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Bedaine et fausses peurs

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Quand j’ai annoncé ma grossesse à mon entourage, on m’a félicitée et depuis, une pluie de mises en garde ne cesse de déferler.

On a voulu me préparer aux nausées, aux vergetures, à la haute pression, aux maux de dos, aux poils, à la prise de poids alarmante… On m’a averti que des inconnus toucheront à ma bedaine sans ma permission, que le sommeil se ferait léger et que les envies de manger des trucs bizarres surgiront aux moments où je m’y attends le moins.

Il existe autant de types de grossesses qu’il y a de femmes sur la Terre j’en conviens, mais j’en suis déjà à mon troisième trimestre et peu de tout cela est arrivé.

Les nausées se sont pointées et sont reparties. Les vergetures se sont pointées et sont restées. That’s it. On a par contre oublié de me dire que l’odeur de ma vulve changerait. J’en déduis que c’est parce que c’est gênant à dire alors je te le dis : ça se peut que tu trouves que ton entrejambe pue, mais bon c’est la vie. Littéralement c’est la vie.

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Rien de si déstabilisant. On m’avait peint un portrait de la grossesse comme un mal à endurer, j’avais alimenté des craintes et pourtant j’ai eu des nuits bien pires à jurer de ne plus jamais boire de téquila.

Mon bedon n’est pas rond comme sur les belles photos que je vois depuis tant d’années, et avec ses vergetures, il semble avoir été surmené par Mohamed Ali. Il est sectionné en deux à la hauteur du nombril. J’avais une bedaine avant de tomber enceinte donc là ça me fait deux bedaines : Une en haut du nombril l’autre en bas.

J’imagine que plus le temps avance, plus elles fusionneront comme deux gouttes d’eau qui se rencontrent. À tous les jours, je flatte mon ventre avec douceur, je le garde hydraté et je l’aime. Impossible de le détester, c’est l’armure de mon bébé, c’est le bouclier du Captain America.

Y’a ben beau être amoché, il fait la job en ta.

D’ailleurs plusieurs personnes ont sonné l’alarme : “DANGER! DANGER! GROSSESSE DE GROSSE EN VUE!” :
“Tu devrais perdre du poids avant de tomber enceinte, c’est dangereux.”
“Prends pas trop de poids pendant, ça va être super difficile à perdre!”
“Attention au diabète de grossesse!”

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Ma médecin elle, n’en fait pas un plat. Elle m’a dit : “Vu ton IMC élevé, on va passer des tests pour s’assurer que tout est beau.” Elle m’a prescrit quelques suppléments vitaminés en extra sans morale ni fausses peurs et surtout, sans panique dans ses yeux. Elle en a vu d’autres. Merci Doc. Ma pression va très bien, le diabète n’est pas au rendez-vous et bébé est top shape.

J’aurais aimé qu’on me parle des beaux côtés pour contrebalancer tous ces avertissements.

À quel point c’est doux de sentir son corps se transformer pour accueillir un petit être gros comme un sésame, qui devient kiwi, qui devient papaye, qui devient melon d’eau avant qu’on me parle de fendre jusqu’à la nuque. Qu’à cinq heures du matin, quand la maisonnée dort, mais que bébé se met à faire ses étirements, que c’est fascinant de le sentir, ne sachant pas si c’est un petit pied, une petite main ou un coup de tête à la Zidane. Que j’aurais peut-être des fous rires incontrôlables qui me feraient siller et que j’aurais aussi des émotions si humaines que j’en pleurerais, souvent pour des raisons pour lesquelles je croyais être totalement désensibilisée. Qu’avant même de lui avoir vu la binette, cet enfant-là allait me donner la force de sortir le meilleur de moi-même et d’augmenter mon sens du je-m’en-foutisme assumé pour toutes ces choses qui ne comptent pas. Que malgré l’impression envahissante que quelqu’un prend possession de mon corps, la liberté d’être qui je suis, dans toute sa splendeur, s’emparerait de moi et me donnerait une confiance que je n’avais jamais eue auparavant.

Et ça, ça vaut tous les avertissements du monde.

Love xx

***

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