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Ça brasse fort à l’ÉTS
Sur l’ancien site d’une célèbre brasserie, des étudiants en génie conçoivent la bière de demain.

URBANIA et l’École de technologie supérieure sont fiers de s’associer pour élargir votre champ de possibilités!
Il y a quelques années à peine, les bières de microbrasseries québécoises étaient encore une curiosité pour plusieurs. Récemment, pourtant, elles ont connu un essor indiscutable. Sur la scène internationale, le Québec est maintenant régulièrement nommé aux côtés de la Belgique et des États-Unis lorsqu’il est question de bières artisanales de haute qualité.
À mesure que ce marché se développe au Québec, les universités, qui forment la main-d’œuvre de demain, surveillent attentivement l’industrie. Après tout, brasser de la bière, c’est une science!
Depuis 2013, l’École de technologie supérieure (ÉTS) a son propre club brassicole étudiant, GéniAle. L’objectif de ce club est de mettre au point de nouvelles technologies pour l’industrie brassicole afin d’automatiser et d’optimiser les procédés de brassage. Peu importe leur champ d’études en génie, les membres du club acquièrent de réelles compétences dans le monde de la bière. Ils brassent leurs propres cuvées, les embouteillent et en font la promotion au pub étudiant de l’école. Ce qui n’est pas anodin quand on sait qu’une partie du campus de l’ÉTS fut autrefois la célèbre brasserie Dow!
Aujourd’hui, ses cours en gestion de projet l’aident à diriger l’équipe d’environ 45 membres, qui produisent de 5 à 10 cuvées par semestre.
Roxanne Parent Thibeault, capitaine de GéniAle, est diplômée de l’ÉTS en génie de la construction et fait actuellement une maîtrise en gestion des infrastructures urbaines. « Au début, c’est son côté événementiel qui m’a donné envie de me joindre au club », explique Roxanne. « De fil en aiguille, j’ai progressé, et un jour, on s’est retrouvés sans capitaine, alors j’ai décidé de prendre le poste! »
Aujourd’hui, ses cours en gestion de projet l’aident à diriger l’équipe d’environ 45 membres, qui produisent de 5 à 10 cuvées par semestre. L’équipe organise aussi à l’ÉTS un concours interuniversitaire, Saveurs de Génie, où les différents clubs brassicoles des universités québécoises présentent leurs bières ainsi que leurs avancées technologiques en matière de production. L’objectif : décrocher le titre de la Meilleure bière universitaire du Québec!
Inscrits à des programmes de formation différents, les membres du club travaillent en groupes pour tester diverses technologies et brasser différentes bières. « On a un groupe de production, dont les membres sont tous des brasseurs amateurs. Ils mettent au point des recettes et font des tests. En général, ils se concentrent sur un style de bière à la fois, par exemple la stout. Tous font des tests, puis en discutent et les évaluent avec l’ensemble de l’équipe. On retravaille les bières et on décide lesquelles participeront à la compétition Saveurs de Génie », explique Roxanne.
Le fait d’obtenir coup après coup un produit au goût délicieux relève autant de la science alimentaire que du génie mécanique.
Après tout, ça a du sens. L’ingénierie est au cœur même d’une opération de brassage. De la mécanique des fluides à la conception des machines, les ingénieurs sont très sollicités dans le monde brassicole. De plus, l’optimisation est le mot d’ordre dans cette industrie. Le fait d’obtenir coup après coup un produit au goût délicieux relève autant de la science alimentaire que du génie mécanique.
rendre l’industrie de la bière plus verte
Les nouveaux membres du groupe choisissent la sphère dans laquelle ils veulent travailler en fonction de leur champ d’intérêt, que ce soit la production, la technologie, les communications ou même le développement durable. Le groupe espère d’ailleurs atteindre bientôt la carboneutralité de ses exploitations.
Car rendre l’industrie de la bière la plus verte possible est le prochain grand défi de tous les brasseurs, et les membres de GéniAle s’activent régulièrement à repenser les systèmes de production pour les rendre les moins énergivores possible, tout en réduisant les déchets et les émissions de CO2.
le secteur brassicole gagnerait à investir dans le recyclage de ses pertes, de ses déchets, mais également de sa biomasse.
En ce sens, Asefeh Hassani Goodarzi, doctorante en génie des systèmes, estime que le secteur brassicole gagnerait à investir dans le recyclage de ses pertes, de ses déchets, mais également de sa biomasse. On pense ici au CO2 qui se forme de manière naturelle durant le procédé de fermentation et de maturation et qui pourrait être utilisé à d’autres étapes du brassage.
Asefeh se penche sur les meilleures pratiques innovantes dans le domaine brassicole. Comme elle le rappelle, ça prend environ 10 litres d’eau pour produire un litre de bière. En plus de l’eau utilisée pour le brassage lui-même, il en faut une quantité non négligeable pour la régulation de la température durant le processus ainsi que pour le nettoyage de l’équipement. Et, malheureusement, une grande partie de cette eau est rejetée dans les égouts!
Patrick Truong, diplômé de l’ÉTS en génie mécanique, s’est joint au club en 2018 et est devenu le chef mécanique de l’équipe technologique. Fan de bières de microbrasseries, il s’est simplement présenté au local de GéniAle en demandant si on avait besoin d’une autre paire de bras (ou d’un cerveau supplémentaire!). Depuis, il a participé à l’élaboration de plusieurs cuvées du club et a travaillé à divers projets, dont celui du système opérationnel d’analyse de fermentation, ou SOAF. Conçu par l’équipe du club, le SOAF analyse et compile en temps réel les données de température, de pH, de densité ou encore de taux d’oxygène dissous dans la bière durant son processus de fermentation. Le genre de technologie qui pourrait changer la game dans le monde des microbrasseries!
Asefeh propose quelques pistes, par exemple choisir des matières premières de meilleure qualité et recycler les drêches et autres sous-produits pour les vendre comme nourriture animale ou comme engrais.
Cette optimisation s’inscrit aussi dans la volonté de l’ÉTS et de ses étudiants de réduire le gaspillage d’eau, mais également la quantité de matières premières jetées. Pour y arriver, Asefeh propose quelques pistes, par exemple choisir des matières premières de meilleure qualité et recycler les drêches et autres sous-produits pour les vendre comme nourriture animale ou comme engrais.
Un expérience qui ouvre des portes
C’est d’ailleurs en partie ce souci de durabilité qui a permis à Patrick d’obtenir un poste d’ingénieur d’usine junior chez Boréale, un vétéran de la scène des micros québécoises. Patrick est entré là l’été dernier un peu comme il l’a fait chez GéniAle. « J’ai commencé comme brasseur. Je faisais les quarts de jour, de nuit, de soir. C’était assez exigeant, physiquement », se remémore-t-il. « Il n’y avait pas de postes à pourvoir au département d’ingénierie, mais après trois mois comme brasseur, j’ai eu une entrevue avec l’équipe d’ingénieurs. »
Son expérience au sein de GéniAle et son parcours universitaire à l’ÉTS ont amené Patrick à prendre conscience de son amour pour le milieu brassicole et des occasions qu’il offre en matière de développement de nouvelles technologies. « Je pense que notre génération veut vraiment goûter à plein de styles de bières différents, aux goûts et aux ingrédients variés », dit-il.
«grâce à différents procédés, aller chercher des goûts dans le grain, le houblon ou les agents qu’on peut ajouter, comme du thé ou des fruits.»
Au quotidien, Patrick veille au bon fonctionnement des machines et de l’équipement de la brasserie, tout en repensant leur design en vue de l’optimiser. Il conçoit également de nouvelles machines et de nouvelles pièces, qu’il imprime en 3D. Ce travail est pour lui une continuité naturelle à sa formation et à son implication dans GéniAle. « Ce qui me passionne vraiment dans ce milieu-là, c’est qu’on peut, grâce à différents procédés, aller chercher des goûts dans le grain, le houblon ou les agents qu’on peut ajouter, comme du thé ou des fruits. »
Chaque jour, Asefeh, Roxanne et Patrick travaillent à faire croître et rayonner le marché brassicole du Québec en joignant l’utile à l’agréable. Il faut dire que peu de jobs permettent de concevoir des machines, de les imprimer en 3D, et de pouvoir plus tard goûter le fruit de ses efforts!
« Tous les deux mois, je brasse chez moi. Je me suis vraiment découvert une passion, et les brasseurs chez Boréale me laissent utiliser certains des houblons de l’entreprise pour mes essais personnels. Le défi, c’est de se réinventer jusqu’à ce qu’on ait poussé les procédés de brassage à leur plein potentiel! », conclut Patrick.
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Il est encore temps de faire partie de la prochaine cuvée d’étudiants. Découvrez toutes les portes inattendues que peut vous ouvrir l’ÉTS!