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Abri Tempo : il rend vos hivers plus faciles (ou plus laids) depuis 50 ans
Le week-end dernier a marqué le début d’une période sombre pour plusieurs personnes. En plus du (désuet) changement d’heure, c’est aussi à ce moment qu’ont commencé à être installés les mythiques abris temporaires pour voitures. Instantanément reconnaissables et très controversés, ils peuplent nos rues chaque hiver depuis un demi-siècle. Pourtant, on en sait relativement peu sur Tempo, même si l’entreprise québécoise fait tellement partie de nos vies que, comme Kleenex ou Frigidaire, on utilise « abris Tempo » dans le langage courant pour décrire tous les abris d’auto.
Alors que mes concitoyen.ne.s débattent de leurs mérites esthétiques, ou du fait qu’ils participeraient au « culte de l’automobile », je voulais en savoir plus sur l’entreprise, et les gens derrière. J’ai donc appelé Richard Boisclair, président de Tempo depuis maintenant deux ans.
Un luxe devenu accessible
« Tout a commencé en 1971 avec un monsieur qui s’appelle Carol Audet, m’explique Boisclair. Il a vu une opportunité dans le marché et a commencé à concevoir des abris “temporaires” pour les automobiles, d’où le nom “Tempo”. Après presque 40 ans comme président de l’entreprise, il l’a vendue en 2010 à Ghislain Perron, qui me l’a revendue il y a deux ans. »
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Bien entendu, en 50 ans, l’entreprise a connu des changements. À un moment, elle s’est lancée dans la conception de piscines temporaires, ou encore de gazebo. Mais comme me l’explique le nouveau propriétaire de Tempo, la compagnie finit toujours par revenir à la base pour se concentrer sur son activité principale : les abris temporaires. « En ce moment, on a trois champs d’activité : les abris pour voiture, des abris pour bateau et véhicules récréatifs, ainsi que Candock, avec laquelle on construit des quais temporaires en plastique, énumère le président. Ça permet de garder une partie de l’équipe occupée en dehors de la saison d’hiver. »
Si Tempo résonne autant avec le public québécois, c’est qu’elle a complètement changé l’expérience d’être propriétaire de voiture en hiver. De ne pas avoir à déblayer son auto chaque matin, pour ensuite conduire avec une vitre embuée au froid dans la noirceur matinale, c’était un luxe réservé aux gens avec un garage intérieur suffisamment grand. Maintenant, pour un prix très raisonnable, les citadin.ne.s ont une solution à plusieurs de leurs maux.
Toujours le même bon vieux produit
Aujourd’hui, d’autres compagnies vendent des abris temporaires, mais au Québec, c’est Tempo! « On a souvent des gens qui viennent nous voir avec des pièces d’abris qu’ils ont achetés en ligne ou chez d’autres marchands. Ils ne savent même pas que ce qu’ils ont acheté ne vient pas de chez nous. Dans la tête des gens, un abri temporaire, c’est forcément un Tempo! », s’exclame Richard Boisclair, en faisant remarquer au passage que certains de ses compétiteurs peu scrupuleux aiment bien miser sur la confusion des gens.
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Mais qu’est-ce qui différencie un abri quelconque, fabriqué à l’autre bout du monde, de ceux de l’entreprise québécoise? « On manufacture tout nous-même, explique le patron. On moule et coupe le métal renforcé pour nos structures, on tisse nos propres toiles. Ça fait que même si le client revient des années plus tard, la pièce à changer sera la même. »
C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé l’entrepreneur à acheter la compagnie : la stabilité. Le produit reste essentiellement le même, tout comme la demande, d’ailleurs. Les abris temporaires se ressemblent presque tous, niveau structure; c’est la taille qui varie. Et pour les municipalités qui les autorisent, c’est important qu’ils soient constants.
Toutefois, c’est aussi ce qui fait que d’autres municipalités les ont rendus illégaux. Les citoyen.ne.s jugent, comme c’est le cas à Saint-Lambert, que les abris temporaires seraient laids, voire qu’ils causeraient de la pollution visuelle. Quel regard pose donc le président de la compagnie sur l’avis des gens quant à la beauté des abris? « On s’entend qu’un abri Tempo, c’est un mal nécessaire, confie-t-il. C’est pas le coup de cœur de tous les Québécois, mais ceux qui en ont un savent qu’on en utilise un parce que c’est super utile, dans des moments de tempête. »
Du karting aux abris temporaires
En plus de la constance de la compagnie, Richard Boisclair était aussi attiré par l’idée de diriger un fleuron québécois. Pourtant, l’entrepreneur n’oeuvrait pas du tout dans le milieu des abris pour automobile. Après une vingtaine d’années dans le secteur du mobilier de bureau, il s’est retrouvé à la tête du plus grand fournisseur de produits de karting en Amérique du Nord, en plus d’être le plus grand promoteur d’événements de karting! Installé sous le soleil de la Floride depuis 2011, rien ne laissait présager que Boisclair rentrerait un jour au Québec pour devenir Monsieur Tempo.
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« Quand on est entrepreneur, on cherche une business qui répond à un problème, mentionne-t-il. Mais on se demande aussi comment elle va évoluer, et comment elle sera perçue par le public. Moi, ce qui m’a attiré vers cette compagnie, c’est la force du nom. Tempo, ça a une très grande valeur aux yeux des Québécois. Ça a une réputation de qualité et de longévité. »
Si l’entreprise a été légèrement affectée par les pénuries mondiales et les délais dans les chaînes de transport, les opérations de Tempo roulent bien cette année. Et à travers la pandémie, le nouveau PDG a su guider son équipe pour continuer à produire plusieurs dizaines de milliers d’abris. « Avec les snowbirds qui n’ont pas pu descendre en Floride depuis presque deux ans, il y en a beaucoup qui ont dû se tourner vers nos abris pour protéger leur voiture pendant l’hiver », souligne-t-il.
Le manque de main-d’œuvre touche également Tempo, comme plusieurs autres entreprises. C’est d’ailleurs, selon le dirigeant, le plus gros défi auquel il a dû faire face depuis qu’il a repris l’entreprise. La direction a donc décidé de se concentrer sur ses employé.e.s déjà à l’embauche. « On a augmenté tous nos salaires, on a organisé un grand tailgate cet été pour célébrer nos 50 ans, où on a honoré nos membres dont certains sont là depuis plus de 30 ans, raconte Boisclair. Même nos employés saisonniers, on leur offre du travail à l’année, s’ils le souhaitent. »
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Bien que la relative stabilité de l’entreprise soit l’un des facteurs qui ont poussé Richard Boisclair à faire l’acquisition de Tempo, il entend être tout sauf un dirigeant passif. D’ailleurs, lorsque l’on mène notre discussion, il est en chemin vers l’École d’entrepreneurship de Beauce, où il entame un retour sur les bancs d’école. « C’est vraiment ce que j’aime faire, dit-il. Je veux me challenger, et je planifie devoir être très présent pour Tempo pour au moins les 18 prochains mois, avant de pouvoir prendre un peu de recul. »
Un demi-siècle dans le paysage québécois, ce n’est pas rien! Et Richard Boisclair met le jeu sur table pour que les abris Tempo perdurent encore au moins un autre 50 ans. « Je veux continuer à être le leader de l’industrie, c’est sûr, affirme-t-il. Je veux continuer à prendre de l’expansion, et améliorer nos processus et notre système de gestion d’entreprise. »
« On a beaucoup travaillé sur notre service à la clientèle; l’année dernière on pouvait recevoir jusqu’à 5 000 appels par jour, on n’était pas capables de prendre tous les appels, poursuit-il. Cette année on a tout changé, en mettant nos prix sur le site, et il n’y a pas un appel auquel on ne répond pas. Et surtout, je veux continuer d’avoir des employés dédiés, comme on a en ce moment. »
Pour ce faire, l’entreprise s’est dotée d’un nouveau slogan, sous son nouveau président : « Tempo, le seul, le vrai, l’unique abri d’auto. » Bien que des gens aient encore leurs réserves quant à la beauté des abris temporaires, force est d’admettre que leur utilité a fait ses preuves. Et tant qu’il y aura de la neige, il y aura des Tempo!
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Parce qu’il est temps de se réconcilier avec les abris temporaires, lisez notre Ode à l’abri tempo, ce mal-aimé.