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« Il venait d’avoir dix-huit ans, il était beau comme un enfant… »
Qu’est-ce qui se passe concrètement (et financièrement) quand on atteint la majorité?
Et ce que Dalida ne nous dit pas, c’est que ce beau jeune homme devra maintenant gérer sa vie financière TOUT SEUL. Ou presque. Qu’est-ce qui se passe concrètement (et financièrement) quand on atteint la majorité? Brigitte Felx, planificatrice financière, a accepté de m’éclairer sur cette mystérieuse (et dans mon cas lointaine) question.
« Je dois te dire que je suis divisée entre mon point de vue personnel et professionnel, parce que j’ai justement un fils de 18 ans avec qui j’ai eu plusieurs conversations sur le sujet! », me lance-t-elle en riant au bout du fil. « En devenant majeur, un jeune est légalement aux commandes de sa vie. L’aspect financier en fait partie! »
Alors que la CAQ clame à tout vent qu’il souhaite interdire l’accès aux cartes de crédit aux mineurs, la question se pose. Est-ce que les banques pensent vraiment que la maturité embarque dès qu’on souffle nos 18 bougies? « Ce n’est pas le cas pour tout le monde, c’est clair! Les parents peuvent bien sûr s’impliquer pour que leur jeune s’adapte bien à leur nouvelle réalité. En fait, on en voit beaucoup aider financièrement leurs enfants jusqu’à 30-35 ans! »
Intéressant quand on sait que 38% des Québécois entre 18 et 24 ans auront tendance à aller piquer une jasette à papa-maman s’ils ont des questions financières, selon une étude réalisée par le Fonds de solidarité FTQ et Léger en 2017.
Et il faut dire que les implications d’avoir 18 ans sont assez considérables, merci. D’un coup, le tout nouveau majeur peut faire une demande de crédit, investir où il le veut bien et obtenir son propre compte en banque. « On s’entend qu’un mineur peut avoir un compte en banque ou accès à une carte de crédit, mais ça se passe toujours via ses parents. Après 18 ans, la game change! »
Si c’est trippant de pouvoir prendre en charge ses finances, c’est aussi assez facile de se planter bien comme il faut.
PARTY!? Oui et non. Si c’est trippant de pouvoir prendre en charge ses finances, c’est aussi assez facile de se planter bien comme il faut. Parce que non, avoir seulement 18 ans et la vie devant soi n’excuse pas nécessairement les erreurs, selon les institutions financières. Les dettes d’avant aussi restent, bien réelles. « C’est comme être au volant d’une voiture. Dès que tu as ton permis, tu dois faire attention de ne pas te retrouver avec une contravention. Ça ne pardonne pas! »
Pas de panique. Faire un faux pas n’entraîne heureusement pas une condamnation à vie. « La cote de crédit n’a plus d’influence sur le présent après environ 5 à 6 ans. C’est certain qu’une institution financière peut retracer l’historique de n’importe qui, mais elle essaie d’abord de voir ce qui s’est réellement produit pour ne pas pénaliser une personne. » Bon à savoir, mais autant dire qu’il vaut mieux être à son affaire dès qu’on passe le cap de la majorité!
Comment gérer like a boss?
Pour éviter les erreurs de début de parcours, Brigitte Felx nous offre « ses six meilleurs conseils pour un jeune de 18 ans qui veut prendre en main sa vie financière ». Cadeau!
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Préparer un budget mensuel
« C’est primordial de faire le suivi de ses dépenses par mois. Et c’est clair qu’il faut comprendre la différence entre un besoin et une nécessité. » Comme dirait McSween, est-ce qu’on a vraiment besoin de ce gros cappuccino à 6$ ou de ce pantalon à 253$?
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Comprendre (pour vrai) la cote de crédit
C’est difficile d’adopter de bonnes habitudes face au crédit si on ne comprend pas trop ce que c’est au juste, une cote. En gros, ce chiffre magique révèle en un coup d’oeil notre historique de crédit, ainsi que notre capacité présumée à rembourser une dette. « Il faut savoir comment payer sa carte de crédit, les impacts de ne pas le faire, etc. »
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Ne pas se pitcher sur le premier emploi qui passe par là
Que ce soit une jobine à l’épicerie du coin ou un premier emploi à temps plein, la planificatrice financière conseille de bien évaluer l’offre devant soi. « Est-ce que la compagnie offre des avantages sociaux comme une cotisation au fonds de pension, un programme de perfectionnement professionnel? On n’y pense pas, mais ça peut vraiment faire une belle différence sur nos finances à long terme. »
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Épargner, épargner, épargner…
Selon Brigitte Felx, l’épargne devrait être intégrée à la routine au même titre que de se brosser les dents et de se répéter 14 fois par semaine « qu’il faudrait bien faire un petit ménage, hein? ». Pourquoi ne pas mettre directement un pourcentage des revenus dans l’épargne? Dès qu’on reçoit un chèque, on en met un peu de côté! « Ça permet d’économiser sans même y penser. Mais ça prend un équilibre : c’est bien sûr correct de dépenser un peu. »
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Virer au numérique
Vivre en 2019, c’est avoir accès à une application pour chaque mini-parcelle de sa vie. Que ce soit grâce à des virements déjà prévus vers nos épargnes, un conseiller financier en ligne ou des outils de planification, les internets pullulent d’options pour bien gérer nos finances. « On est rendus là! C’est magique, hein? », lance Brigitte, tout sourire.
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Adopter une stratégie fiscale
Là, on parle des vraies affaires. « Je ne vous dirai pas de faire tel investissement ou de choisir un CELI à la place d’un REER. Il faut faire des choix selon sa propre situation. Chaque cas est unique! » Un commis à temps partiel au Jean Coutu, un apprenti dans une job de soudure et un artiste en herbe ne se retrouveront pas devant la même réalité. « L’idéal, c’est d’en jaser avec un conseiller financier. »
Et bonne nouvelle, chaque institution offre — gratuitement! — les services de ces bonnes gensses. Ce serait un peu fou de ne pas en profiter, hein?