Ce que je retiens du livre « La facture amoureuse » de Pierre-Yves McSween

Après avoir secoué nos habitudes de consommation et nous avoir fait angoisser en prévision de notre retraite, voilà que Pierre-Yves McSween, tel le loup dans le conte Les trois petits cochons, vient souffler sur la maison de notre couple pour voir si elle est faite de briques ou de paille. Cette fois, cependant, il n’est pas seul, mais accompagné du comptable professionnel agréé Paul-Antoine Jetté.

En publiant son troisième livre, intitulé La facture amoureuse, quelques jours avant la Saint-Valentin, il est évident que le duo de comptables souhaitait provoquer la discussion. Qui sait, peut-être que des couples en ont profité pour ouvrir leurs livres comptables en même temps que leur cœur.

Une chose est sûre, plus l’argent est tabou dans votre couple, plus ce livre risque de créer des étincelles. Je l’ai lu pour vous et voici cinq choses que j’en retire.

Dès la première rencontre, l’argent s’invite comme cinquième roue du carrosse. D’abord, ça influence notre choix de partenaire, car certain.e.s ne datent que dans leur ligue. Mais ensuite, avec la répartition de la première facture. Qui paiera le souper? Celui ou celle qui invite? Les deux moitié-moitié?

C’est donc dire que dès le début, l’inégalité peut s’installer entre des partenaires. Et si on n’en parle pas, ça peut se creuser et créer du ressentiment.

L’infidélité n’est pas que sexuelle. Lorsqu’un.e conjoint.e cache des informations financières à l’autre, les répercussions sur le couple et le mode de vie des partenaires peuvent être dramatiques. Et si une séparation ou un décès survient, c’est encore pire.

Que ce soit l’époux qui pige dans le compte conjoint, l’épouse qui parie avec l’épargne-retraite ou le partenaire qui cache d’importantes dettes, le mensonge peut pourrir l’avenir financier d’un couple, et ce, à très long terme.

Les finances d’un couple ne doivent pas être organisées selon l’idée que l’amour dure toujours. Au contraire, lors de chaque discussion financière, on doit prévoir la séparation. Au-delà du mensonge, ce qui peut le plus créer un fossé entre les deux membres d’un couple, ce sont des arrangements inégaux, pris en toute connaissance de cause, mais sans considérer les effets à long terme.

L’exemple le plus flagrant, c’est celui du ou de la conjoint.e de fait qui décide de quitter son emploi pour s’occuper des enfants sur une longue période. Sans protection, s’il y a séparation (ou même décès, à moins d’un testament clair), ce choix pourrait lui coûter gros, en plus de la perte salariale importante. Si le couple se sépare, l’ex-conjoint.e aura seulement droit à la pension pour les enfants, mais pas pour lui-même ou elle-même. Il ou elle devra donc retourner sur le marché du travail, avec un gros trou dans son CV et fort probablement une baisse de salaire.

Les auteurs abordent aussi la séparation des biens immobiliers, qui peut creuser un écart important si l’une des deux personnes a payé un loyer à l’autre pendant des années, sans jamais que son nom ne se trouve sur l’hypothèque.

Bref, au moment d’acheter une maison, d’épargner ou de prendre une pause de la vie active, mieux vaut réfléchir à l’avance, et prévoir ce qui adviendrait en cas de séparation. Le même conseil vaut pour le type d’union envisagé. Dans le cas d’un couple comme celui de l’exemple ci-haut, le mariage en société d’acquêts protègera bien plus Madame ou Monsieur que le fait d’être simplement conjoint.e de fait.

À qui va l’argent des CELI et des REER quand rien ne va plus? Eh bien, ça dépend.

Ça dépend, dans un premier temps, de votre statut aux yeux de la loi – conjoints de faits ou personnes mariées?

Pour les conjoints de fait qui n’ont pas de contrat de vie commune, chacun repart avec son argent. Sauf si vous avez cotisé au CELI ou au REER de votre conjoint.e. Désolé, maintenant cet argent lui appartient.

Et si vous êtes mariés, ça dépend de votre type de mariage (oui, il existe plusieurs types de mariages). En société d’acquêts, ce qui est le plus commun, toute la richesse accumulée depuis le mariage est divisée entre les époux, incluant CELI et REER.

Si, par contre, vous avez opté pour un contrat de mariage avec séparation des biens, chaque personne repart avec son CELI après le divorce, alors que le REER est divisé entre les ex-époux.

Par exemple, si une femme qui a 40 000 $ en REER divorce d’un homme qui a 40 000 $ en CELI, elle devra verser une portion du REER à Monsieur, tandis que lui pourra garder la totalité de son CELI.

Fou, n’est-ce pas?

En lisant ce livre, il apparaît évident que les politiques fiscales ne tiennent pas compte des nouvelles réalités familiales. Les droits des conjoint.e.s de fait à la séparation ont souvent fait les manchettes, car ceux-ci ne possèdent pas les mêmes droits que les époux, et ce, même si le couple vit ensemble depuis des années et qu’ils ont plusieurs enfants ensemble.

Les politiques ne tiennent pas non plus compte des nouvelles structures familiales, telles que les familles recomposées, dans leur calcul de la pension alimentaire. En effet, le salaire du nouveau conjoint n’est pas considéré dans ce calcul.

Le cas de la pension alimentaire est d’ailleurs assez intéressant. Ce fut le chapitre qui m’a, dans mon cas, causé le plus de sueurs froides. Car, même si les ex s’entendent à l’amiable, il demeure toujours possible, des années plus tard, de réclamer l’entièreté de la pension.

À comprendre les finances, on se protège. Ce n’est pas un conte de fées, mais au moins, on a les moyens de prévoir une fin plus heureuse. Et vous savez ce qu’on dit: c’est toujours plus facile de préparer sa séparation quand on s’aime encore. Et tant mieux si ça n’arrive jamais!

*Cet article a été modifié le 22 février 2022 pour ajouter des précisions au point #4.