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Bientôt un monde sans argent comptant? Pas si vite
Quelle est la dernière chose que vous avez achetée avec de l’argent comptant? Un latté au café du coin? Un billet de métro? Une pinte de rousse? C’est de plus en plus rare qu’on dépense de gros montants en argent comptant. Même nos transactions de tous les jours se font bien souvent avec du plastique, ou même avec nos téléphones.
Chose certaine, on se dirige lentement mais sûrement vers un monde sans argent comptant. L’idée d’une société complètement cashless a certainement ses avantages, mais elle soulève aussi beaucoup de questions et d’inquiétudes à travers le monde en ce moment.
Pas pour tout le monde
Les premiers à être exclus d’une société cashless seraient bien entendu les personnes en situation d’itinérance, les sans-papiers, les personnes à faible revenu et les aînés. C’est-à-dire certaines des personnes les plus vulnérables autour de nous.
Les petits commerces seraient eux aussi défavorisés, puisqu’ils seraient encore plus à la merci des banques et des compagnies de cartes de crédit, qui leur facturent des frais de transactions exorbitants.
Les premiers à être exclus d’une société cashless seraient bien entendu les personnes en situation d’itinérance, les sans-papiers, les personnes à faible revenu et les aînés.
D’un autre côté, les adeptes du mode de vie cashless vantent son aspect sécuritaire: pas d’échange d’argent direct, moins de risque de cambriolage des commerces, etc. Le côté pratique et rapide du paiement électronique permet aussi de réduire le temps d’attente et de libérer du temps pour que les employés puissent accomplir d’autres tâches, comme le mentionne cet article du New York Times.
Mettre la pédale douce sur la disparition des billets verts
À Londres, un café a fait les manchettes à travers la planète après avoir pris la décision de refuser les paiements en argent comptant. Seulement 20% de sa clientèle avait l’habitude de payer en argent. Les employés du café ont reçu une hausse de salaire de 10% pour compenser la perte de leurs pourboires cash. Certains ont crié au génie, d’autres à la discrimination.
Les commerçants qui refusent carrément le comptant sont encore peu nombreux, mais un rapport indépendant vient de faire la lumière sur la situation au Royaume-Uni. Le Access To Cash Review a été commandé «en réponse au déclin rapide de l’utilisation de l’argent comptant et aux inquiétudes grandissantes concernant les gens qui sont possiblement laissés derrière [par ce mouvement] parce qu’ils ne peuvent utiliser ou avoir accès à l’argent comptant dans notre société de plus en plus numérique».
Ce qui en ressort? Que le Royaume-Uni doit prendre des mesures urgentes pour ralentir le mouvement cashless. On propose notamment que l’État s’assure que les citoyens aient toujours accès à de l’argent comptant (avec des guichets automatiques fonctionnels, notamment) et que ceux qui fournissent des services essentiels soient obligés d’accepter les paiements comptants.
En Chine, les gens qui jouent de la musique dans le métro ont souvent des codes QR pour pouvoir accepter de l’argent électroniquement.
La ville de Philadelphie fait aussi partie de ceux et celles qui considèrent que ne pas accepter l’argent comptant est une forme de discrimination envers les personnes à faible revenu. Avec une nouvelle loi qui entrera en vigueur le 1er juillet prochain, la ville devient la première en Amérique à interdire les commerces cashless. Des initiatives similaires ont été lancées au New Jersey et dans la ville de New York, entre autres.
Ailleurs dans le monde, on voit plutôt le contraire, avec des villes et des pays qui poussent plutôt leurs citoyens vers des paiements électroniques. En Chine, par exemple, les gens qui jouent de la musique dans le métro ont souvent des codes QR pour pouvoir accepter de l’argent électroniquement. La banque centrale de la Corée du Sud a même annoncé son intention d’utiliser les cryptomonnaies et la technologie des chaînes de blocs pour rendre la société cashless d’ici un an.
Bien entendu, les grandes championnes du mouvement restent les banques et les compagnies de cartes de crédit. C’est elles qui profitent le plus de toutes ces transactions… et des frais qui leur sont reliés. Est-ce qu’en tant que société on est prêt à laisser les plus vulnérables derrière et à enrichir les plus riches pour payer plus rapidement lorsqu’on est en ligne au Starbucks? Seul le temps le dira, mais pour l’instant, être complètement cashless, ça reste un truc réservé aux plus privilégiés.