des grands investissements sur lesquels le gouvernement Trudeau mise est la jeunesse. Il promet 5,7 milliards sur cinq ans pour aider la jeunesse canadienne, durement affectée par le coronavirus. Entre autres, le programme vise à aider les jeunes à avoir accès à l’éducation supérieure, ainsi qu’à l’emploi. «L’un des aspects les plus frappants de la pandémie a été le sacrifice historique que les jeunes Canadiens ont fait pour protéger leurs parents et leurs grands-parents. Nos jeunes ont payé le prix fort pour que nous soyons en sécurité», a dit la ministre Freeland durant son discours de présentation.

La ministre Freeland a aussi annoncé un investissement de 30 milliards de dollars sur cinq ans (et 8 milliards par année par la suite) pour la mise en place d’un système national de garderies. Inspiré par le modèle québécois, qui a fait augmenter le PIB de la province de 1,7%, ce système a pour but non seulement d’offrir une éducation de la petite enfance de qualité à moindre coût, mais permettra aussi à plus de Canadiennes d’intégrer le marché du travail.

«La vérité est que la tragédie du COVID-19 a créé une fenêtre d’opportunité, que l’on peut ouvrir pour enfin créer un système d’apprentissage préscolaire et de garderies à travers le pays», dit Freeland. Ce système sera financé à parts égales par le fédéral et les provinces, et commencera par une réduction de 50% des frais de garde d’ici la fin 2022, pour enfin atteindre 10$ par jour en 2025.

Pour le Québec, où le réseau de CPE existe depuis plusieurs années et dont le coût est de 8,50$ par jour, Ottawa entend conclure des négociations pour aider à financer une partie du système existant.

«Si vous êtes assez chanceux, assez intelligent, ou assez travaillant pour pouvoir vous permettre de dépenser 100 000$ pour une voiture, ou 250 000$ pour un bateau; félicitations! Et merci de contribuer un peu de cette bonne fortune pour aider à panser les plaies de la COVID et investir dans notre prospérité collective future», a lancé Chrystia Freeland en annonçant une nouvelle taxe sur les véhicules de luxe.

C’est une taxe à l’achat de 20% pour les voitures et les avions de plus de 100 000$, et les bateaux de plus de 250 000$. Cette mesure devrait rapporter au gouvernement canadien plus de 120 millions par année.

Beaucoup de Canadiens se sont retrouvés sans emploi l’an dernier, lorsque le pays a dû se mettre en confinement et instaurer des mesures sanitaires rendant impossible le cours normal de plusieurs industries.

Pour venir en aide à ces citoyens suite à la fin de Prestation canadienne d’urgence (PCU), Ottawa veut rendre l’assurance-emploi plus flexible, et prolonger jusqu’à septembre 2021 la subvention salariale pour les entreprises et la Prestation canadienne pour la relance économique.

Pour ceux qui ont un emploi à faible revenu, le Canada fait grimper à 15$ le salaire minimum pour les emplois de compétence fédérale, comme les fonctionnaires, les travailleurs d’aéroports ou encore les facteurs, et bonifie l’Allocation canadienne pour les travailleurs. De plus, le plan de «transition verte» du gouvernement devrait créer près d’un million de nouveaux emplois d’ici la fin de l’année.

Le plan de relance économique et de transition économique et environnementale vient avec un investissement de 101 milliards de dollars sur les trois prochaines années, ainsi que 2,3 milliards de dollars sur cinq ans pour préserver 25% du territoire canadien d’ici 2025.

Ces mesures devraient permettre au Canada de dépasser ses objectifs d’émissions de GES et de les ramener à 36% sous le niveau de 2005, d’ici 2030.

Devant la hausse fulgurante du marché immobilier partout au pays, le gouvernement compte punir les investisseurs non canadiens qui ont des propriétés inoccupées ou sous-utilisées, sans toutefois préciser comment ils définiront ces termes. Cette taxe de 1% devrait rapporter à Ottawa près de 175 millions de dollars par année.

Après plus de huit ans de discussions, le gouvernement met enfin en place une «taxe Netflix». Les compagnies étrangères de services numériques, comme Netflix et Spotify ne paient en ce moment que très peu de taxes au gouvernement, ce qui désavantage les entreprises canadiennes. Dorénavant, les compagnies avec un revenu de plus de 750 millions d’euros, soit un peu plus d’un milliard de dollars canadiens, se verront imposer une taxe de 3%. Le rapport du budget estime que cela rapportera au Canada près de 680 millions de dollars par année.

Ottawa ajoute aussi un milliard sur cinq ans pour amener l’internet haute vitesse dans les régions rurales du pays. D’ici 2030, le gouvernement espère pouvoir offrir une connexion internet de qualité à tous les habitants du pays.