Osez-vous aborder les questions d’argent dans votre couple ? Hélène Belleau et Delphine Lobet ont mené une étude exhaustive sur l’argent et les couples québécois pour le livre «L’Amour et l’argent : guide de survie en 60 questions». Dans cette série d’articles, elles nous aident à naviguer à travers les différents aspects de ce phénomène complexe.
Cette semaine, on se demande si la gestion de l’argent se fait de la même façon chez les couples hét éros et les couples gais.
Dans un épisode précédent, on a vu que le genre tend à créer de la spécialisation au sein des couples et que, par conséquent, hommes et femmes tendent à contribuer différemment à l’économie du ménage. À ce niveau micro d’observation (qui paie pour quoi, comment les conjoints se partagent les dépenses), les couples homos apparaîtraient sans doute différents puisqu’ils échappent à la répartition ««««««««« naturelle »»»»»»»»» des tâches et à la spécialisation des dépenses qui en découle. La voiture de monsieur, les enfants de madame. Lâchez-vous sur les guillemets.
Mais si on prend maintenant un peu de hauteur et qu’on regarde comment les couples s’organisent en général, par exemple s’ils font pot commun ou s’ils coupent les dépenses en deux, est-ce que ça change quelque chose d’être homo ou hétéro?
La gestion dans les couples en général, c’est-à-dire majoritairement hétérosexuels
L’inventivité et la variété n’ont pas de limites, on est à peu près sûres qu’il n’existe pas au Québec deux couples qui s’organisent de façon absolument similaire. On peut toutefois regrouper les façons de faire en quatre grands types d’organisation.
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Le pots commun
Dépenses du ménage ou dépenses personnelles, on ne fait pas vraiment de différence : on met ses revenus en commun – totalement ou partiellement – et tout le monde paie pour tout.
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Le 50-50
On fait le compte des dépenses communes et chacun en paie la moitié, à part égale.
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Le prorata
On se partage aussi les dépenses communes, mais on paie sa part proportionnellement à ses revenus. Celui ou celle qui gagne plus paie plus.
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L’allocation domestique
Formule aujourd’hui plus rare, mais que nos Germaine connaissaient bien, l’un des conjoints verse à l’autre une somme pour les dépenses du ménage, voire ses dépenses personnelles. Ce système est souvent mis en place lorsque l’un des conjoints n’a pas de revenus, ou très peu, et que l’autre ne souhaite pas faire de la mise en commun.
Chaque formule a ses avantages et ses inconvénients (lisez notre guide de survie pour en savoir plus), mais la préférée des Québécois, ou en tout cas la plus commune, est le pot commun. Le pot doublement commun.
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Et dans les couples moins communs, le pot commun est-il aussi commun?
Les couples de même sexe gèrent leur argent de façon tout aussi variée que les couples hétérosexuels. On retrouve toutefois les mêmes tendances et la même préférence pour le commun pot commun. La variété est, somme toute, assez invariable.
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M’enfin! vous dites-vous, il doit bien y avoir des différences quelque part entre les uns et les autres!? D’accord, creusons un peu.
Deux gars, deux filles, ça gère pareil? Mais oui et re-oui, ici aussi! Tout pareil! Couples gais, couples lesbiens, on n’observe pas entre eux de différences statistiquement significatives.
Et quand le couple a des enfants ensemble? Ici encore, pareil. Comme dans les couples hétérosexuels, les parents optent plus souvent pour le pot commun (7 sur 10) que les couples sans enfants (4 sur 10).
Et quand le couple vieillit? Pareil et re-pareil. Comme dans les couples hétérosexuels, plus la durée de vie commune est longue, moins on fonctionne sur le principe du partage des dépenses (50-50 ou au prorata). Il en va de même pour les couples mariés. Homos ou hétéros, ils mettent davantage leurs revenus en commun. À vrai dire, rien d’étonnant à cela puisque, au Québec particulièrement, jeunes mariés ne veut pas dire jeunes couples. Le plus souvent on se marie après avoir testé la relation pendant quelques années.
La conclusion de tout ceci, c’est que, tout comme l’amour (d’ailleurs, c’est dans le titre, il y a un lien), la gestion des finances se moque manifestement de l’orientation sexuelle des conjoints qu’elle unit.