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Ambition Snowskates : de rêve d’ado à leader mondial

Le sport gagne en popularité partout dans le monde, mais c’est à Sherbrooke qu’il fut révolutionné.

Par
Billy Eff
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Dans le monde des sports extrêmes, la volonté d’innover est essentielle. Parfois, un sport n’offre simplement pas assez de sensations fortes, ou de possibilités. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des événements inusités comme le Crashed Ice, où des joueurs de hockey voulaient combiner vitesse, agilité et endurance.

Depuis quelques années, peut-être avez-vous vu des jeunes s’adonner à un autre sport « entre-deux », le snowskate. Combinant les possibilités infinies de trucs réalisables sur un skateboard avec tout le plaisir de dévaler les pentes et les snowparks en planche à neige, il ne cesse de gagner en popularité, autant chez les jeunes néophytes que chez les skateurs et snowboardeurs de haut calibre.

Si c’est trendy ces jours-ci, c’est en partie grâce à Alex Blais, fondateur et propriétaire d’Ambition Snowskates, premier producteur québécois de snowskate et leader mondial de la filière.

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Le pari insensé d’un ado

C’est en 2004, à Sherbrooke, qu’Ambition voit le jour. À l’époque, il y a un seul fabricant de snowskate, et c’est surtout un jouet en plastique un peu cheapette pour les jeunes. Alexandre Blais n’a que 14 ans, mais s’intéresse déjà beaucoup à ce nouveau sport qui combine planche à neige et skateboard. Il découvre sur internet une communauté d’adeptes qui partagent leurs avis et leur amour sur des forums.

« À travers ça, j’ai vu du potentiel, se souvient-il. Les riders s’amélioraient, même si les produits n’étaient pas fonctionnels. La progression était ralentie par la mauvaise qualité des boards. »

Crédit photo: Monk Lavoie
Crédit photo: Monk Lavoie
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Lorsqu’il lance sa marque, il ne pense pas encore à concevoir ses propres planches. Plutôt, il vend des accessoires pour les snowskates, qui sont à l’époque toujours fabriqués par une seule compagnie. Les amateurs et amatrices du monde entier achètent les vêtements et autres autocollants que le jeune de Québec vend sur internet. C’est finalement en 2007 qu’Ambition vend son premier modèle de snowskate, devenant la deuxième compagnie au monde à en concevoir.

«On n’a pas inventé le snowskate, mais on l’a vraiment transformé.»

« La motivation est venue quand j’ai réalisé qu’il y avait une communauté qui trippait, qui pouvait et voulait faire de meilleurs trucs, mais les produits brisaient toujours, explique Alexandre Blais. Ils n’étaient simplement pas fonctionnels pour où on voulait amener le sport. »

« On n’a pas inventé le snowskate, mais on l’a vraiment transformé, ajoute-t-il. On a conçu de nouveaux produits en érable canadien, en s’inspirant de la fabrication des skates et des snows. Finalement, après nos premiers prototypes, on s’est rendu compte que c’était déjà beaucoup mieux que ce qui se vendait sur le marché. »

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Repenser le produit

Aujourd’hui, Ambition est un leader, grâce à son design révolutionnaire qui s’appuie sur les meilleures techniques de fabrication, permettant de combiner les meilleurs aspects d’un skateboard, avec la glisse et la durabilité d’un snowboard.

Premier aspect sur lequel se sont concentrés Alexandre et son équipe : la vitesse. Si ça ne glisse pas bien, l’expérience est un peu plate. Ils ont donc repensé les grooves dans le bas de la planche pour rendre le tout plus aérodynamique et mieux adapté à différents types de neige. « On ne s’en cache pas, notre clientèle cible, c’est des jeunes, dit-il. On veut juste qu’ils passent du temps à jouer dehors et à s’amuser, on ne veut pas qu’ils aient à se mettre à cirer leurs snowskates à tout bout de champ! Donc on a optimisé la base pour améliorer l’expérience. »

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Deuxième faille à régler : la durabilité. « Le core est fait d’érable canadien, indique l’entrepreneur. On s’est inspiré du procédé de construction d’un skateboard, mais on l’a rendu plus résistant à l’eau et à la neige, ce qui était un gros défi, mais il fallait que les gens puissent faire de gros tricks avec leurs snowskates sans qu’ils brisent! »

Et, pour permettre de jolis ollies et des tre flip tout en douceur, Ambition a aussi dû innover en matière de griptape, cette couche rugueuse antidérapante qui permet aux bottes ou aux souliers d’adhérer à la planche sans que l’on y soit attaché, à l’instar d’un skateboard. « Un griptape de skate, dans la neige, ça devient de la glace. Donc l’antidérapant est super important. On vend de notre côté le Prism Grip, qui a de petits studs résistants. »

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Depuis 2017, Ambition s’est associé avec le pionnier québécois Control, qui fabrique des skateboards en banlieue de Québec. Au début, la demande n’était pas très grande, et la production n’était pas assez importante pour justifier le temps et les ressources qu’y consacrait Control. Retour à la case départ pour Alexandre, qui a passé de longues heures à fabriquer des skateboards lui-même dans son garage! Comme par hasard, c’est à ce moment que les ventes ont explosé, et une fois de plus, la fabrication a dû être déplacée chez Control.

Créer sa niche et la répandre

Aujourd’hui distribué mondialement avec des points de vente dans 25 pays, Ambition ne cesse de croître et double sa production année après année depuis maintenant trois saisons. Les vidéos de l’entreprise sont suivies par plusieurs dizaines de milliers d’amateurs sur Youtube. Après avoir longtemps été vu comme un petit jouet qui amuse les enfants le temps d’une journée avant de sombrer dans l’oubli, le snowskate a bien profité de la pandémie. Sur Facebook et Instagram, les gens essaient à tout prix d’en trouver un, mais la demande est trop forte! Grâce à Ambition, le sport gagne aujourd’hui ses lettres de noblesse, et jouit d’une popularité sans cesse croissante.

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« Le timing a été parfait : le snowskate devenait plus populaire, et soudainement, les jeunes partout dans le monde avaient besoin de trouver des activités extérieures et individuelles, souligne Alexandre. Et sur les réseaux sociaux, beaucoup de skateurs professionnels se sont mis à en faire, c’était finalement rendu cool de poster un clip de snowskate. »

« Quand j’ai commencé, c’était encore très mal vu et peu respecté, poursuit-il. Je dis souvent que quand on a commencé, on ne partait pas de zéro, on partait dans le négatif! Le monde n’aimait pas ça, et le brand qui était là avant nous n’avait pas fait un bon travail pour que ce soit respecté. Les boutiques n’en voulaient pas! »

«J’ai tout mis là-dedans depuis que je suis petit. Mon temps, mes économies… J’étais tellement jeune quand j’ai commencé que je n’avais même pas la compréhension de ce dans quoi j’embarquais.»

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Aujourd’hui, comme pour plusieurs autres items, bonne chance pour trouver un snowskate en général, et surtout un Ambition! La production au complet s’écoule rapidement, et plusieurs internautes se fâchent contre Blais et sa compagnie, jugeant illogique de ne pas augmenter leur production plus rapidement. Mais Alex croit à sa stratégie, et préfère se concentrer à offrir un produit innovant, durable et de qualité, plutôt que de surfer la vague de popularité du spot qu’il a contribué à rendre trendy. Dix-huit ans plus tard, il n’a pas de regrets.

« Je n’ai jamais vraiment eu de doutes, mais peut-être que j’aurais dû, dit-il en riant. C’était une évidence, dans ma tête, que ça allait fonctionner. J’ai tout mis là-dedans depuis que je suis petit. Mon temps, mes économies… J’étais tellement jeune quand j’ai commencé que je n’avais même pas la compréhension de ce dans quoi j’embarquais. J’ai foncé aveuglément, sans réaliser l’impact négatif que ça aurait pu avoir. Je suis vraiment allé all in! »

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Malgré sa renommée internationale, Ambition reste une PME québécoise, avec seulement une poignée d’employés qui se séparent les tâches. S’ajoutent à cela une quinzaine de pros du snowskate, que la compagnie commandite. Il n’y a pas vraiment de compétition à proprement parler, vu que la plupart des événements sont commandités par Ambition, et que les gagnants sont, inévitablement, des riders d’Ambition!

La question se pose, donc : est-ce que le snowskate est le futur des sports extrêmes?

« Je ne pense pas, simplement parce que ça n’a pas la même fonctionnalité qu’un skate ou qu’un snow, mentionne Alexandre. On pousse beaucoup la progression du sport, avec nos vidéos et nos pros. Mais nous sommes conscients que ce n’est pas comme ça que la plupart des gens utilisent nos produits. Ils veulent juste se faire du fun entre amis, ce qui a autant de mérite. Ça va rester niche, et nous, on va continuer d’améliorer nos produits. Je n’essaie pas d’amener ça aux Olympiques. Mais peut-être que ma réponse changera dans 10 ans! »

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