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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.
Nous étions dans je ne sais plus quel stationnement de je ne sais plus quelle plage. C’est toute la beauté de ce roadtrip : confondre les arrêts, les rues, les parcs nationaux, les cours arrière de petits restos océaniques, les campings et les stationnements de magasins à grande surface. Décrochage total. Bien sûr, je reste connectée, pas mal trop pour certains, vraiment pas assez pour d’autres (c’est comme ça, beaucoup de monde a une opinion sur ma consommation d’écrans et mon utilisation des réseaux sociaux. On vit à une époque fascinante). Moi je me trouve juste assez connectée et beaucoup décrochée. Et c’est pas mal ça qui compte.
Bref, on était là, dans ce stationnement de plage quand mon amie m’a texté « as-tu su la nouvelle? ». Quand t’es beaucoup décrochée, ce genre de texto peut te faire sourire, les tracas du monde de la télé sont loin et ce message peut être annonciateur d’un juteux potin à savourer à petites doses. Sauf que j’ai pas eu le temps de sourire. « Es-tu avec Antoine? J’ai quelque chose à t’apprendre ». Cinq mots ont suivi sur mon écran de cel tout pété, les plus douloureux. Un membre de ma grande famille de télé, un grand colosse qui était capable de m’engloutir dans ses puissants bras réconfortants venait de perdre la vie, de façon tragique. En un texto, tout a disparu.
Plus de plage, plus de beauté nulle part, plus rien n’était important, je devais trouver le meilleur réseau possible et essayer de me connecter sur ma gang.
Plus de plage, plus de beauté nulle part, plus rien n’était important, je devais trouver le meilleur réseau possible et essayer de me connecter sur ma gang. Je voulais savoir, partager, écouter et recoudre mon coeur déchiré. Le cliché qu’on voudrait ne jamais avoir à écrire: le si bon gars, celui qui arrivait à faire rire n’importe qui et à rendre n’importe quel animateur hilarant. Celui en face de qui on devenait unique. Celui qui prenait le temps d’écouter et de conseiller et qui finissait toujours ça dans le plus gros hug du monde. Les messages qui ont déferlé, les jours suivants, sur mon fil Facebook étaient tout aussi touchants, un peu apaisants, mais toujours déchirants.
Je me suis planté les deux pieds dans l’eau, je t’ai fait mes adieux, sans réaliser que tout ça était bien vrai. Je sais pas trop si j’ai le droit de réagir comme je le fais. D’avoir autant de peine. Je ne sais même pas si j’ai le droit d’utiliser cette tribune, aujourd’hui, pour te faire mes au revoir. Est-ce que je m’approprie quelque chose? Suis-je déplacée? Est-ce que je me lèche la plaie dans une surdose d’égoïsme? Je sais pas. Toi, tu aurais su. Par contre, je sais que je t’aimais comme un grand petit frère avec qui j’aurais voulu travailler tous les jours du reste de ma vie. Mais je n’étais pas dans ton entourage proche. Ta blonde et tes meilleurs chums ne me sortent pas de la tête. TU ne me sors pas de la tête.
Je ne sais même pas si j’ai le droit d’utiliser cette tribune, aujourd’hui, pour te faire mes au revoir. Est-ce que je m’approprie quelque chose? Suis-je déplacée? Est-ce que je me lèche la plaie dans une surdose d’égoïsme? Je sais pas. Toi, tu aurais su.
Aujourd’hui, Pelli, tous tes amours, tes collègues et amis viendront te dire un dernier au revoir. Je ne serai pas là et je m’en veux. Le roadtrip, je l’ai dans le cul en ce moment. Je suis assise à une table à pique-nique bancale remplie de crottes de moineaux, avec au moins 40 maringouins qui me tournent autour, je t’entends me dire « esti Mel, tu l’as choisie la place pour me rendre hommage, merci ma chum », mais tu étais bien trop humble pour dire « hommage ». Je viens de me vaporiser du chasse-moustique, mais le spray était défectueux, il est sorti en jet, j’ai réussi à éternuer dans le jet faque là, j’en ai plein les yeux, je pleurire et mon ordi ruisselle.
Je sais pas si t’as vu le bel épisode burlesque que je viens de te faire, j’espère que oui, criss, ça aura pas servi à rien! Dans cette forêt ensoleillée de journée magnifique (même si tout est un plus gris depuis une semaine), y’a juste moi, le bruit de pianotage sur le clavier (gommé) et les oiseaux qui chantent. Ah, pis y’a aussi le dude dans son kit de plein air à 1000$ qui fait son frais avant d’aller marcher en montagne, mais il a oublié ses clefs dans sa Civic (ça s’invente pas), pis c’est un petit peu drôle-pas-drôle.
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Ça c’est le sentier qu’il ne fera pas, mais que j’ai fait en pensant à toi, dans mon kit à 20$.
Famille de télé, je suis de tout coeur avec vous aujourd’hui. Toutes mes pensées vous accompagnent. Adieu mon ami. Je t’aime pis je m’ennuie. Quand on va se retrouver, t’es mieux d’être du bon côté, là où ça fait le party. Pis t’as besoin de nous attendre avec des sketchs ben rodés, plein de jokes salaces pis tes criss de gros bras pour que je puisse me jeter dedans.
Ta chum Mel, membre de ta gang allumée.
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