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Au-delà du divertissement : comment les jeux vidéo nous marquent et nous inspirent
URBANIA et Télé-Québec s’unissent, à l’occasion du lancement de la nouvelle émission jeunesse Bien joué!, pour vous faire réfléchir aux multiples facettes qui font un bon jeu vidéo.
On a souvent l’impression, en se fiant à certains médias, que les jeux vidéo rendent nos enfants violents et accros – une vision qui clashe certainement avec mes souvenirs d’enfance de matins douillets en pyjama à essayer de passer un tableau de Super Mario Bros sur la console du salon familial!
Les jeux vidéo ont toujours fait partie de notre environnement de millénariaux – ce qui n’est pas le cas de nos parents, pour qui toutes les consoles sont « des Nintendo ».
L’offre d’aujourd’hui dépasse toutefois de loin celle des années 1980-1990 sur les plans de la diversité et de la complexité. Si on n’est pas un geek ou un gamer assidu.e, c’est facile de se sentir dépassé.e lorsque vient le temps de choisir un jeu pour soi-même ou pour ses enfants!
Bien entendu, on tient toujours à restreindre le temps passé devant un écran, mais il ne faut pas pour autant minimiser les aspects bénéfiques des jeux vidéo. Ils contribuent au développement de la capacité à résoudre des problèmes et aident à la concentration, à la mémorisation et à la coordination. Certains jeux favorisent aussi les interactions sociales. Globalement, les jeux vidéo sont des vecteurs de plaisir et de bonheur. Une étude effectuée en Nouvelle-Zélande a découvert qu’ils peuvent même aider à vaincre la dépression!
Quels sont ces jeux miraculeux qui guérissent tout et qui transformeront nos enfants en génie, me demanderez-vous donc? Ce n’est pas si simple! Évidemment, ce qui fait un bon jeu vidéo varie en fonction des préférences de chacun : un bon jeu pour moi serait peut-être un horrible jeu pour vous. De la même manière que je trouve horrible le goût des olives alors que beaucoup en raffolent.
Qui plus est, on ne joue pas tous pour les mêmes raisons : certains le font pour se relaxer, d’autres pour se défouler, et d’autres encore pour se mettre au défi ou pour explorer une histoire. Je vous propose donc de décortiquer les quatre aspects des jeux vidéo qui font leur « jouabilité » et qui pourront vous aider à déterminer si un jeu est bon pour vous – ou pas.
Jouabilité
Aussi connue sous son nom anglais de gameplay, la jouabilité fait simplement référence à la façon dont le jeu se joue. Ne vous laissez pas leurrer par la simplicité de la définition : la jouabilité d’un jeu englobe une très grande variété de facettes! Un bon jeu est donc celui dont la jouabilité répond à quatre critères clés qui font en sorte qu’une expérience de jeu sera satisfaisante.
Émotions
Si vous demandez à votre ado de vous dire pourquoi il ou elle aime jouer à des jeux vidéo, la réponse se limitera sûrement à un « parce que c’est le fun, duh ». On joue très certainement pour le plaisir, mais ce n’est pas la seule émotion que les jeux peuvent nous faire ressentir.
Vous avez sûrement déjà vu quelqu’un lancer sa manette et crier de frustration en jouant : c’est à se demander si c’est vraiment si le fun que ça!
Au-delà du plaisir et de la frustration, les jeux peuvent nous faire ressentir la satisfaction d’avoir réussi à vaincre un ennemi ou à résoudre un casse-tête particulièrement difficile. En entrant en interaction avec une panoplie de personnages différents de nous, les jeux peuvent même nous faire ressentir de l’empathie envers les autres! Certains jeux nous font rêver, d’autres nous font pleurer (je pense par exemple à Spiritfarer, Thunder Lotus Games, jeu indépendant québécois qui explore le deuil). Tout ça pour dire qu’au chapitre des émotions, il y a souvent plus que le plaisir lorsqu’on parle de jeux vidéo!
Immersion
Plus que la littérature, le cinéma ou la télévision, les jeux vidéo nous permettent de nous plonger dans un univers interactif. Plusieurs éléments contribuent à ce sentiment d’immersion, tels que la qualité graphique des images du jeu, la manière dont celles-ci sont couplées à l’ambiance sonore et à la musique ainsi que de notre capacité à interagir avec ces deux éléments. Si j’essaie de parler aux personnages qui s’animent à la télévision, aucun d’entre eux ne me répondra. J’aurai plus de succès en jouant à un jeu vidéo, ce qui me donne l’impression que mes actions ont un impact sur le monde du jeu.
Lorsqu’on parle d’images, on fait évidemment référence au style graphique du jeu : certains ont un style hyperréaliste, d’autres, une facture visuelle plus artistique ou plus proche du dessin animé. Et d’autres éléments visuels entrent aussi en jeu (ba dum tss), notamment la perspective que la « caméra » me donne sur l’environnement de jeu! Peut-être que nous sommes en vue « première personne », dans la peau du personnage, ou peut-être que la vue est surplombante, comme si la caméra était dans le ciel.
L’autre aspect, souvent sous-estimé, qui favorise notre immersion dans un jeu, c’est son ambiance sonore. On pense évidemment à la musique et au nombre de trames sonores, comme celles des jeux de la Legend of Zelda, qui sont devenues cultes. Il faut aussi porter attention à la manière dont l’environnement évolue et se transforme lorsqu’on interagit avec lui. Imaginez jouer à un jeu dans lequel un monstre vous traque mais où aucun bruit ne vous indique qu’il est tout près! Ou encore jouer à Tetris sans le son satisfaisant d’une ligne qui disparaît!
Interactions sociales
Pour certain.e.s, un jeu multijoueur, c’est un jeu auquel on joue en gang dans le salon – une game de Mario Kart ou de Super Smash Bros. D’autres préfèrent les jeux multijoueurs en ligne, où l’on peut rejoindre ses ami.e.s ou s’en faire de nouveaux. Pour les gens comme moi, un jeu, ça se joue en solo. La vague nostalgique actuelle nous donne aussi l’occasion de revisiter les classiques de notre enfance et de partager ces moments avec nos enfants, pour les voir découvrir ces jeux qui nous ont fait tripper quand on avait leur âge.
Les jeux vidéo nous offrent l’occasion de rencontrer des personnes et d’avoir des interactions sociales, mais aussi de prendre du temps pour soi et de se ressourcer.
Pour déterminer si un jeu multijoueur nous convient, il faut aussi savoir si l’on y joue en coopération (ensemble contre le jeu) ou en compétition (les uns contre les autres) – et se demander ce qu’on préfère!
Motivation
La motivation à jouer à un jeu jusqu’à la fin dépend de nombreux éléments. Le premier qui nous vient en tête est évidemment l’histoire du jeu. Est-ce qu’on a envie de connaître les personnages? De savoir ce qui va leur arriver? De connaître la fin de l’histoire? Un bon jeu narratif nous motivera bien sûr à aller jusqu’au bout du récit, mais nous donnera aussi l’impression que nos décisions ont un impact sur l’histoire.
Cela dit, tous les jeux ne sont pas narratifs. Certains sont avant tout une série de casse-têtes à résoudre ou de trophées à trouver. D’autres n’ont même aucune histoire à suivre! C’est le cas des jeux compétitifs comme Overwatch, League of Legends et Rocket League, ainsi que de certains jeux de combat. Et parfois, la motivation se trouve simplement dans le désir d’avoir des interactions sociales!
Enfin, d’autres jeux viennent titiller notre côté créatif ou notre curiosité, comme les jeux d’exploration à monde ouvert ou les jeux de type bac à sable.
Ces quatre aspects nous aident donc à explorer les multiples facettes de ce qui fait un bon jeu vidéo. Quelle est l’expérience émotionnelle que tel ou tel jeu me fait vivre? Qu’est-ce qui provoque ces émotions dans la jouabilité? Qu’est-ce qui me donne l’impression que mes actions ont un impact dans l’univers de jeu? Qu’est-ce que le jeu m’apporte au chapitre des interactions sociales? Qu’est-ce qui me motive à jouer à un jeu?
En plus de nous aider à choisir un bon jeu pour soi, ces questions nous font réfléchir plus en profondeur à la conception et à l’expérience de jeu, en plus de nous permettre d’affiner notre esprit critique et notre capacité à parler des jeux vidéo sous tous leurs angles.
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Besoin de suggestions de jeux pour vos enfants (et peut-être pour vous-même)? Avant de dépenser tout votre argent sur la dernière console mise en marché, regardez la série Bien joué!, diffusée à Télé-Québec les vendredis à 18 h 30 qui explore de façon ludique et légère le monde des jeux vidéo. Chaque semaine, Jean-Philippe Baril Guérard reçoit des invité.e.s pour tester toutes sortes de jeux et discuter de ce qui fait un bon jeu vidéo. On peut aussi regarder l’émission gratuitement sur video.telequebec.tv et sur l’appli de Télé-Québec.