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À la chasse aux dopés

Au coeur du laboratoire blindé de l'INRS qui fait trembler les athlètes.

Par
Emilie Boutet
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À l’INRS, c’est pas rare pour un étudiant de signer des ententes de confidentialités et de travailler sur des projets top secret vu que beaucoup de recherche s’y fait en partenariat avec des entreprises privées. Mais les secrets les mieux gardés de la place sont sans aucun doute ceux du Laboratoire de contrôle du dopage, dirigé par Christiane Ayotte.

Quand Carey Price ou LeBron James font pipi dans un petit tube en plastique, il y a des grandes chances que leur échantillon se retrouve au laboratoire de l’INRS, ici même à Laval.

Ce laboratoire, situé au Centre Armand-Frappier à Laval, est le seul accrédité par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) au Canada. On y analyse plus de 35 000 échantillons d’urine et de sang chaque année, qui viennent des grandes ligues sportives professionnelles (LNH, NBA et compagnie), mais aussi de tous les athlètes du programme olympique canadien. Quand Carey Price ou LeBron James font pipi dans un petit tube en plastique, il y a des grandes chances que leur échantillon se retrouve au laboratoire de l’INRS, ici même à Laval.

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Une directrice qui a la flamme

Ça fait plus de 30 ans que Christiane Ayotte baigne dans l’antidopage. Quand Ben Johnson a fracassé son propre record du monde au 100 mètres en 9,79 secondes aux Jeux de Séoul en 1988, elle était déjà associée de recherche au laboratoire. Elle n’a jamais oublié « ses » premiers tests positifs : ceux de deux haltérophiles canadiens aux Jeux Panaméricains de 1983, à Caracas, d’autant plus qu’un des échantillons appartenait au Québécois Jacques Demers.

Le laboratoire, qu’elle dirige depuis 1991, travaille sur deux fronts à la fois : d’une part, l’analyse des milliers d’échantillons, et de l’autre, la recherche pour faire évoluer les méthodes de dépistage. À tous les scandales, la lutte progresse. C’est un vrai jeu de chat et de la souris : pendant que les produits dopants changent et que la quantité prise diminue, les méthodes de détection s’affinent.

« On n’a pas le droit à l’erreur ». La carrière de ces athlètes est dans les mains du laboratoire.

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Pour que les analyses soient objectives, tous les échantillons sont anonymes. « Je peux faire face au meilleur au monde qui va perdre des millions de dollars ou à un athlète moins connu », explique Christiane Ayotte. Mais dans tous les cas, « on n’a pas le droit à l’erreur ». La carrière de ces athlètes est dans les mains du laboratoire.

Un faux positif serait aussi absolument désastreux pour le laboratoire. C’est pourquoi tous les échantillons sont analysés deux fois. Les spécimens sont même gardés dans d’immenses congélateurs pendant 10 ans, au cas où de nouvelles méthodes de dépistage soient développées ou encore que des échantillons doivent être analysés de nouveau.

Les tricheurs du futur

Preuve que les secrets de l’antidopage sont précieux, seuls les étudiants et employés qui y travaillent ont accès au Laboratoire. On y entre grâce à des cartes d’accès différentes de celles utilisées dans le reste de l’Institut. Les échantillons sont gardés dans des congélateurs barrés à clé. Le travail se fait même sur différents serveurs afin d’éviter au maximum le vol de données.

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Catherine Amireault a fait sa maîtrise sous la direction de Christiane Ayotte. Son projet portait sur de nouvelles molécules appelées métabolites sulfoconjugués, des composés qui restent dans l’urine plusieurs semaines après la prise de stéroïdes. Elle a donc analysé d’anciens échantillons d’athlètes qui avaient donné leur consentement pour qu’ils servent à la recherche. « C’est vraiment intéressant de travailler sur un projet qui pourrait faire avancer les méthodes d’analyses », affirme-t-elle. Même s’il reste encore du travail à faire, elle aime penser que ses efforts pourraient contribuer à pincer des tricheurs un jour !