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Ça mange quoi en hiver, un chercheur ou une chercheuse?
URBANIA et l’Institut national de la recherche scientifique (l’INRS, pour les intimes) s’unissent pour déboulonner les mythes qui entourent le milieu de la recherche, ce secret bien gardé du monde des études supérieures.
Tout le monde sait à peu près ce que sont le cégep et l’université, mais dès qu’on s’aventure au sein des cycles supérieurs, les choses commencent à se complexifier… Ça mange quoi en hiver, une personne qui se consacre à la recherche scientifique? C’est la question à partir de laquelle on a mené notre propre recherche. Première étape : échanger avec deux chercheuses de l’INRS, un établissement universitaire qui se consacre à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs.
Tous les chemins peuvent mener au doctorat
« Je me souviendrai toujours du jour où une professeure m’a dit que mes notes n’étaient pas assez bonnes pour que je puisse faire un stage », raconte Aïcha Sow, aujourd’hui candidate au doctorat en virologie moléculaire, une discipline scientifique qui s’intéresse aux virus et aux agents infectieux. Mais son chemin était loin d’être tracé d’avance.
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Pendant son baccalauréat en sciences biomédicales, Aïcha n’avait aucune idée de ce qu’elle souhaitait faire de sa vie. Elle a dû essuyer pas mal de jugements portés à son égard quand on lui demandait « tu veux faire quoi plus tard? » et qu’elle n’avait pas de réponse. Cela la démotivait, si bien que ses notes franchissaient de justesse le seuil de passage… jusqu’à ce qu’elle décide de se mettre au défi de se rendre à la maîtrise. Ce qu’elle a réussi. C’est finalement lors d’un stage en laboratoire, pendant sa maîtrise en biochimie, qu’elle est tombée en amour avec la recherche.
« La recherche me permet de mettre en pratique tout ce qu’on considérait comme des défauts chez moi quand j’étais enfant, soit mon immense curiosité et mon amour pour les détails », explique-t-elle.
De la Colombie au Canada en passant par le Brésil
Diana Peña Ruiz est née en Colombie et a étudié au Brésil. Elle s’amuse à dire que « la recherche fait partie de son ADN » parce qu’elle a vu son père travailler fort en tant que chercheur, et a presque toujours su qu’elle obtiendrait un jour son doctorat. Littérature, anthropologie et démographie sont les trois domaines d’études qui ont fait partie de son quotidien avant qu’elle décide de se lancer dans un doctorat en études des populations à l’INRS.
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« C’est une prof du Brésil qui nous a parlé de l’INRS. Quand j’ai voulu être admise quelque part pour faire un doctorat, des années plus tard, je regardais mes options aux Pays-Bas, en Amérique latine, en Australie, au Canada et un peu partout. Je me suis alors souvenu de l’INRS; j’ai écrit à l’Institut et j’ai pu me faire accompagner par plusieurs personnes, dont celle qui est aujourd’hui ma directrice de recherche. »
Dans le cadre de son projet de recherche, Diana s’intéresse aux accumulations patrimoniales et aux inégalités de genre en matière d’intégration financière parmi la communauté colombienne à Montréal. (Note à nous-mêmes : il y a presque autant de concentrations de recherches qu’il y a de sciences.)
Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas
Avec l’aide d’une orthopédagogue, Diana a réussi à organiser son emploi du temps de manière à maintenir un certain équilibre entre sa vie de chercheuse et sa vie personnelle. « J’ai compris que j’étais plus concentrée et inspirée le matin. Je me réserve donc des choses qui nécessitent moins de concentration l’après-midi », explique-t-elle.
En plus de consacrer du temps à sa propre recherche, Diana travaille à la réalisation d’une autre recherche avec sa directrice et assiste la coordination de Familles en mouvance, un partenariat de recherche dont fait partie l’INRS. Les quatre bourses qu’elle a obtenues, auxquelles s’ajoute le salaire qu’elle obtient grâce à ses deux contrats de recherche, lui permettent de financer ses études et de payer son appartement. (Autre note à nous-mêmes : oui, c’est possible de vivre de bourses et de contrats en milieu universitaire.)
Aïcha, de son côté, organise ses journées autour des expériences qu’elle souhaite réaliser. « En cinq ans, je n’ai jamais eu deux journées pareilles. Même si je prévois ma semaine le lundi, je ne suis jamais à l’abri de surprises qui m’obligent à revoir mon horaire », explique-t-elle. Ces surprises ne l’empêchent quand même pas de sortir de temps en temps et d’avoir des week-ends trépidants.
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Geek de jour, fashionista de soir et boulangère à temps partiel
Quand on pense aux chercheurs et aux chercheuses, on s’imagine (à tort!) des personnes qui ont constamment les yeux rivés sur leurs expériences et leurs bouquins. Certes, il faut être passioné.e de recherche, mais pas que. « Je suis fière d’être une geek. Mon emoji préféré est d’ailleurs celui avec les lunettes (🤓) parce que je trouve qu’il me ressemble », déclare Diana avec un brin d’humour.
Aïcha, de son côté, ne se considère pas comme une nerd ni une geek.
Même si elle se qualifie elle-même de geek, Diana a plusieurs passions, qu’elle entretient le soir et la fin de semaine. Littérature, boulangerie et pâtisserie sont trois d’entre elles. Elle a même ouvert sa propre boulangerie en Colombie après sa maîtrise, juste avant l’INRS, histoire de se donner le temps de vivre autre chose. (Notons que son petit côté autodidacte lui a quand même grandement servi puisqu’elle a appris à faire son pain et ses pâtisseries toute seule en lisant sur le sujet!)
Aïcha, de son côté, ne se considère pas comme une nerd ni une geek. Il faut savoir que, si elle préfère porter jeans et sneakers au labo pour son confort, elle ne sort jamais de chez elle sans ses talons hauts et elle tripe sur les voyages! (Énième note à nous-mêmes : la recherche et le style sont compatibles.)
Démocratiser la recherche un geste à la fois
« J’aurais aimé qu’on me parle de recherche quand j’étais plus jeune, ça m’aurait permis d’apprécier mon bac et de me sentir moins perdue », conclut Aïcha, qui aspire à faire de la recherche sa carrière. Aïcha est actuellement l’une des rares chercheuses sénégalaises. Un rapport de l’UNESCO révélait en effet qu’en 2018, seulement 2,5 % des personnes se consacrant à la recherche scientifique dans le monde étaient africaines et que seulement 29,3 % des chercheur.euse.s sénégalais.es étaient des femmes.
C’est cette statistique qui l’a poussée à créer sa propre fondation, Jigeen in STEM (pour la petite histoire, jigeen veut dire « femmes » en wolof, sa langue d’origine, et STEM, ou STIM en français, est un acronyme courant pour science, technologie, ingénierie et mathématiques). Grâce à sa fondation, Aïcha offre des bourses aux jeunes sénégalaises qui souhaitent se lancer dans ces domaines et fait connaître des parcours de chercheuses.
En résumé, ça mange quoi en hiver, un chercheur ou une chercheuse? Pas mal de choses et c’est tant mieux, parce que la recherche a besoin d’une diversité de personnes aux parcours pluriels pour faire avancer notre société.
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