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Alain Lefebvre: maître de la radio étudiante de Trois-Rivières

Il n'est pas pianiste mais il tripe sur Kiss!

Par
David Ferron
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Au fond du Pavillon de la Vie Étudiante (PaVÉ), sur le campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), se trouve un corridor en «L» près de la Chasse-Galerie, le bistro-bar du campus. Ce corridor abrite un joyau, qui, depuis 1997, est un des précurseurs de carrières prometteuses: Les Trois Accords, Ariane Moffatt et Fanny Bloom de ce monde ont été diffusé-e-s à CFOU 89,1 FM à leurs débuts.

CFOU, c’est le terrain de jeu d’Alain Lefebvre, directeur de la programmation qui y travaille depuis 1996. Amateur fini de Kiss et autres iconoclastes du rock, il a vécu aux premières loges les bouleversements causés par la révolution technologique dans le monde de la musique québécoise.

Depuis 2011, je collabore avec Alain. Que ce soit comme employé du Groupe des médias étudiants de l’UQTR (GME) ou comme animateur-bénévole, je sais toujours où m’enligner avec lui. Si je fais quelque chose qu’il apprécie, il va le dire. Si quelque chose doit être corrigé, il va le dire, expliquer pourquoi. Et quand j’ai occupé le poste de directeur général du GME, je l’ai vu travailler d’arrache-pied, même dans les moments plus difficiles. Bref, je l’ai assez côtoyé pour penser qu’il mérite son 15 minutes de gloire !

«Sans Alain, CFOU 89,1 FM ne serait pas la même. C’«est un peu l’âme de CFOU […] nous sommes vraiment chanceux d’avoir un directeur passionné et expérimenté comme lui.»

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Mais je ne suis pas le seul à trouver que ça vaut la peine de le mettre un petit peu sous les projecteurs. Carol-Ann Tellier, actuelle directrice générale de la radio, est d’accord avec moi : sans Alain, CFOU 89,1 FM ne serait pas la même. C’«est un peu l’âme de CFOU […] nous sommes vraiment chanceux d’avoir un directeur passionné et expérimenté comme lui. CFOU fait partie des références pour les maisons de disques et les artistes indépendants de la région, mais aussi du Québec et des États-Unis.»

Les années passent, mais la musique reste « une passion absolue » pour celui qu’on surnomme le «Rock Master».

Crédit: P. Proulx

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Couteau suisso-trifluvien

Certains parmi vous se demandent sûrement ce que ça mange en hiver un directeur de la programmation. À CFOU 89,1 FM, ça veut dire s’occuper de la sélection des émissions, de la coordination des différents palmarès, de former et superviser l’équipe d’animation. Alain porte aussi le chapeau de producteur, tant pour la conception sonore des publicités que pour l’édition des émissions. Ça fait des journées occupées !

Alain porte aussi le chapeau de producteur, tant pour la conception sonore des publicités que pour l’édition des émissions. Ça fait des journées occupées!

Et pour ceux et celles qui passent la radio, travailler auprès du vétéran peut se révéler être une expérience particulièrement formatrice. François Jacques, connu sous le pseudonyme de «Jacky Pop» se souvient de son passage à la station trifluvienne entre 2000 et 2006. C’est là qu’il a commencé à développer sa personnalité radiophonique, notamment grâce à Alain qui lui avait alors fait remarquer qu’il adoptait un ton cabotin, mais dans le bon sens « et malgré l’expérience de la radio commerciale et les contraintes qui y sont rattachées, je me rappelle souvent ces mots et j’essaie toujours d’être drôle et pertinent en même temps» explique celui qui anime présentement au FM93.

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Parmi la nouvelle génération aussi, on prend des notes. Marc Gagné, est étudiant à l’UQTR et est à la barre de deux émissions, C’est dans ta face et l’émission matinale Debout les hiboux. Pour le polyvalent morning man, c’est comme animateur qu’Alain représente une source d’inspiration. « Son style est authentique, pour moi c’est un bon exemple à suivre », explique-t-il.

L’impact concret d’une radio campus

Marc, aussi membre du band Hibou Hibou, affirme, en mettant son chapeau d’artiste, qu’être diffusé à CFOU c’est créer des contacts et que « le fait d’être entendu dans une radio [comme CFOU 89,1 FM], c’est un plus pour les artistes émergents […] je vois ça comme un privilège. »

Se retrouver dans un palmarès de radio communautaire ou de campus peut faire décoller une carrière. C’est bien souvent là que puisent les radios commerciales pour connaître les tendances et repérer les artistes émergents qui seront éventuellement diffusés sur leur chaîne à plus grande audience.

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Pour les artistes, se tailler une place sur les ondes de radio comme CFOU devient donc un enjeu important, que l’on soit à ses premières armes ou qu’on soit signé avec une compagnie de disque qui se chargera alors d’approcher les directions de programmation musicale.

Solange Drouin, vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l’Association québécoise du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ), ajoute même que «Les radios de campus […] sont des partenaires précieux pour l’industrie musicale en général, et pour les artistes émergents en particulier […] Leur contribution à la diversité musicale est précieuse.»

«C’est spécifiquement le directeur de la programmation qui va avoir une influence déterminée sur la vie musicale d’une région […] Dans le cas d’une station de radio campus, ce sont principalement les animateurs qui vont avoir cette influence.»

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Modeste, Alain ne considère pas que « c’est spécifiquement le directeur de la programmation qui va avoir une influence déterminée sur la vie musicale d’une région […] Dans le cas d’une station de radio campus, ce sont principalement les animateurs qui vont avoir cette influence. Ce sont eux qui vont rejoindre les auditoires ciblés grâce à leur enthousiasme et leur passion.» Et pour ce faire, il faut un directeur de la programmation ouvert d’esprit face à des projets de toutes sortes. C’est le cas du «Rock Master», qui n’hésite pas à mettre de l’avant des pièces dont il n’est pas friand personnellement, mais dont il sait reconnaître les qualités.

Faire vivre l’effet viral…

Dans sa carrière, Alain aura vécu de près la transformation de l’industrie musicale. On a qu’à penser à l’arrivée de la musique en continu et des Spotify de ce monde.

Grâce à des artisans comme lui, les radios campus ne cesseront jamais d’être des pépinières de talents, pour les animateur.trice.s comme pour les artistes.

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Mais plus récemment, l’arrivée d’une « petite grippe » (allo les complotistes !) aussi connu sous le nom de COVID a tout chamboulé… Le studio, tout comme l’université, a dû être fermé et les émissions ont été produites et diffusées à partir de la maison. Tout ça a nécessité une période d’adaptation, mais l’équipe a réussi à poursuivre sa mission.

Au cours des prochains mois, l’un des défis sera d’assurer le recrutement d’étudiant-e-s bénévoles à l’animation dans un contexte de reprise des cours à distance. Ça n’effraie pas Alain pour qui le futur est prometteur et « devrait nous permettre d’attirer de nouveaux projets ! »

Grâce à des artisans comme lui, les radios campus ne cesseront jamais d’être des pépinières de talents, pour les animateur.trice.s comme pour les artistes. Et une source inépuisable de découvertes pour vous les auditeur.trice.s. Alors la prochaine fois que vous passez par Trois-Rivières, où si vous y habitez, syntonisez CFOU 89,1 FM Et prenez un moment pour saluer intérieurement Alain !

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