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Acheter son épicerie en groupe pour faire du bien à son portefeuille… et à la planète

Trouvez votre gang, achetez de la bouffe ensemble et évitez les files d'attente à l'épicerie.

Par
Raphaëlle Drouin
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Faire l’épicerie en 2020, c’est pas mal différent. Avec les masques, les flèches par terre et le spectre constant du virus qui nous guette à chaque fois qu’on touche à une canne de pois chiches (bon peut-être pas), ce n’est pas la chose la plus reposante.

Pour plusieurs, faire l’épicerie est devenu une source d’angoisse et avec le coût du panier qui n’arrête pas d’augmenter (même encore plus en 2020, surtout parce que la chaîne d’approvisionnement alimentaire a été pas mal chamboulée), on est quelques-uns à se demander s’il n’y a pas d’autres moyens de se procurer notre bouffe.

Je me suis donc intéressée au concept de groupe d’achats, pour voir si les gens qui font leur épicerie en gang avaient trouvé le Saint Graal de «faire ses commissions».

La force du nombre

Ça ne prend pas un bac en comptabilité pour savoir que plus on achète de quelque chose, moins ça nous coûte cher. C’est sur ce principe bien simple qu’ont été créés les groupes d’achats.

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«Le but, c’est de regrouper la capacité de payer des gens dans le même bas de laine, pour par la suite dépenser cet argent-là de la manière la plus efficace possible», m’explique Guillaume Pronovost coordonnateur de la Table de concertation communautaire de Mirabel et responsable du groupe d’achat de la Ville.

«On n’a pas d’intermédiaire comme les épiceries, ce qui fait qu’on est capable de sauver une bonne marge de profit.»

Guillaume prend donc chaque semaine les inscriptions de ceux qui veulent participer au groupe d’achat. Il fait ensuite affaire avec un petit distributeur, qui fournit habituellement directement à des restaurants, pour concocter des paniers de fruits et légumes.

«Nous on n’a pas d’intermédiaire comme les épiceries», me dit le responsable. «Ce qui fait qu’on est capable de sauver une marge de profit. Et puisque c’est à but non lucratif, si j’ai 1000$ à dépenser, je dépense 1000$. L’objectif est de rendre la valeur du panier la plus grande possible pour ceux qui payent.»

Même s’ils existent depuis des années, les groupes d’achats restent encore méconnus. Mais avec la pandémie, Guillaume a constaté une hausse des demandes.

Dans les dernières années, les livraisons se faisaient aux deux semaines et prenaient une pause pendant l’été. Sauf qu’avec l’engouement des derniers mois, il a pu faire des paniers chaque semaine au printemps et a poursuivi le service deux fois par mois au cours de l’été.

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Économiser, c’est pour tout le monde

La pandémie a frappé fort dans pas mal de secteurs et la précarité se fait sentir encore plus que jamais, si on se fie aux banques alimentaires qui peinent à fournir à la demande ces temps-ci.

«Le coût du panier d’épicerie a passablement augmenté ces dernières années et est appelé à augmenter encore. Il y a quand même beaucoup de gens qui ne sont pas nécessairement en grands moyens financiers, mais qui n’ont pas non plus accès au dépannage alimentaire», précise Guillaume Pronovost.

L’organisme la Courtepointe permet aux participants de son groupe d’achat de faire des économies de 30 à 40% sur les fruits et légumes.

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Parce que ce n’est pas tout le monde qui peut bénéficier des banques alimentaires. Pour ceux qui sont un peu plus en moyens, mais tout de même serrés, les groupes d’achat peuvent donc être une bonne manière de sauver de l’argent sans sacrifier une alimentation saine (parce qu’on va se le dire, ce qui coûte le moins cher en épicerie, c’est pas ce qui est le plus santé).

L’organisme communautaire la Courtepointe, situé à Québec, permet par exemple aux participants de son groupe d’achat de faire des économies de 30 à 40% sur les fruits et légumes qu’ils achèteraient normalement en épicerie.

Comme Guillaume, Stéphanie Jones n’a pas de restrictions concernant qui peut participer au groupe d’achat. Sa clientèle est donc assez variée: «Il y a, oui, des gens assez défavorisés, mais il y a aussi pas mal de familles de la classe moyenne.»

Parce qu’un panier d’épicerie, ça coûte cher pour tout le monde. L’an dernier, des chercheurs en alimentation prédisaient que la famille moyenne (deux adultes et deux adolescents) dépenserait environ 12 667$ en 2020 pour se nourrir et prévoyaient une hausse de 12% du prix des légumes.

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Faire du bien à la planète

Au-delà des économies, les groupes d’achat sont aussi souvent utilisés par ceux qui souhaitent consommer de manière plus écoresponsable. C’est par cette volonté qu’est né le tout premier groupe d’achat de NousRire.

«Au départ, c’était trois colocs qui en avaient assez de payer trop cher pour des aliments suremballés et qui ont décidé de partir un groupe d’achat entre eux et avec leurs amis», m’explique la porte-parole Marion Demers.

«On a tout un tas de critères pour le choix de nos producteurs et nos fournisseurs. Le plus possible, on achète localement.»

La première distribution de «paniers» s’est faite dans le salon de leur appartement. À chaque commande, le projet a grandi et accumulé les participants. Cinq ans plus tard, NousRire est devenu une véritable entreprise, qui gère 19 «cellules» de groupes d’achat un peu partout à travers le Québec.

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En plus de fruits et légumes, les participants peuvent aussi commander d’autres produits comme des noix, du café ou des condiments.

En phase avec le mouvement zéro déchet, ces produits sont habituellement achetés puis redistribués en vrac. Avec la crise sanitaire, l’organisme a dû commencer à emballer ses items, mais compte revenir à son ancienne méthode bientôt.

Le souci de l’environnement se fait aussi sentir dans la sélection des produits: «on a tout un tas de critères pour le choix de nos producteurs et nos fournisseurs. Le plus possible, on achète localement. Mais on fait aussi affaire avec d’autres distributeurs pour des produits qui viennent d’ailleurs», m’explique Marion.

Une affaire de communauté

Mais au-delà d’une liste de critères, les groupes d’achats de NousRire fonctionnent surtout selon les demandes des participants. «C’est une formule participative. Le groupe repose beaucoup sur l’implication bénévole. Ce n’est pas une obligation, il n’y a pas d’heures minimums, mais c’est comme ça que le groupe peut vivre donc on invite les gens à le faire», indique la porte-parole.

«Il y a comme une ouverture à l’entraide. Les gens veulent aussi de plus en plus savoir d’où vient ce qu’ils mangent et participer à l’économie.»

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À la Courtepointe, on mise aussi beaucoup sur le volet communautaire. Habituellement, les participants se réunissent pour discuter de ce qu’ils souhaitent avoir dans leur prochain panier ou échanger des recettes. Stéphanie se désole un peu que la COVID-19 soit venue mettre un frein à ces séances de socialisation, mais elle estime que l’attrait du groupe d’achat demeure.

«Il y a comme une ouverture un peu plus à l’entraide. Les gens veulent aussi de plus en plus savoir d’où vient ce qu’ils mangent et veulent participer à l’économie», précise-t-elle. «Il y a beaucoup plus d’alternatives alimentaires aujourd’hui que je dirais il y a 5 ans ou 10 ans.»

Il existe des groupes d’achats un peu partout au Québec. Certains sont plus formels, souvent chapeautés par des organismes communautaires, tandis que d’autres sont tout simplement composés de voisins et d’amis qui veulent s’entraider.

Que ce soit pour sauver de l’argent, acheter plus local, bio, zéro déchet ou tout simplement pour renforcer le sentiment de communauté autour de chez nous, il y a plein de raisons différentes de participer à un groupe d’achat (surtout qu’en ce moment, tous les moyens sont bons pour se faire de nouveaux amis).

Bref, si vous tentez le coup, donnez-moi en des nouvelles!

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