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Aveugles et entrepreneurs : ce couple de fermiers non-voyants élève des canes en Estrie

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C’est derrière une petite maison bleue de Stukeley-Sud que se cache une ferme de production d’œufs de cane gérée par deux entrepreneurs aveugles, un couple soudé par la résilience. Derrière le nom À la canne blanche, symbole de leur condition, se cache une histoire de détermination, de solidarité et d’un amour inconditionnel pour les animaux.

La vie après le diagnostic

Tout commence avec un diagnostic accablant. Daniel est né avec un glaucome congénital qui aurait dû le rendre aveugle dès la naissance. Les médecins ont toutefois réussi à lui sauver la vue jusqu’à ses 20 ans. Maryse, quant à elle, a une maladie génétique héréditaire qui la condamnait à la cécité avant l’âge de 50 ans. « On me l’a annoncé à 17 ans », explique Maryse, dont le sourire ne décolle pourtant pas.

Si la perte de la vue a transformé leur quotidien, ça ne les a pas empêchés de poursuivre des rêves qu’ils ignoraient avoir avant que l’aventure de la ferme ne se présente à eux.

De la solitude à 1400 canes

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Il y avait une vie avant la ferme. Quand le nid familial s’est vidé, Maryse et Daniel étant tous les deux parents, ils ont senti un certain vide, comme beaucoup de gens qui, après avoir consacré des années à une carrière ou à l’éducation de leurs enfants, se retrouvent forcés à faire table rase. « Toute la gang part de la maison, on se retrouve seuls. Une vie sur la tablette depuis 20 ans », confie Maryse.

C’est la fille de Maryse qui a vu que quelque chose devait changer. « Elle m’a dit : “Maman, essaye ça, c’est des petits oiseaux, tu vas t’amuser avec ça”. » C’est donc avec deux canes, un canard et six poules que Maryse a démarré l’aventure de À la canne blanche.

Produire 425 œufs par jour

Aujourd’hui, l’entreprise prospère avec 1400 canes, divisées en des dizaines de petits enclos destinés à leurs jeunes et vieilles pondeuses pouvant produire près de 425 œufs par jour. Un chiffre impressionnant pour une ferme gérée par des entrepreneurs qui ne voient pas, mais qui perçoivent la vie avec une sensibilité et une détermination hors du commun.

« C’est pas toujours facile », admet Maryse, mais elle et Daniel se raccrochent à l’amour qu’ils portent pour leurs canes et cette autonomie que leur permet le fait de travailler dans leur propre cour. « Câline, la vie est quand même belle », lance Maryse.

Entre innovation et tradition

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Leur modèle d’affaires repose sur un respect profond des animaux et de l’environnement. Leurs œufs de cane sont prisés par les restaurateurs locaux et les marchés fermiers, qui saluent non seulement la qualité de leur produit, mais aussi leur approche humaine et responsable.

Loin d’être un simple projet entrepreneurial, À la canne blanche est devenu un symbole d’inclusion et de dépassement de soi. À travers leur succès entrepreneurial, Maryse et Daniel témoignent du fait que l’entrepreneuriat est une avenue possible pour tous.

Un modèle inspirant

Leur histoire, plus qu’une simple aventure agricole, est un témoignage vibrant de la capacité de l’humain à s’adapter et à innover, même face aux défis les plus grands. « On a notre entreprise dans la cour », lance Maryse avec fierté. Et même si chaque jour présente son lot de difficultés, c’est leur fermeté d’esprit et leur optimisme inébranlable qui ne laissent personne indifférent.

Au-delà de la cécité, Maryse et Daniel montrent qu’avoir une vision, ça ne passe pas par les yeux, mais bien par le cœur et la volonté de bâtir quelque chose avec les moyens que la vie nous offre.

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