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Avoir juste un enfant, c’est ben correct

Avoir juste un enfant, c’est ben correct

Et c'est de plus en plus commun.

Par
Arianne Maynard-Turcotte
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« C’est pour quand, le deuxième? », est sans doute la phrase qu’on entend le plus souvent quand on a juste un enfant. En fait, non. C’est « Maman », mais techniquement, c’est pas une phrase parce qu’il n’y a pas de prédicat. Prédicat, c’est la nouvelle façon que des fonctionnaires ont trouvé de dire « verbe ».

C’est pour quand? Aucune idée. J’en veux-tu vraiment un autre? Aucune idée. Et je suis loin d’être la seule. Selon le Maclean’s, les familles avec un seul enfant sont maintenant le type de ménage le plus répandu au Canada.

En 2022, le Canada a atteint le taux de fertilité le plus bas de son histoire avec 1,33 naissance par femme. C’est une énorme baisse par rapport à il y a 15 ans, quand c’était 1,67.

Les familles avec un seul enfant représentent désormais 45 % des ménages canadiens, comparativement à 38 % pour ceux avec deux enfants et 17 % pour ceux qui en ont trois ou plus.

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C’est un gros changement, mais pourquoi c’est une tendance si généralisée ?

On est des vieilles croûtes

Si on se fie aux experts, la tendance s’explique en grande partie par le fait qu’on commence nos familles plus tard. Selon Statistiques Canada, en 1960, les femmes avaient leur premier enfant à 22 ans, alors que maintenant, la moyenne se situe après 29 ans! Durant la dernière décennie, moins de bébés sont nés chez les femmes de moins de 25 ans que chez les femmes de plus de 35 ans. Évidemment que rendu là, on n’a pas envie d’en avoir 3.

On aime mieux élever celui qu’on a et devenir des cougars le plus rapidement possible… Ou se concentrer sur notre carrière, ça dépend de vos priorités.

La carrière, parlons-en. Si je peux gérer les journées de fièvre d’un seul enfant, je n’ai pas assez de congés en banque sur une vie complète pour pallier à l’enchaînement streptocoque-gastro-pieds-mains-bouche de deux héritiers.

Les curés ne nous poussent plus dans l’cul

Avant, on faisait 12 enfants pour travailler sur la ferme en sachant qu’une couple allaient mourir en cours de route. Ça ne faisait pas de mal d’en avoir 2-3 de rechange. Aussi, on n’avait pas vraiment le choix. Y avait pas de contraception pis le curé nous poussait dans le cul pour avoir le plus d’enfants (et de bons petits catholiques) possible.

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Aujourd’hui, les couples ont le choix. La plupart d’entre nous ne vont plus à l’église, les bébés meurent moins pis c’est assez rare, le monde qui a besoin de petites mains pour traire le plus de pis de vaches possible.

C’est donc normal qu’on ne choisisse plus d’avoir 9 enfants et tout autant de descentes de la vessie.

Ça coûte cher

350 000 $ sur 17 ans, c’est le coût moyen pour élever un enfant en 2023. Et dans ce montant, on calcule juste les dépenses normales, et pas les ajouts le fun comme les voyages. Aller en Italie avec un enfant, j’y arriverais. Avec deux? Mon budget ne peut pas se permettre autant de gelato.

Et 350 000 $, c’est le prix que coûte un enfant une fois qu’on l’a mis au monde. Si on a besoin d’aide pour concevoir, si on est solo parental ou un couple de même sexe, la facture commence à monter avant même que le bébé ne soit né…

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On angoisse

Je vais-tu avoir une place en garderie? Là, j’ai un enfant qui est en santé, mais si le 2e ne l’était pas? Et si je tombe enceinte et que ce sont des jumeaux, voire des quintuplés? J’ai pas envie d’avoir mon émission à Canal Vie! Je les aimerais, mes 5 bébés, mais c’est un maudit gros changement de vie.

Ajoutez à ça ceux qui font de l’écoanxiété… on n’est pas sorti des valiums. Harry et Meghan ont reçu un prix environnemental pour les féliciter de leur décision de se limiter à deux enfants.

Si on a juste un enfant, on peut-tu en avoir une, statue?

La crisse de paix

Un enfant, c’est moins demandant. C’est-tu de la paresse de ne pas en vouloir deux ou juste préférer le calme?

Pour l’instant, les parents sont en supériorité numérique : les soirs où le deuxième parent donne le bain, je peux lire. Ça crie pas. Quand la cousine vient jouer à la maison et c’est le fun. Y a 2-3 chicanes à gérer, mais c’est pas tous les soirs.

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La peur de le regretter

Si j’arrête après un enfant, est-ce que je risque de le regretter? C’est dur de prendre une décision aussi importante pour un futur hypothétique. Faut quand même passer à travers 9 mois sans alcool, mais extras hauts le cœur, 1 an de couches et 3 ans sans sommeil… Sans savoir si c’est vraiment ça que la nous de 2054 va penser.

Et qu’est-ce qui est pire : regretter de ne pas avoir eu un 2e enfant, ou regretter de l’avoir eu?

Je vais-tu en faire un maudit enfant roi?

Est-ce que les enfants uniques deviennent réellement des monstres d’égo? Est-ce que ce sont des enfants solitaires, centrés sur eux-mêmes, asociaux? Pas du tout. À ce jour, aucune recherche empirique en sciences sociales n’a réussi à valider ces stéréotypes ancrés dans l’imaginaire social.

« Les enfants uniques peuvent être confrontés à des défis différents, tels que des attentes parentales élevées et une plus grande attention à la maison, mais ils ne présentent pas de différences substantielles en termes de personnalité, de cognition, d’aptitude sociale ou de bien-être. » Voici la conclusion d’une étude de l’American Psychological Association.

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Non, votre enfant unique ne sera pas moins heureux et ne s’ennuiera pas tout le temps.