À 19 ans, quand j’ai hérité d’une petite somme suite au décès de ma grand-mère, je ne savais pas du tout quoi en faire. J’en ai confié la gestion au même conseiller en placements qui gérait ses avoirs, sans trop me poser de questions.
Avec les années – et les changements de conseillers – j’ai fini par comprendre que même accompagnée par un professionnel de la finance, il faut avoir une idée d’où on s’en va pour être servi adéquatement.
Quelle stratégie adopter pour être gagnant quand on commence à investir, seul ou avec un conseiller? J’en ai parlé avec Daniel Côté, CSF et fondateur de L’Atelier financier, pour savoir quelles sont les erreurs à éviter afin d’en avoir le plus possible pour son argent.
#1. Investir sans plan
« Il y a des gens qui se disent : “OK, go, j’investis!, relate Daniel Côté. Mais c’est important de se demander pourquoi on investit. Oui, c’est pour faire de l’argent, mais est-ce que c’est pour financer l’achat d’une maison, d’une voiture, pour prendre sa retraite? La réponse à cette question va influencer le type de placement et sa durée dans le temps. »
« Aussi, quel est votre budget? Quelle est votre tolérance au risque? Quels véhicules souhaitez-vous privilégier? Investir pour acheter une maison ou pour acheter un véhicule, ça ne nécessite pas le même budget », souligne le conseiller financier.
Selon lui, sans objectif ni plan à moyen ou long terme, bref, sans stratégie d’investissement, les nouveaux investisseurs se placent eux-mêmes en situation d’échec. « Il ne faut pas investir dans n’importe quoi, parce que vous allez finir par perdre de l’argent, plaide-t-il. Et avoir un objectif clair et établi exige de la discipline. »
Dans le même ordre d’idées, ce plan doit être revu de manière ponctuelle pour s’adapter aux changements dans votre vie. « Réviser son portefeuille de placements ou sa stratégie d’investissement, c’est super important, affirme M. Côté. Si vous achetez une maison ou que vous avez des enfants, la donne va changer, et c’est important d’ajuster votre budget et votre stratégie en fonction de tout cela. »
#2. Confondre diversification et éparpillement
Ceux qui s’intéressent un peu ou pas mal à la finance savent déjà qu’il est primordial de diversifier ses placements pour en maximiser le rendement.
Cela ne signifie toutefois pas d’investir à gauche et à droite sans stratégie.
« Ce que ça signifie, c’est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, c’est-à-dire de ne pas tout investir dans le même type de produit ou dans le même secteur, résume Daniel Côté. Ça peut être des placements diversifiés géographiquement, dans différents types de comptes, dans différents secteurs. »
« La vraie diversification, c’est avoir une stratégie pensée. À partir de ton capital, dans différentes catégories d’actifs et différents secteurs. C’est en fonction de ton profil de risque, poursuit-il. S’éparpiller, c’est, par exemple, quelqu’un qui a des REER dans plusieurs institutions financières. »
Des placements diversifiés vous permettront d’être plus résilient face aux aléas de la bourse. Ainsi, si un type de placement perd de la valeur, les autres pourraient générer un meilleur rendement au même moment, ce qui limitera vos pertes.
#3. Ignorer son niveau de risque
Connaître sa tolérance au risque, savoir sa réaction face aux variations de la bourse, fait partie des ingrédients essentiels à une bonne stratégie de placement, relève Daniel Côté : la proportion d’investissements plus prudents variera selon ce niveau.
Bon nombre d’investisseurs novices surestiment leur tolérance au risque jusqu’à ce qu’ils constatent des pertes sur leurs placements. « Quand ça va bien, ça va! Mais c’est quand les marchés chutent qu’on saisit notre niveau de tolérance, illustre-t-il. Investir sans connaître ce niveau, ça revient à conduire sans savoir à quelle vitesse on peut freiner. »
Parce que oui, dans certains cas, des placements offrent des rendements rapides, mais c’est surtout sur le long terme que le profit se pointe le bout du nez. « Et il y a des gens qui n’arrivent plus à dormir quand ils perdent quelques pourcents sur leur investissement », reconnaît M. Côté.
Selon lui, tout est une question d’éducation. « Il existe des outils pour connaître sa tolérance au risque. Sinon, une rencontre avec un professionnel permet aussi de la déterminer. »
#4. Négliger ses liquidités et l’horizon de placement
C’est plutôt rare qu’un investissement double du jour au lendemain. Pour faire fructifier son argent, il faut lui laisser le temps de faire son chemin, prévient Daniel Côté.
« Le temps est notre meilleur allié, mais peu de gens le comprennent, dit-il. Ils s’imaginent devenir millionnaires en trois mois avec un investissement de 2000 $, mais ça ne fonctionne pas comme ça. »
« Il faut plutôt définir un horizon de placement, poursuit-il. Combien de temps placez-vous cet argent, et qu’avez-vous de côté pour votre sécurité financière si ça ne fonctionne pas? Je dis toujours qu’il faut un plan A et un plan B qui est fort. »
Dans le même ordre d’idées, sortir trop rapidement du marché pendant une baisse des taux peut être une erreur, même si l’objectif est de limiter les pertes. « En sortant du marché, vous vous déclarez automatiquement perdant, et vous ne pourrez pas regagner ce que vous avez perdu, alors que si vous êtes patient, il est possible que ça remonte et que vous récupériez une partie ou la totalité de la somme », indique le conseiller financier.
#4. Investir selon les tendances et les « conseils de corridor »
Daniel Côté met les investisseurs néophytes en garde contre les placements miracle prônés par certaines personnes, voire certains influenceurs qui encouragent à investir dans certains produits sans vraiment savoir de quoi ils parlent.
« Pour moi, ça reviendrait à demander quelle voiture acheter à un mononcle qui n’a pas de permis de conduire, illustre le conseiller financier. En finance, beaucoup de gens font la même erreur : ils vont prendre conseil auprès de personnes qui ne sont pas qualifiées ou vont suivre un mouvement dont ils ont entendu parler, sans faire de vérifications préalables. »
Par vérifications, le conseiller parle de s’assurer que la personne qui vous conseille est formée à cet effet, qu’elle a de l’expérience ou qu’elle est accréditée par l’Autorité des marchés financiers ou si elle est associée à un cabinet de courtage en placements.
#5. Négliger la fiscalité entourant les investissements
Eh oui, même si vous investissez de l’argent sur lequel vous avez déjà payé de l’impôt, les gains en capital sont imposables.
Ainsi, si vous faites des profits sur votre investissement et que vous choisissez de retirer cet argent pour en profiter, le fisc réclamera sa juste part.
« C’est une erreur que je vois surtout chez les 30-35 ans, note Daniel Côté. Il faut toujours s’informer des impacts fiscaux des placements. »
« C’est comme pour les REER, ajoute-t-il. Chaque année, les contribuables ont un plafond, c’est-à-dire un maximum qu’ils peuvent cotiser dans leur REER. S’ils placent davantage, il y aura une pénalité financière. »
C’est pour cette raison qu’il faut investir dans des véhicules qui sont adaptés à notre situation, prêche-t-il. Et pour savoir lesquels sont les plus appropriés, un brin d’information s’impose.
#6. Laisser ses émotions guider son portefeuille
« Les gens n’imaginent pas à quel point les émotions, quand il est question de placements, peuvent jouer un rôle important dans la réussite, mais aussi dans l’échec », relève le conseiller financier, ajoutant que les émotions sont les pires conseillères en finance.
« Quand on laisse la peur ou la cupidité nous gagner, on peut faire des erreurs. Il est beaucoup plus important d’avoir un plan et la discipline pour le suivre. Parce que les marchés récompensent la patience, pas la panique. »
#7. Magasiner les frais de gestion plutôt que les rendements potentiels
Bon nombre d’investisseurs qui se lancent choisissent les véhicules de placement les moins chers, à savoir ceux dont les frais de gestion sont moins élevés.
C’est une erreur parce qu’en fin de compte, ces quelques sous pourraient vous permettre de gagner gros, estime Daniel Côté.
« Les frais de gestion sont là pour une chose : être accompagné par des professionnels, des gens qui vont réagir aux fluctuations du marché et qui veillent à vos intérêts, dit-il. Il faut considérer le tout comme un investissement. »
Selon lui, privilégier les investissements les plus prometteurs, sans égard aux frais de gestion, peuvent vous enrichir sur quelques décennies. « Juste 2 % par année, sur vingt ans, ça peut équivaloir à des centaines de milliers de dollars en plus ou en moins dans vos poches », illustre-t-il.
#8. Penser qu’il faut être riche avant d’investir
Au contraire, plaide Daniel Côté, il ne faut surtout pas attendre. Chaque dollar commence à travailler pour nous dès qu’on l’investit, et c’est pourquoi il vaut mieux investir le plus tôt possible, même s’il ne s’agit que d’un montant modeste.
C’est là toute la magie des intérêts composés. « On n’imagine même pas où 50 $ par mois peut vous amener pendant 25 ou 30 ans, même si c’est tout ce que vous pouvez vous permettre d’investir », dit-il.
Ainsi, il vaut mieux commencer à investir quelques dollars à chaque paie ou chaque mois, et l’accumulation générera des intérêts pour vous à long terme.
#9. Investir un seul gros montant, une fois par année
Comme votre argent travaille pour vous dès qu’il est investi, il est contreproductif d’attendre d’avoir une somme substantielle pour la placer, une fois par année, plutôt que de l’investir au fur et à mesure, indique Daniel Côté.
« Quelqu’un qui décide d’investir 10 000 $ en septembre aura un moins gros rendement au bout d’une année qu’une personne qui a placé 1 000 $ par mois, de janvier à octobre », illustre le conseiller financier.
Encore là, ce sont les intérêts composés qui changent la donne. En somme, si vous prévoyez investir de l’argent, inutile de le faire dormir dans un compte d’épargne ou dans un compte chèque.
Aux dires de Daniel Côté, les prélèvements automatiques sont très efficaces pour maximiser sa stratégie d’investissement.
Mais le mot d’ordre, pour bien réussir ses investissements, c’est de s’informer et de s’éduquer. « On ne le dira jamais assez, renchérit le conseiller. Il faut s’informer, et il faut s’informer au bon endroit. Et si vous n’êtes pas sûr, demandez un deuxième avis! »
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