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Budgéter à partir d’argent liquide : une façon miracle d’économiser?

Le « cash stuffing », soit la bonne vieille méthode de l’enveloppe, fait fureur sur TikTok.

Par
Vincent Descôteaux
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Je fais partie de la génération dont les parents gardaient un immense pot de monnaie rempli de 2 $ dans leur chambre à coucher.

Premièrement, désolé papa et maman, mais j’avoue avoir déjà pigé dedans pour m’acheter des cartes Pokémon et deuxièmement, cette image du pot de change qui se remplit toute l’année et qui nous paye un voyage après 12 mois m’influence encore à ce jour.

Le cash stuffing ou « méthode des enveloppes » est une approche « visuelle » à la gestion d’un budget : à chaque paye, on classe l’argent liquide en catégorie de dépenses, (resto, gaz, loisirs) et quand l’enveloppe est vide… eh bien c’est terminé jusqu’à la prochaine paye.

L’idée est simple : quand il n’y a plus d’argent, on ne le dépense plus.

La méthode a récemment vu une montée de popularité sur TikTok. Je suggère les profils de Baddies and Budgets et cdnGirlcashstuffer pour vous faire une idée.

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Personnellement, j’ai récemment commencé à gérer certaines de mes dépenses à partir d’argent liquide, et je n’ai pratiquement aucun regret – je me sens gagnant sur toute la ligne. C’est (pour moi, du moins) très rentable d’être mon propre compte en banque, en plus d’être très satisfaisant. Après tout, les recherches l’indiquent : l’utilisation d’argent liquide fait augmenter la « douleur de paiement », les personnes qui paient comptant ont tendance à dépenser moins et elles se sentent plus connectées aux choses qu’elles achètent.

L’argent comptant : une paix d’esprit?

Je reviens à mes parents qui avaient cet immense pot rempli de 2 $ qui représentait pour eux la manifestation concrète de vacances bien méritées. Que ce soit au travail, dans les relations ou dans n’importe quel autre aspect de la vie, on est jamais à l’abri d’un imprévu financier.

Ceci dit, peu importe ce qui se passe, le gros bol rempli de monnaie ne bouge pas et continue de promettre que de partir en voyage ne changera rien au solde du compte chèques.

J’aime TOUT de cette idéologie.

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Chez moi (ne cherchez pas mon adresse), j’ai trois pots d’argent : le pot pour les vacances, celui pour acheter du matériel dont j’ai besoin pour travailler et la réserve pour les malchances que je n’ai encore jamais vécues.

Je pratique cette façon de vivre depuis 5 ans et mon niveau de stress face à une situation de crise doit avoir diminué de 90 %. Quand mon appareil photo a rendu l’âme alors que plein de contrats arrivaient suite à une période creuse, j’ai complètement sauté l’étape de dire : « OH, MON DIEU, POURQUOI ÇA ARRIVE MAINTENANT ??? »

Je n’avais pas à le faire, le pot était plein depuis plusieurs mois. La banque n’a même pas su que j’avais eu un bris matériel. C’était réglé à l’avance et j’ai donc pu ne rien annuler et simplement prendre un petit 20 % de ces cachets pour recommencer à payer à l’avance le prochain bris matériel.

Les risques des enveloppes

Ceci dit, j’entends aussi les commentaires à mon égard sur le fait que de parfois littéralement dormir sur mon argent me fait perdre énormément de potentiel profit. C’est vrai sur toute la ligne.

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J’insiste sur le fait que je m’ACHÈTE une tranquillité d’esprit avec tout l’argent que je ne fais pas en faisant fructifier mes économies. Ça va de soi : cotiser à un REER serait beaucoup plus rentable. Je pense même que de m’essayer en bourse me permettrait d’atteindre mes objectifs financiers beaucoup plus rapidement.

Le cash stuffing n’est pas LA méthode. C’est UNE méthode. Sans doute la méthode la plus vanille du répertoire.

C’est simplement que je ne suis pas aventureux avec mon argent et c’est quelque chose qui aura deux conséquences très claires. Premièrement, je ne serai jamais millionnaire parce que je pense qu’il faut prendre des risques pour devenir outrageusement riche.

Deuxièmement, je ne regarde pas plusieurs fois par jour et en mode panique l’application bourse pour savoir ce qui se passe avec la section épicerie de mon portefeuille.

Je le sais ce qui se passe avec mon argent. Il ne se passe pratiquement jamais rien. C’est plate, mais c’est rassurant.

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Bref, la vie c’est stressant. C’est sûrement ce qui explique la popularité montante du cash stuffing qui est drôlement efficace pour contrôler des impulsions financières et qui achète littéralement de la tranquillité d’esprit.

Perdre le fil de ses dépenses digitales

Les banques multiplient chaque année la simplicité d’utilisation des divers moyens de paiement offerts de nos jours. Oui, c’est pratique d’avoir toutes ses cartes dans son téléphone qu’on a toujours avec nous, mais ça rend aussi très banale la notion de dépense.

C’est dans cette facilité qu’on peut facilement perdre de vue la gravité de nos dépenses et éventuellement perdre le contrôle de notre budget.

Il n’est pas toujours pratique d’avoir une liasse de billets de 20 $ qui représente le budget épicerie du mois, mais il s’agit d’un objet physique et donc beaucoup plus facile à mesurer. Vous sentez littéralement le poids de votre budget qui diminue à chaque dépense. Mine de rien, quand il ne reste que 76 $ à 9 jours de la fin du mois, on y pense à deux fois avant d’aller au resto.

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Avec une carte de crédit (qui n’affiche souvent pas instantanément le solde restant), on ne voit pas les choses de la même façon. C’est même un peu l’objectif des compagnies de crédit de vous faire perdre le fil une, deux ou trois fois avant que vous ne vous rendiez compte que vous n’aviez pas les moyens pour tout ça.

Pour ne pas acheter à crédit

J’ai été vendeur assez longtemps pour savoir qu’il n’y a pas grand-chose de gratuit dans la vie. En fait, si c’est affiché comme étant gratuit, c’est souvent la chose la plus chère pour vous, mais rentable pour le magasin.

Au même titre que de choisir un téléphone gratuit avec un contrat de trois ans va souvent vous coûter le double de la valeur du téléphone, une banque est un magasin qui offre de l’immédiat contre un engagement à long terme qui vient avec un taux d’intérêt.

Il y a les tout petits taux d’intérêt qui sont ceux à votre avantage comme ceux des comptes épargnes. Leur moyenne annuelle se situe autour de 2 %. Et il y a les taux d’intérêt que vous payez comme ceux des cartes de crédit (en moyenne à 21 %).

L’idée qui est au cœur du concept de l’achat à crédit : que vous payiez de l’intérêt.

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Je tiens à préciser que si vous êtes complètement à jour sur vos paiements et que vous ne faites que récolter les intérêts de vos économies, bravo, mais vous faites partie d’une minorité. Les statistiques démontrent que la plupart des gens en payent plus qu’ils en accumulent.

C’est donc une tranquillité d’esprit que vous avez en ayant une petite caisse directement à la maison. Il s’agit d’un fond de sécurité visible dont on ne peut nier l’existence et qui ne bouge jamais. Encore une fois, loin de moi l’idée de faire de la projection, mais je trouve cela très rassurant.