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Avoir (trop) de temps libre entre deux jobs, ça peut être énervant

Même que ça peut être d’la crisse de marde!

Par
Patrick Roy
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Je viens tout juste d’arrêter de travailler à temps plein sur ma start-up pour me trouver une job avec un chèque de paie. En bref, j’me trouve littéralement dans une craque de la société avec du temps à revendre.

Au début, j’me disais que j’allais enfin pouvoir vivre une vie de chat en toute quiétude : dormir en boule dans mon lit, regarder par la fenêtre sans trop de stress, contempler le monde qui m’entoure avec un regard zen sur le sens de la vie en attendant de tomber sur une job qui me convient…

Ben tout ça, en fin de compte, c’est d’la crisse de marde!

Parce que je suis rendu à gratter mes fonds de tiroirs?

C’est pas tant le stress de l’argent qui fait que c’est une expérience 1000 fois plus désagréable que je pensais. Même si j’ai pris soin d’avoir un fonds d’urgence, je n’ai quand même pas des millions de dollars de côté non plus, donc, les dieux du chèque de paie, si vous m’entendez, ben le timing serait bon pour qui se passe de quoi!

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Quand vient le temps de mettre en pratique ma vision « romantique » de ce que c’est d’être un électron libre, d’être « maître de ma destinée » et d’explorer les futures avenues parce que « tout est possible », je me mets à regarder mes chats assis sur le sofa avec moi… et je me demande où, dans mon chemin de vie, j’ai manqué ma shot?

C’est là que tu prends conscience d’un paradoxe aussi absurde qu’inévitable : quand tu travailles, tu veux plus de temps libre et quand t’as du temps libre, tu veux plus de travail…

Pour me changer les idées (parce qu’un moment donné, on connaît tous les épisodes de Friends par cœur), je m’égare dans la pollution de n’importe quel réseau social et je me dis que c’est de la frime, du fake, du n’importe quoi… mais en même temps, je me rappelle que je suis assis avec deux chats sur le sofa… J’suis qui pour avoir une opinion là-dessus?

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C’est là que tu prends conscience d’un paradoxe aussi absurde qu’inévitable : quand tu travailles, tu veux plus de temps libre et quand t’as du temps libre, tu veux plus de travail… Qu’est-ce que je veux au bout du compte?

La petite voix intérieure qui est pas fine

Tu remarques assez vite que la petite voix dans ta tête, t’sais celle qui est supposée t’aider à t’élever spirituellement pendant ton temps libre pour que tu deviennes le prochain Dalaï-lama, elle fait juste te bitcher.

– Pourquoi t’as pas embauché tel employé à ce moment-là? Ça aurait peut-être fait toute la différence…

– Bah peut-être… mais c’est pas si simple que ça.

– Ok, ok… mais as-tu pensé à la fois où tu t’es ramassé à dépenser 1000$ sur une affaire qui a pas marché au bout du compte?

– Euh… ben… oui, non… j’sais pas?

– Oui, oui… ce fameux 1000$ là… penses-y sans arrêt… ça va te faire du bien!

Après deux-trois « sessions » avec la petite voix, j’ai fini par me rendre compte qu’elle est l’amie « toxique » de ma tête. J’ai juste arrêté de l’écouter. C’est, d’ailleurs, peut-être ça la première étape pour devenir un Dalaï-lama?

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Le jugement des autres

J’appréhendais un peu le jugement des autres sur le choix de mettre ma start-up en veilleuse (parce que tsé, c’est à la mode l’entrepreneuriat). Au bout du compte, la plupart des gens s’en câlissent un peu… pas mal, même.

J’veux pas dire qu’ils sont désintéressés. Je veux plutôt dire que la plupart des gens sont gentils et me posent des questions sur comment je me sens, comment ma femme prend ça, c’est quoi mon prochain défi.

« Tu vas voir, y’a rien qui arrive pour rien! », « Tsé, la vie, c’pas une ligne droite! », « Ce qui nous tue pas nous rend plus fort! »

Ça, c’est sans compter toutes les tentatives de consolation du genre : « Tu vas voir, y’a rien qui arrive pour rien! », « Tsé, la vie, c’pas une ligne droite! », « Ce qui nous tue pas nous rend plus fort! »

Merci…?

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C’est quoi le problème, monsieur qui peut se permettre de ne pas travailler?

Donc… si j’suis pas dans la marde financièrement, que ma start-up n’est pas en faillite, qu’elle continue même à servir nos clients, et que les autres me jugent pas… pourquoi j’trouve ça si dur que ça me retrouver « entre deux jobs » ?

Pourquoi je fais pas juste en profiter et mener une vie de chat pendant deux-trois semaines?

C’est exactement là que LA fameuse question m’a bitch slappé en pleine face : « Qu’est-ce que j’ai vraiment envie de faire dans la vie? »

Les criquets n’auront jamais fait autant de bruit. Ouch! Je me suis juste retrouvé face à moi-même à me rendre compte qu’à force de spinner en rond, tout ce qui était important pour moi était maintenant plutôt nébuleux.

La carrière? Les bébés? Devenir un Instababe en mettant des photos de chest-bras tout en cuisinant des mac’n’cheese avec du bacon vegan sans gluten? J’sais pas.

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Retourner travailler au plus vite?

Quand je commence à me projeter dans une job en particulier, je suis déjà en train de me demander si je cette job-là est un cul-de-sac ou si je suis en train de passer à côté d’une plus-meilleure job. Mais pourquoi j’essaie de tout prévoir tout de suite? Pourtant, j’ai mille exemples de tournures plus-meilleures que prévues.

Ma première vraie job, je l’ai trouvée parce que je jouais au hockey avec l’un des directeurs de la compagnie (tsé, je m’appelle Patrick Roy et j’étais le gardien de but).

Le condo qu’on a trouvé (et qui est parfait), on l’a trouvé après que notre préapprobation hypothécaire a été refusée pour le quartier qu’on voulait et qu’on s’est mis à chercher ailleurs.

J’ai rencontré ma femme après avoir pris un mois de break de dating (à l’ère pré-Tinder) parce que j’étais épuisé de l’été que je venais de passer à me retrouver dans des dates plus weird-drôles les unes que les autres. Et un jour, sur un coup de tête, j’ai dit oui à une invitation de party d’Halloween… Ça va bientôt faire neuf ans qu’on est ensemble.

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Bref, une pause entre deux jobs, c’est peut-être juste un bouton reset pour se demander si on est encore sur le chemin de vie qui fait le plus de sens pour soi-même (pas celui des fils d’actualité des réseaux sociaux).

Dorénavant, je m’assois sur le sofa entre mes deux chats et je profite du temps qui passe. No shame.