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Apprendre à diriger une agence de voyages à la dure

La copropriétaire de Voyage Grand V nous raconte sa première année tumultueuse.

Par
Geneviève Larochelle-Guy
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« La première année, on n’a presque pas fait de profit à cause de quelques petites erreurs », confie Frédérique Savard, copropriétaire depuis 2018 de Voyage Grand V (VGV) , une agence de voyages de groupes. L’autre copropriétaire, qui se prénomme aussi Frédérick, est son copain.

C’est ce qu’elle me confie, attablée dans un petit café de Tétreaultville. Sa tuque rouge et sa veste ne mentent pas : les journées chaudes sont derrière nous. Tout comme la grosse période des voyages. L’industrie touristique vit au rythme des saisons.

De stagiaire à propriétaire

Alors qu’elle terminait un stage en tourisme au Costa Rica (certains stages sont plus exotiques que d’autres), Frédérique rencontre l’ancien propriétaire de VGV alors qu’il guidait un groupe en voyage. Elle tombe sous le charme de la compagnie, envieuse de n’avoir pas été la première à penser à ce concept de voyages d’aventure en groupe à travers le monde.

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Quelque temps après son retour de voyage, sur le point de terminer sa technique en gestion touristique à l’ITHQ, Frédérique décide de recontacter le propriétaire de l’agence. Il accepte de la laisser accompagner un groupe de voyageurs et voyageuses au Maroc en guise de projet de fin de session.

Lorsqu’elle et son amoureux apprennent que la compagnie est à vendre en 2018, ils sautent sur l’occasion.

Une fois son diplôme en poche, elle passe une demi-année à vivre au Maroc, puis est embauchée par VGV en tant que guide attitrée à ce pays.

Deux ans plus tard, lorsqu’elle et son amoureux apprennent que la compagnie est à vendre en 2018, ils sautent sur l’occasion.

Se donner à 100 % n’est pas synonyme d’un parcours sans tache

« En février, quelques mois après avoir acheté Voyage Grand V, l’hôtel pour lequel je travaillais a fait faillite et je l’ai vu comme un signe de m’investir à 100 % dans la compagnie. Par contre, la compagnie n’était pas assez rentable pour qu’on puisse se verser un salaire. Même aujourd’hui, on n’a pas de salaire provenant de Voyage Grand V », explique Frédérique.

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Elle a donc décidé de conclure une entente avec son amoureux : ce dernier travaillerait 40 à 50 heures par semaine comme employé pour les faire vivre pendant que de son côté, elle s’occuperait presque entièrement de l’entreprise.

La première année, le couple a organisé 11 voyages à l’international avec des groupes de 4 à 14 personnes. « Ça a roulé, mais on a fait moins de profit que prévu, car on a eu des petits accros… », se souvient Frédérique.

«Les filles ont mangé des Pringles tout le long de leur voyage, car seuls les dépanneurs étaient ouverts…»

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Pour un voyage Portugal-Espagne, la nouvelle propriétaire de l’agence pensait avoir tout prévu dans les moindres détails : le prix de la location des voitures, le budget pour l’essence, le prix des hôtels… Mais elle avait oublié de tenir compte du coût du stationnement. Trois cent vingt euros pour deux nuits à Lisbonne, ça te creuse un budget.

Quant au Pérou, c’est la réservation du train qui a fait dérailler l’opération. « Je pensais qu’on pouvait aller au Machu Picchu en louant un bus, mais finalement, les seules options sont le train ou une trop longue marche. J’ai essayé d’acheter les billets de train subtilement, mais il fallait que je redemande les passeports de tout le monde, alors c’était un peu weird », raconte Frédérique en tirant nerveusement sur ses cheveux. Revivre ses erreurs, c’est rarement le feeling le plus plaisant.

Puis, il y a eu la fois où elle avait fait une première tentative pour organiser un voyage en Jordanie… en plein ramadan. Les voyageurs et voyageuses se sont donc butés à des commerces et restaurants en majorité fermés. « Les filles ont mangé des Pringles tout le long de leur voyage, car seuls les dépanneurs étaient ouverts… » Résultat? Elle a dû rembourser un petite partie du voyage à l’ensemble du groupe. « Maintenant, je suis plus frileuse à essayer de nouvelles destinations. »

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« On a fait des tests et des erreurs et on se disait que pour 2020, on savait exactement comment rectifier le tir… Sauf qu’on ne nous en a pas laissé la chance avec la pandémie qui est arrivée », déplore la femme d’affaires et photographe.

Moi vs moi

Frédérique a « frappé son mur » l’hiver dernier.

«J’avais de grosses remises en question, jusqu’à même regretter d’avoir acheté Voyage Grand V.»

« J’avais de grosses remises en question, jusqu’à même regretter d’avoir acheté Voyage Grand V. Je me suis dit : c’est à l’été [2021] que je vais savoir si ça passe ou si ça casse », souffle-t-elle.

Heureusement, les mesures liées à la COVID-19 se sont allégées au début de l’été. Les activités organisées au Québec ont pu accueillir 150 personnes, soit 100 de plus que l’été précédent. « Je suis contente que ça roule maintenant, mon moment de breakdown est derrière moi , dit-elle en soupirant de soulagement, comme si elle venait d’enlever 50 kilos de ses épaules.

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Non seulement Frédérique va mieux, mais la compagnie aussi. « L’assiduité est la valeur qui s’est taillé une place dans la compagnie; avec la Croix Bleue comme très bonne agence d’assurance et les nouveaux documents de voyages qui sont réglés au quart de tour. »

« Je sais qu’on est comme une grande famille avec les guides de voyages, on a une belle énergie. Les clients sont fidèles et reviennent à nos activités ou voyages, car ils trouvent qu’on a quelque chose de nice à leur offrir. » VGV a dû faire preuve de créativité pour attirer une clientèle aventureuse avec des options de voyages comme des spectacles d’humour extérieur en campagne, des retraites de camping, du yoga ou du paddleboard.

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« Avec du recul, le conseil que j’aurais aimé recevoir au début, c’est d’avoir une équipe sur qui je peux compter. Ma nouvelle comptable, je peux l’appeler pour n’importe quelle question », soutient-elle. Grâce à sa comptable, Frédérique a également appris à mieux budgéter ses voyages pour revenir avec plus que des miettes en guise de profit.

« Nous n’avons eu aucune erreur coûteuse financièrement pour les événements qu’on a organisés au Québec depuis la COVID », ajoute-t-elle. Elle réalise qu’elle doit être plus prudente et minutieuse dans sa planification, mais elle se sent rodée et plus prête que jamais pour les prochains projets.

« Ce que j’ai appris avec Voyage Grand V, c’est que je ne peux pas me dédouaner de mes responsabilités, puisque personne d’autre ne va les faire à ma place. C’est juste moi et si je ne me botte pas les fesses, les choses ne vont juste pas se faire. Il faut que je prenne confiance en moi pour la gestion de problèmes qui peuvent arriver et la prise de décisions, formule-t-elle, avec un sourire confiant. Maintenant que la glace est brisée et que toutes nos activités ont déjà été testées plus d’une fois, je me sens d’attaque pour 2022. »

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