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Ça vaut-tu vraiment la peine, un collant « Bébé à bord »?

On a demandé à la SAAQ.

Par
Philippe Côté-Giguère
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Vous avez certainement déjà vu le fameux autocollant « Bébé à bord » ou l’une de ses nombreuses alternatives à l’humour particulièrement douteux — shout out à « Belle-mère dans le coffre » — apposé sur la vitre arrière d’un VUS. Et si vous êtes comme moi, vous avez probablement jugé le parent qui avait pris la décision consciente de se procurer cet insigne avec son argent durement gagné et de le placer sur son véhicule pour une raison obscure.

Cette semaine, j’ai justement décidé de « faire mes recherches » pour en savoir plus sur cette fameuse mention qui orne les vitres de milliers de voitures. D’où ça vient? Quelle est sa véritable utilité? Quel complot se cache derrière tout ça?

Voici les réponses que j’ai trouvées.

La petite histoire d’un insigne populaire

En 1984, Michael Lerner, un courtier immobilier américain qui avait son neveu de 18 mois comme passager dans sa voiture, a été victime de rage au volant en raison de sa conduite particulièrement prudente. Cette expérience lui a fait comprendre ce que vivent au quotidien des parents lorsqu’ils se déplacent avec leur progéniture. Lerner a donc cherché une manière de signaler aux autres automobilistes la présence d’un bambin dans une voiture et ainsi les encourager à adapter leur comportement.

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Au cours de ses démarches, il fait la rencontre de deux sœurs, Helen et Patricia Bradley, qui tentaient justement de populariser l’insigne en Amérique du Nord. Flairant la bonne affaire, Lerner a acheté les droits sur le fameux « Baby on board » avant de fonder l’entreprise Safety 1st, puis de lancer la production d’affichettes. 10 000 exemplaires du tout premier produit de la compagnie ont été vendus au cours du premier mois suivant sa mise en marché. Neuf mois plus tard, les ventes atteignaient 500 000 unités par mois.

Le reste appartient à l’histoire, comme ils disent.

Une utilité insoupçonnée lors d’accidents… ou pas

Mes fouilles sur le web m’ont appris qu’on a souvent dit que l’insigne avait pour but premier d’indiquer la présence d’un enfant à bord d’une voiture aux secouristes à leur arrivée sur les lieux d’un accident. L’autocollant permettrait donc aux premiers répondants de rapidement repérer les petits lors d’une situation d’urgence.

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Cette croyance a cependant été réfutée par des spécialistes en intervention routière, dont Nikki Jurcutz, une ex-ambulancière et cofondatrice du programme de premiers secours Tiney Hearts Education. Cette dernière explique que les intervenants et intervenantes apprennent à déceler les signes qui indiquent la présence d’enfants à bord d’un véhicule, comme un siège, des toutous et autres figurines de la Pat’Patrouille.

Un insigne « Bébé à bord » n’est donc pas vraiment pris en compte dans une situation de crise et pourrait potentiellement induire les premiers répondants en erreur si un enfant n’est pas passager d’une voiture accidentée.

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La première et vraie fonction

En me questionnant sur l’utilité de ce fameux écriteau, j’ai écrit à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Geneviève Perron, porte-parole et relationniste pour l’organisation gouvernementale, m’a fourni la réponse suivante par courriel :

« Après vérifications, nous n’avons pas de données qui pourraient indiquer que ces affichettes améliorent la sécurité routière ni contribuent à modifier les comportements des usagers de la route. Il est toutefois important de mentionner que, si quelqu’un choisit d’apposer une affichette de ce genre, il doit aussi s’assurer de ne pas nuire à sa visibilité. »

C’est donc d’abord et avant tout pour inciter les automobilistes à faire preuve d’un peu plus de patience et de bienveillance que l’insigne doit être utilisé. Et, comme le mentionne Geneviève Perron, il faut faire attention de ne pas l’apposer à un endroit où il pourrait obstruer la vue du conducteur ou de la conductrice, ce qui aurait pour effet d’augmenter les risques d’accident.

Ce serait juste un peu ironique que vous preniez le champ parce que vous n’avez pas vu une voiture dans un angle mort créé par votre affichette « Bébé à bord » mal placée.

Juste un peu.

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Une version pour les transports en commun

En terminant, un petit message destiné aux futures mamans qui se déplacent souvent en autobus, en métro ou en train sur le territoire desservi par le Réseau de transport de Longueuil (RTL) — oui, je sais que c’est assez niché comme public cible! — : depuis l’automne 2023, l’organisation offre gratuitement des épinglettes « Bébé à bord ! » à placer à vue sur un morceau de vêtement. Elles visent à signaler aux autres usagers et usagères que vous êtes en pleine grossesse et qu’il serait donc courtois qu’iels vous laissent leur siège. Disons que ça évite beaucoup de potentielles situations malaisantes, comme offrir sa place à une femme qui n’est en fait pas enceinte.

Alors, voilà! Si vous vous demandez si ça vous prend un insigne « Bébé à bord » à votre départ de l’hôpital avec votre petit rejeton, la réponse est non. Mais si vous décidez d’en mettre un, de grâce, ne l’affichez pas en même temps qu’une paire de gosses en caoutchouc qui pend en dessous de votre pare-chocs arrière.

Parce que ça, c’est juste non.

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