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Amour et argent : pourquoi l’argent est-il le nerf de la guerre quand on se sépare ?

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Osez-vous aborder les questions d’argent dans votre couple ? Hélène Belleau et Delphine Lobet ont mené une étude exhaustive sur l’argent et les couples québécois pour le livre L’Amour et l’argent : guide de survie en 60 questions. Dans cette série d’articles, elles nous aident à naviguer à travers les différents aspects de ce phénomène complexe.

Cette semaine, on se demande pourquoi notre rapport à l’argent change drastiquement lorsqu’on se sépare de notre partenaire.

Vous vous laissez. Bien sûr, vous n’en êtes pas à demander à vos avocats d’organiser le partage de vos futurs ex-tiroirs de cuisine. N’empêche, vous avez bien noté qu’il ou elle a raflé tout le stock de petites cuillères. Vous hésitez entre réagir et acheter la paix.

Pourtant, vous vous les êtes dites un paquet de fois, ces phrases : laisse, chaton, une autre fois c’est toi qui paieras; regarde, mon cœur, je nous ai acheté ça; ben non que tu ne me dois rien, ça me fait plaisir, on s’arrangera plus tard.

Et vous pensiez chacune d’elles.

Et même vous ressentiez un délicieux bien-être à donner sans retour.

À présent, vous comptez les petites cuillères.

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Mais pas question de lui laisser les chaises. Certes, c’est l’autre qui les a payées, mais VOUS les avez magasinées. Et si vous deviez compter toutes les fois où vous avez payé l’épicerie… D’ailleurs, à la réflexion, vous auriez dû compter. L’amour, pensez-vous, ça rend vraiment nono.

Eh bien non! flushés, flusheurs : l’amour ne rend pas nono!

Dans le cadre de la relation amoureuse, cette attitude un rien impressionniste par rapport aux comptes, aux calculs et aux questions d’argent est parfaitement normale et tout aussi parfaitement logique.

La difficulté à parler d’argent ou l’indifférence pour ces questions découlent directement de l’idéal amoureux. L’amour est un sentiment, mais c’est aussi un ensemble de normes qui guident nos conduites et nos attentes de comportement. La logique amoureuse fonctionne − idéalement − selon les règles de la grammaire amoureuse qui sont :

• l’altruisme et le désintérêt (faire passer l’autre et le couple avant soi),
• la certitude qu’amour rime avec toujours,
• la réciprocité différée (les contributions de chacun finiront par s’équilibrer, à plus ou moins long terme),
• la confiance en la parole de l’autre,
• etc.

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On peut parler du prix du pain et des factures d’Hydro. Mais évoquer les apports de chacun au ménage, en temps ou en argent, et s’assurer qu’elles soient justes, discuter de capacité d’épargne et de retraite, s’assurer que chacun puisse s’assumer financièrement en cas de rupture (ou de décès)… à quoi bon? Puisqu’on s’aimera toujours et puisque, même si on se sépare, on s’aimera quand même assez pour ne pas se nuire. On se fait confiance après tout.

Entre amoureux, parler d’argent, c’est presque sale. C’est tabou.

Ça fait gratteux.

Ou bien ça dit qu’on n’y croit pas vraiment, qu’on compte ses billes, qu’on ne les mélange pas toutes dans le même panier, qu’on se tient prêt à la rupture. Avouez, ça envoie un drôle de message.

Ça vous ébranle le tourtereau d’aborder ces questions-là. Ça prend du courage d’en parler et une sacrée dose de confiance dans le couple.

Maintenant que vous vous séparez, le don de soi, le plaisir d’offrir, la rime avec toujours, le 1 + 1 = 1, tout ça n’a plus cours : 1 + 1 recommence à faire 2. On reprend ses esprits mathématiques.

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C’est pour ça que l’argent est un nerf de la guerre lors des séparations.

On se sépare et on sépare les choses.

Ce faisant, on dévoile aussi ce qui était accepté au nom de l’harmonie et de l’éternité : l’avarice, la prodigalité, les rapports de pouvoir induit par les déséquilibres financiers, les dettes auxquels on a consenti malgré soi, les projets non réalisés…

On solde les comptes, bancaires et affectifs.

On compte les petites cuillères et on reprend son tire-bouchon.

Pour regarder l’entrevue Sans Filtre avec Hélène Belleau et Delphine Lobet, cliquez ici.