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Avez-vous inscrit votre loyer au registre citoyen?
Êtes-vous parmi les nombreuses personnes qui se réjouissent du nouveau registre des loyers citoyen? Y avez-vous inscrit le montant du vôtre? Vous êtes-vous empressé d’aller voir combien les locataires qui vous ont précédé payaient? Si oui, vous faites alors partie des milliers de Québécois ayant participé à ce pari de la transparence immobilière lancé cette semaine.
Poursuivant l’oeuvre de monloyer.quebec, une initiative similaire créée en 2016 par trois jeunes Montréalais, cette version new and improved veut cette fois-ci toucher tous les locataires du Québec avec un système promettant une information fiable et précieuse pour tous. Cette initiative est le fruit de La Base, un OBNL soutenant les projets de données ouvertes au service des citoyens.
Nous avons parlé avec le directeur de l’organisme, Adam Mongrain, pour savoir comment ça se passe jusqu’à maintenant.
Quels retours avez-vous eus depuis la mise en place de ce registre?
Beaucoup de retours enthousiastes de la part des locataires, surtout via la plateforme. Certains se sont dits inquiets de leur situation. D’autres encore ont réagi à des hausses abusives, comme ce locataire qui a témoigné [hier] matin que son propriétaire voulait faire passer son loyer de 1500$ à 3000$. À l’émission d’Isabelle Maréchal où on était invité [hier] matin, beaucoup de questions sur l’application du registre nous ont été posées.
On a parlé à des propriétaires qui ont inscrit eux-mêmes le loyer de leurs locataires sur la plateforme.
On sent vraiment qu’il y a un intérêt et une chance de faire une différence maintenant, sur le court terme, à travers la participation des citoyens pour qu’ils connaissent leurs droits. Donc je dirais que la réponse a été très bonne!
Qu’est-ce que vous diriez aux gens qui sont un peu gênés de divulguer le loyer qu’ils paient?
C’est un registre des loyers, pas un registre des personnes. Les informations sont complètement anonymes; on a juste le prix, le nombre de chambres et les dates de début et de fin du bail. Donc les gens ne sont jamais en état de vulnérabilité ni au risque de s’exposer à des représailles.
Comment réagissent les propriétaires face à cette initiative?
C’est chaud et froid. Évidemment, il y a des gens qui sont contre. Mais il y a des gens qui sont aussi pour et on a parlé à des propriétaires qui ont inscrit eux-mêmes le loyer de leurs locataires sur la plateforme.
Partout où il y a du logement locatif, le registre est pertinent.
Bien sûr, c’est plus délicat pour les propriétaires parce qu’ils subissent beaucoup de reproches dans la sphère médiatique actuelle. Certains disent être mal à l’aise d’avoir autant de pouvoir sur leurs locataires et insistent sur le fait qu’être propriétaires ne les transforme pas en monstres. Je dirais même que la majorité écrasante des propriétaires sont de bonnes personnes qui se retrouvent parfois à faire le choix entre la bonne décision et la décision payante. Une solution préventive comme le registre des loyers vient donc aider à prendre la bonne décision sans que ce ne soit déchirant.
Dans le processus de mise en place de ce registre, vous êtes-vous retrouvé confronté à des obstacles?
Plus ou moins. La technologie était prête pour ce site, notamment en matière de géolocalisation, donc c’était plus une question de volonté que de moyens. Les financements qu’on a reçus dans le cadre d’un concours sur les données ouvertes du Gouvernement du Canada ont été amplement suffisants pour faire un produit à niveau.
Évidemment, le plus gros défi en ce moment est de faire sortir le message et s’assurer que les gens au Québec soient au courant de la disponibilité en ligne de l’outil, de sa gratuité, de son anonymat et de sa sécurité. Ça leur permettra de s’inscrire en masse au registre des loyers avant le 1er juillet, car c’est souvent la période où l’information se perd entre les locataires. Mais maintenant, on a un outil facile qui permet d’inscrire cette information en trente secondes.
Qu’est-ce que ça vous fait d’entendre la ministre de l’Habitation dire qu’un registre des loyers coûte trop cher à implanter?
On pense que c’est possible de faire un projet solide avec des moyens relativement minces, comme le démontre le registre des loyers citoyen.
On pense que c’est possible de faire un projet solide avec des moyens relativement minces, comme le démontre le registre des loyers citoyen. Évidemment, le gouvernement du Québec, de par son pouvoir législateur, a les réserves pour aller beaucoup plus loin. Puis on est dans une posture de collaboration donc il n’y a pas de raison que ce soit juste nous qui tenions le registre des loyers citoyen. On invite tout le monde à s’en servir parce qu’il est disponible maintenant, mais on veut aussi collaborer avec tous les acteurs intéressés de la société civile.
Quel futur espérez-vous pour le registre du logement?
On est actuellement à 6500 inscriptions sur le site et depuis notre sortie médiatique de [hier] matin, on a à toutes les minutes de nouvelles entrées venant de partout — Gatineau, Longueuil, Québec, Shawinigan, Trois-Rivières… Donc on espère monter très rapidement dans les dizaines de milliers avant le premier juillet pour prévenir des hausses de loyer abusives.
L’espoir est de collaborer avec tous les locataires du Québec et essayer ensemble d’endiguer la crise du logement. Partout où il y a du logement locatif, le registre est pertinent.
Et est-ce que vous avez inscrit votre loyer dans le registre des loyers?
Bien sûr.