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Là, j’imagine déjà les quintuples gradué.e.s du monde entier qui veulent ma peau.
C’est comme si, à un moment dans le temps entre le festival de Woodstock et les attentats du 11 septembre, quelqu’un quelque part (on dirait que j’ai envie de blâmer les boomers) avait décidé de faire croire au reste du monde qu’aller à l’université était la clé de la réussite personnelle, de l’accomplissement et de la prospérité.
Mais une fois confronté à la dure loi de l’offre et la demande, et dans l’espace d’une ou deux générations, le narratif de la fabuleuse et infaillible ascension aux diplômes dorés est en voie de perdre son statut de système clé en main pour réussir sa vie en 8 étapes faciles.
Si ce qui te fait briller les yeux, c’est l’idée d’apprendre tout ce qu’il y a à apprendre sur des sujets qui te passionnent et que c’est ce que tu souhaites faire de ta jeune vie adulte, c’est tellement tant mieux pour toi.
Ce que je questionne avec mon grand doigt levé, c’est le rôle de «centre à spécialiser les employé.e.s» qu’on s’entête à leur reléguer.
Mais si tu vois plutôt l’université comme une immense barrière à l’emploi, ou comme un univers élitiste et inatteignable complètement déconnecté du tien, sache que tu n’es vraiment pas tout.e seul.e.
Un rôle essentiel
Ne me méprenez pas, j’ai beaucoup d’estime pour les établissements de savoir et pour le rôle qu’ils jouent dans la création et la transmission des connaissances humaines.
Ce que je questionne avec mon grand doigt levé, c’est le rôle de « centre à spécialiser les employé.e.s » qu’on s’entête à leur reléguer.
Cette vision, qui lie étroitement les études supérieures aux emplois stables et mieux rémunérés, pousse les universités à maladroitement tenter de suivre la cadence de transformation des marchés pour continuer d’offrir un bon retour sur investissement à leurs étudiant.e.s.
Les jeunes professionnel.le.s autant que les employeur.e.s citent une déconnexion croissante entre le bagage acquis et les besoins réels du marché.
C’est pourtant sans succès apparent, puisque le coût moyen d’un diplôme de premier cycle standard au Canada a presque triplé depuis le milieu des années 90. Malgré ça, les jeunes professionnel.le.s autant que les employeur.e.s citent aujourd’hui une déconnexion croissante entre le bagage acquis par les gradué.e.s et les besoins réels du marché.
On est à l’ère de l’information… and yet
L’idée de donner l’autorité du savoir à des institutions régies par des figures non élues semblait peut-être bonne quand on tirait la plupart de nos connaissances de la Sainte Bible. Mais quand j’ai un appareil dans ma poche qui me donne accès à une quantité d’information qui ferait fondre le cerveau d’un curé du 16e siècle, c’est peut-être le temps de reconsidérer nos manières de faire.
Wikipédia (que les enseignant.e.s se sont entêté.e.s à snober pendant 10 ans) tient autant de données spécifiques sur à peu près n’importe laquelle de ses pages que ce que nos grands-parents apprenaient dans leur cursus d’université au grand complet.
Il existe plus d’information accessible sur un champ d’expertise donné que ce que votre cerveau pourrait traiter dans toute votre vie.
Une quantité quasi infinie – puisqu’en constante expansion – de littérature académique et de cours universitaires sont disponibles sur le web. Il existe plus d’information accessible sur un champ d’expertise donné que ce que votre cerveau pourrait traiter dans toute votre vie.
Google a littéralement une base de données qui contient l’équivalent de 250 fois le nombre de livres que contenait la Bibliothèque d’Alexandrie.
Tout ça pour dire que les accès à la connaissance n’ont jamais été aussi nombreux, variés, et peu dispendieux. Je suis convaincu qu’à ce stade-ci, on serait en mesure d’évoluer au-delà d’un système à la limite du carcéral dans ses procédés, surtout quand on considère que 81 % des étudiant.e.s ressentent un état de détresse psychologique élevé. Oui, la pandémie a joué dans cette statistique, mais ça nous en dit quand même long sur la vie d’universitaire.
Savoir quoi faire quand rien n’a de sens
On vit à une époque où tout est possible et rien n’est acquis. Des enfants sont millionnaires grâce à TikTok, des JPEG de singes se vendent pour des sommes absurdes, et plus de gradué.e.s de la maîtrise travaillent chez Starbucks que jamais avant. (J’ai inventé cette dernière information, mais j’ose imaginer que ce n’est pas loin de réalité.)
Un capitalisme chaotique et imprévisible pousse les employeur.e.s à embaucher des professionnel.le.s équipé.e.s d’un « savoir-être » – donc doté.e.s de compétences intangibles comme la communication interpersonnelle et l’ouverture d’esprit.
Contrairement à la capacité à retenir une grande quantité d’information ou à répondre à un ensemble de demandes spécifiques, ces compétences se développent à travers l’expérience vécue et en réaction à des besoins de la vie réelle.
C’est également une tendance qui risque de se poursuivre avec l’adoption de plus en plus répandue des technologies d’intelligence artificielle dans les différentes industries.
La fonction du baccalauréat d’évaluer la validité d’un.e professionnel.le a aujourd’hui fait son temps.
Il semblerait que les machines soient particulièrement efficaces pour se rappeler un paquet d’informations semi-utiles, ce qui laisse plus de place aux humains pour se concentrer sur les tâches plus ambiguës ou qui demandent un plus haut degré d’intelligence émotionnelle.
La flexibilité intellectuelle, la pensée critique, ou la capacité à trouver des solutions créatives à des problèmes imprévisibles et variés seront donc des facultés beaucoup plus valorisées sur le marché du travail qu’elles ne le sont actuellement dans le cadre académique.
Et la connaissance brute, un peu moins.
Et c’est peut-être pas si grave que ça
Ça peut être dur à imaginer, mais l’université n’a pas toujours été présentée comme un tremplin infaillible vers une carrière à six chiffres. Pendant longtemps, les milieux académiques avaient pour responsabilité l’avancement des connaissances et avaient pour fin principale de stimuler et de préserver l’intelligence humaine.
La démocratisation du savoir et une meilleure accessibilité aux études supérieures sont des choses magnifiques. Mais la fonction du baccalauréat d’évaluer la validité d’un.e professionnel.le a aujourd’hui fait son temps.
C’est quelque chose que les entreprises les plus innovantes au monde ont déjà compris, et je souhaite à toutes les personnes qui ne conviennent pas au moule scolaire traditionnel de le comprendre aussi.
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