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VOUS ÊTES ARRIVÉ AU QUÉBEC À 15 ANS, AVEC VOTRE FAMILLE. ÊTES-VOUS VENU ICI POUR LE HOCKEY ?
Jeune, je suis venu faire des stages de hockey de quelques semaines. Mes parents m’ont accompagné à quelques reprises et ils sont tombés amoureux du Québec. Une fois, on est restés dans un bed and breakfast tenu par des Français à Mont-Tremblant. Leur histoire a inspiré mes parents, et notre déménagement au Québec est devenu une aventure familiale. Pour moi, c’était idéal : ça roulait parfaitement avec mes ambitions pour le hockey.
AVEZ-VOUS VÉCU UN CHOC CULTUREL EN ARRIVANT ?
Vraiment pas. Je savais à quoi m’attendre et j’étais très excité. Mais on dirait que les gens d’ici étaient moins prêts que moi. J’étais différent : j’ai été élevé comme un Européen et j’avais un solide accent français. C’est sûr que je détonnais à l’école. Au début, tu te fais un peu écœurer et tout le monde te demande de dire « tabarnak », mais j’ai fini par faire ma place.
Le plus dur a été de me faire des amis. Il faut dire qu’avant que toute la famille s’installe à Mont-Tremblant, j’ai habité un an seul avec ma mère à Greenfield Park, le coin le plus anglophone de la Rive-Sud. Pour des Français, c’était quand même spécial. Ça a adonné que mes voisins jouaient au hockey. Guillaume, le petit gars d’en face, a été mon premier ami ; il avait 9 ans pis moi, 16. [Rires]
VOUS FAISIEZ PARTIE DE L’ÉLITE DU HOCKEY EN FRANCE. ÉTIEZ-VOUS MOINS BON ICI ?
En arrivant, je suis devenu un autre Jos Bleau qui joue au hockey. J’ai trouvé ça assez dur. J’ai réussi à me faufiler dans un camp d’entraînement midget AAA et je regardais les gars en me disant : « Tabarnache »… Non, j’ai probablement dit : « Putain, je suis pas bon ». Disons que mes coéquipiers se sont tannés assez vite de mon manque de souffle. [Rires]
UN FRANÇAIS QUI VIENT JOUER AU HOCKEY AU QUÉBEC, C’EST COMME UN QUÉBÉCOIS QUI VA FAIRE DU ROQUEFORT EN FRANCE. VOUS SENTIEZ-VOUS IMPOSTEUR ?
Je me suis toujours senti à ma place, mais quand j’ai été retranché jusqu’au niveau Midget AA, mon niveau de confiance était rendu bas. Ça m’a cependant permis de m’améliorer, puisque j’avais énormément de temps de glace.
VOUS JOUEZ À DALLAS, MAIS VOUS REVENEZ VOUS ENTRAÎNER À BOISBRIAND L’ÉTÉ. QUELLE EST VOTRE RELATION AVEC VOTRE TERRE D’ACCUEIL AUJOURD’HUI ?
Pour moi, il n’y a plus de question : la maison, c’est le Québec. D’abord, je suis canadien ; ensuite, j’ai rencontré ma femme à Chicoutimi, à l’époque où je jouais pour les Saguenéens dans la LHJMQ, alors j’ai des solides racines qui vont même jusqu’au Lac-Saint-Jean — oh, pardon, au Saguenay. [Rires] Mes enfants ne sont pas encore canadiens, mais ils vont le devenir bientôt. Je ne renie pas mes origines françaises, mais mes parents sont au Québec, et j’y ai passé une bonne partie de ma jeunesse. C’est là où je me sens le mieux.
LE CANADIEN ÉTAIT VOTRE CLUB FAVORI QUAND VOUS ÉTIEZ PETIT. RÊVEZ-VOUS TOUJOURS DE JOUER À MONTRÉAL ?
Jouer devant ta famille, pour la franchise par excellence, c’est un rêve, c’est sûr. Mais maintenant, je comprends mieux la business du hockey et je réalise que c’est souvent pas dans ton contrôle. Aussi, je me sens vraiment bien à Dallas. Je deviens agent libre cet été et ma priorité, c’est de rester avec les Stars. *
LE HOCKEY SE DÉVELOPPE EN FRANCE. FAUT-IL S’ATTENDRE À PLUS DE NOS COUSINS DANS LA LIGUE NATIONALE DE HOCKEY (LNH) ?
Des parents et des enfants français me disent que je les inspire dans mon parcours au hockey, comme moi j’ai été inspiré par Cristobal Huet. Quand j’étais jeune, la LNH me semblait inaccessible, alors je rêvais de jouer pour l’équipe de France. Peut-être que le rêve de ces jeunes-là, c’est de « jouer dans la LNH comme Antoine Roussel ». Le hockey se professionnalise en France ; je suis convaincu que je vais avoir de la relève.