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Beau-parent : comment bien s’intégrer ?

Des idées pour réussir la transition sans devoir payer le McDo aux deux semaines.

Par
Philippe Côté-Giguère
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S’il existait une époque où les couples restaient ensemble jusqu’à ce que mort s’ensuive, on peut aujourd’hui dire que celle-ci est désormais révolue. Au Québec, c’est environ 40% des couples avec enfants qui se séparent après quelques années, ce qui veut nécessairement dire que bien des personnes se retrouvent maintenant libres de s’inscrire sur Tinder, de s’abonner au gym ou de promener leur nouveau chien huit fois par jour afin de trouver une nouvelle âme sœur avec qui splitter le coût de l’abonnement à Netflix. En 2021, les familles recomposées représentaient 16% des familles dans la Belle Province. Ça fait donc beaucoup de monde qui doit apprendre à vivre dans une dynamique pas toujours évidente à apprivoiser.

Pour essayer de trouver des pistes qui pourraient venir en aide à ceux et celles qui souhaitent réussir à intégrer un cocon familial en tant que beau-parent autrement qu’en payant le McDo aux enfants de leur nouvelle douce moitié chaque semaine, j’ai parlé à deux personnes qui sont passées au travers du processus. Elles ont eu la gentillesse de me confier les apprentissages qu’elles ont tirés de leur expérience.

Francesca Gauthier avait 25 ans quand elle a rencontré son nouvel amoureux, qui était déjà père d’un bébé et qui allait devenir celui de son futur enfant, trois ans plus tard.

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Elle s’est d’ailleurs inspirée de ce qu’elle a vécu au sein de cette famille recomposée pour créer et coscénariser la série humoristique Belle-mère, récemment diffusée sur ICI Tou.tv. Julien Perreault, de son côté, était à l’aube de la trentaine quand il est tombé sous le charme de sa conjointe actuelle, avec qui il est en couple depuis d’un peu plus de 10 ans, qui était séparée et mère de deux enfants en bas âge à l’époque.

Malgré les difficultés, tous deux ont réussi à sauter dans un train déjà en marche.

Bâtir une relation solide avant tout

Ce n’est pas un secret : ajouter des enfants à une relation de couple n’améliore jamais les choses. Vous savez, vos amis sur le point de se séparer et qui ont décidé d’avoir un bébé en se disant que ça allait les rapprocher? Je serais prêt à parier qu’ils ne sont pas devenus miraculeusement heureux parce que plus fatigués.

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Même avec des enfants plus vieux, la gestion de l’horaire, des repas, des activités, des devoirs et du reste ajoute un poids non négligeable à la charge mentale du parent, mais aussi éventuellement à celle de sa nouvelle flamme. Il est donc primordial d’établir de bons liens amoureux avant d’intégrer les enfants à la relation, comme l’explique Francesca.

« J’avais besoin de m’attacher à mon chum avant de me dire que j’étais prête à faire le saut là-dedans. Je me suis dit qu’il fallait apprendre à se connaître juste nous deux et que quand on serait prêts, on pourrait faire une première activité avec mon beau-fils, Jacob. C’est ce qu’on a fait : on s’est vu juste les deux et ensuite, je me suis sentie assez solide pour rencontrer son enfant. »

Julien, de son côté, a vécu une relation amoureuse à distance durant 18 mois avant de faire le saut à pieds joints en emménageant chez sa conjointe à Genève, par obligation comme le coût de la vie suisse ne lui permettait pas d’habiter seul de son côté. C’est au fil de quelques rencontres en personne un peu partout sur la planète et de discussions que sa chérie et lui ont réussi à construire une fondation solide pour leur couple. C’est par ailleurs la force de cette union qui l’a amené à proposer à sa blonde de la rejoindre et d’habiter avec elle et ses enfants, âgés de 3 et de 5 ans à l’époque, en Europe.

«Quand tu commences à mettre un, deux, trois, quatre, cinq piliers forts dans ta relation, c’est là que tu te dis que tu as envie de t’investir, d’aller de l’avant, de faire des efforts.», avance-t-il.

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Établir les attentes dès le départ

Pour mettre les chances de leur côté, les membres d’un couple à la tête d’une famille recomposée ont aussi intérêt à communiquer de façon claire leur vision de leur vie commune, ce qui comprend les rôles que chacun d’entre eux – ainsi que ceux attendus de l’autre – comptent occuper, tout comme les tâches qui y sont liées. Cela évite bien des malentendus, par exemple dans une situation où un parent s’attendrait à ce que la personne qui partage nouvellement sa vie de famille reprenne toutes les responsabilités, y compris celles liées aux enfants, qui étaient prises en charge par son ex. Disons que c’est le genre de situation qui peut causer bien de la frustration, d’un côté comme de l’autre.

Le conjoint et père du bel-enfant de Francesca ne lui a pas mis de pression sur les épaules quand elle est entrée dans leur vie; il ne s’attendait pas à ce que sa nouvelle blonde agisse comme la maman de son fils.

« Mon chum a compris dès le début que je n’étais pas la mère de cet enfant-là », explique-t-elle.

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Quand elle a intégré leur quotidien, il lui arrivait de proposer son aide pour les tâches liées à Jacob, mais c’était de son propre chef. Elle pouvait donc prendre ses décisions en toute liberté, ce qui lui a permis de s’accoutumer à son nouveau mode de vie tout en douceur avant de s’impliquer de plus en plus, toujours selon son propre rythme.

Des attentes un peu divergentes chez Julien et sa conjointe ont créé de légers malentendus au sein de leur unité familiale sans pour autant gâcher l’harmonie habituelle qui y régnait, un constat que le duo a réalisé après avoir pris du recul sur l’expérience des premiers moments vécus à quatre dans un même appartement. « Je pense qu’elle a voulu me mettre dans une position que je n’étais peut-être pas prêt à prendre tout de suite. Elle aurait voulu que je prenne tout de suite le rôle du père ou du beau-père. […] Ça allait plus lentement que ce qu’elle souhaitait, mais ça nous convenait aux enfants et à moi. » Au final, tout le monde est sorti grandi de cette aventure.

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Se laisser le temps… quand c’est possible!

« Le temps arrange les choses » est un proverbe judicieux pour bien des situations, moins pour d’autres. L’augmentation des prix des loyers, par exemple. Toutefois, dans le cas d’une famille recomposée, se donner du temps pour permettre à tout le monde – beau-parent, enfants, parent et même ex! – d’accepter la nouvelle réalité dans laquelle chaque personne est plongée est grandement souhaitable.

La possibilité pour Francesca, son conjoint et son bel-enfant de prendre leur temps, notamment en s’offrant des escapades dans des lieux où personne ne connaissait leur situation familiale, a été d’une importance capitale.

« Je me promenais à Québec et je me disais qu’il n’y avait personne en ce moment qui se disait que je n’étais pas la mère de cet enfant-là. Là-bas, c’était comme si on était tombés dans l’anonymat. Je me faisais croire que j’étais un peu sa mère et qu’on formait une famille. Ça me faisait du bien. »

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Si vous vous rappelez de la situation de Julien, eh bien vous comprendrez que s’offrir du temps n’était pas une option pour sa conjointe et lui puisqu’il a emménagé chez elle et ses enfants, en Suisse, alors que les deux amoureux n’avaient même jamais vécu sous le même toit. Lui-même avoue que le contexte était loin d’être idéal puisqu’une transition plus en douceur aurait été à privilégier, mais que son intégration au sein du cocon familial a été un succès grâce à l’excellent travail de préparation effectué par sa conjointe avant son arrivée, autant auprès des enfants que de leur père. Il ne cache pas aussi que les deux amoureux ont été quelque peu décontenancés par la rapidité à laquelle les choses bougeaient, mais qu’ils ont su échanger avec candeur et honnêteté, même si les discussions étaient loin d’être toujours faciles. Ça leur a permis à chacun de s’ajuster en temps réel pour le bien de leur nouvelle famille.

Une expérience difficile, mais enrichissante

Quand je leur ai demandé ce qu’ils avaient retenu de leur rôle et de leur intégration comme beaux-parents, Francesca et Julien m’ont tous deux dit que l’expérience, bien que parsemée d’embûches, en valait la chandelle. Aujourd’hui, ils ont des relations solides basées sur la confiance avec leurs beaux-enfants, qu’ils considèrent comme leurs propres enfants.

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Donc, la prochaine fois que vous tomberez sur un profil intéressant sur une app de rencontres, ne vous laissez pas décourager par le fait que la personne ait une progéniture. Ça pourrait être le début de quelque chose de beau.