909 UPCYCLING: TRANSFORMER DES TENTES EN VESTES 

En 2020, en pleine pandémie, les amis d’enfance Romain Coll et Léo Moja ont fait le pari fou de se lancer en affaires. Ils cherchaient d’abord à acquérir de la liberté, mais surtout à travailler sur un projet stimulant qui aurait un impact significatif. Ils avaient alors 25 ans.

C’est avec Léo que j’ai eu le bonheur d’échanger alors que ma journée de travail commençait et que la sienne s’achevait. À travers un écran, il m’a fait découvrir les bureaux de 909 UPCYCLING nichés à Saint-Étienne, en France, ville berceau d’un savoir-faire textile français, située à 3 heures de route de Chamonix, en Haute-Savoie.

Malgré les pixels qui nous séparaient, je pouvais voir ses yeux briller. J’ai tout de suite senti sa fierté de copiloter ce projet tant novateur. Sans attendre, Léo m’a avoué avoir longtemps cherché une manière de mettre sur le marché un produit issu du upcycling.

Après plusieurs mois de recherche, Léo et Romain constatent qu’aucun projet ne s’était encore intéressé aux toiles de tente qui finissent souvent aux poubelles. S’il y a eu des produits générés à partir de pneus, de bâches de camion, de voiles de bateau et de parachutes, rien n’a été fait à partir du fidèle compagnon de camping. Constatant que la voie était libre, les échanges de ping-pong entre les deux amis ont débuté :

Léo (penseur) : Je propose qu’on se penche sur la toile de tente.

Romain (intrigué) : Pas bête!

Léo (inspiré) : Au fond, de la toile, c’est du tissu. Il y a sans doute quelque chose à puiser par là.

Romain (complètement inspiré) : Non seulement ça, mais du tissu de tente, c’est un tissu imperméable et isolant. On pourrait en faire un vêtement. Le genre de vêtement que toi et moi portons lors de nos sorties en plein air.

(Léo crie au génie).

Fin

Au fil de leurs échanges, les amis réalisent que le projet le plus intéressant demeure celui de créer une veste imperméable, coupe-vent, mixte et résistante qui leur permettrait de jouer dehors en tout confort. Cue la naissance de 909 UPCYCLING. On est maintenant en 2022.

Le coup d’envoi est lancé et la recherche des tentes abîmées, désuètes ou défectueuses s’amorce. Les amis remplissent une fourgonnette de vieilles tentes et se mettent à bricoler. Les futurs entrepreneurs récupèrent toutes les parties de ces premières tentes pour fabriquer un premier manteau de type softshell.

909 UPCYCLING repose donc sur l’idée qu’une bonne tente est imperméable, et offre plusieurs mètres carrés de tissu technique capable de faire de bons vêtements. Même si une tente est en fin de vie, nombre de ses composants restent encore intacts, et c’est en plein ce que les amis recherchent pour concevoir leurs vêtements légers et protecteurs.

Depuis 2022, des tentes défectueuses sont acheminées dans leur atelier en Haute-Savoie où elles sont triées. Après le désassemblage, leur tissu imperméable est retiré, lavé, puis trié par grammage, couleur et taille.

Les piles de toiles de tente propres sont ensuite envoyées à Saint-Étienne pour être contrôlées. Elles sont repassées, puis allouées à la production d’un modèle. C’est là qu’un véritable casse-tête commence pour créer le plan de coupe.

Enfin, les tissus surcyclés sont envoyés aux ateliers de confection situés en France et en Tunisie, avec tous les autres composants nécessaires à la fabrication des vestes. Léo me confie qu’avec le tissu d’une tente deux places, il est en mesure de concevoir deux manteaux.

Pour l’instant, l’offre de 909 UPCYCLING est composée de tee-shirts fabriqués à partir de chutes en coton biologique, des fameux softshells, de vestes imperméables aussi fabriquées en toiles de tente et de casquettes conçues en partie avec des moustiquaires récupérés des tentes. Les produits peuvent être expédiés au Québec.

Notre entretien se termine. Inspirée, je constate que ce qu’ils ont créé est bien plus qu’une marque ; c’est une vision pour un futur dans lequel j’ai espoir. Au fond, Romain et Léo invitent chacun de nous à repenser nos habitudes de consommation et à voir le potentiel caché de ce qui pourrait autrement être considéré comme des déchets. L’aventure des deux amis ne fait que commencer, et elle nous inspire à trouver nos propres façons de contribuer à un avenir plus vert.

Chapeau, les gars!

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