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6 questions à une thru-hikeuse d’ici sur la Pacific Crest Trail

Catherine Turgy prend une pause pour nous parler en direct de sa randonnée d’une demi-année.

Par
Catherine Perron
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Pour Catherine Turgy, qui a entamé son périple en mars, traverser les États-Unis au complet du sud au nord à pied sur la Pacific Crest Trail (PCT) n’avait rien de trop ambitieux.

Cette randonnée extrême de l’Ouest américain, popularisée entre autres par l’écrivaine Cheryl Strayed avec son roman Wild et le film du même nom réalisé par le regretté Jean-Marc Vallée, a marqué l’imaginaire. Pour Catherine, qu’on surnomme Stitch sur le sentier grâce à sa passion du tricot, il s’agit surtout d’un défi de dépassement de soi et d’amour profond de la vie à l’extérieur.

Amatrice de thru-hike, une discipline qui nécessite de faire la traversée de bout en bout d’un sentier de randonnée de longue distance, Catherine est aujourd’hui en Oregon après avoir marché toute la Californie, soit 3180 kilomètres jusqu’à présent, en autonomie complète. Adoptant maintenant un rythme d’un marathon par jour, soit plus d’une quarantaine de kilomètres (l’équivalent de marcher l’île de Montréal d’ouest en est), elle s’arrête pour nous livrer les détails de son aventure.

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En 2020, tu as parcouru les 1650 km du Sentier national du Québec avant d’entamer la PCT. Qu’est-ce qui t’a donné l’étincelle, le déclic de dire « Go, je me lance pour une première randonnée de très longue durée »?

C’est quand j’ai fait ma première randonnée solo d’une semaine que je me suis rendu compte que je n’en avais pas eu assez. J’ai rencontré des gens qui m’ont parlé de la AT (Appalachian Trail, dans l’Est américain). Je me suis donné comme objectif de réaliser cette première longue randonnée en 2020, mais j’ai dû abandonner en raison de la pandémie. J’ai donc choisi d’accomplir le Sentier national à la place. C’était certainement un excellent entraînement de marche pour cette année!

Dans la rando en autonomie, c’est la longueur du défi qui m’allume. La PCT, c’est 4200 km, donc il y a l’inconnu, le fait de ne pas pouvoir dire : « À telle date, je vais arriver au bout. » C’est exaltant de ne pas savoir si on va réussir à se rendre à la fin, et surtout, d’avoir l’infini à marcher.

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D’ailleurs, pourquoi avoir choisi la PCT plutôt qu’une autre randonnée?

Avec les changements climatiques, je savais que la période où l’on peut parcourir la PCT sans une chaleur trop extrême se raccourcit de plus en plus chaque année, donc je voulais m’y frotter avant qu’il soit trop tard. C’est triste, parce que je constate déjà les répercussions néfastes de ces changements sur la trail. Il ne se passe pas deux jours sans que je ne perçoive les ravages d’un feu de forêt. De l’avoir devant soi, ça frappe.

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Ensuite, je voulais expérimenter un relief différent de celui du Québec, qui est plus prononcé et rocailleux. Je tombe sur des paysages absolument magnifiques, du désert à la montagne enneigée, comme ici à Crater Lake avec l’un des plus beaux levers de soleil que j’ai vus.

Qu’est-ce qui t’a le plus surprise une fois arrivée sur la PCT?

Même si j’étais bien préparée, je dirais surtout que c’est le risque constant de déshydratation.

Je savais que les déserts de Californie recelaient un grand danger de coup de chaleur et de manque d’eau. Mais même en débutant ma randonnée très tôt, soit à la fin de l’hiver, je n’imaginais pas que ce serait intense au point que je doive parfois traîner mon eau pendant trois jours jusqu’au prochain point de ravitaillement.

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Au moins, j’ai été chanceuse de ne pas avoir eu de problème à ce sujet à date! J’ai même pu profiter de la générosité d’habitants qui déposent des bouteilles d’eau fraîches dans les zones les plus critiques du parcours.

Ta progression est-elle fidèle à ce à quoi tu t’attendais ou tu as dû changer tes plans?

Je dirais que je suis surtout vraiment surprise. Je n’aurais jamais imaginé que mon corps puisse me permettre de parcourir une telle distance un jour. C’est fou!

Je vois la fin arriver plus rapidement, parce que les distances parcourues vont en augmentant. À coup de 100 miles (160 km) qui passent, je me rends compte qu’il ne me reste que 800 miles (1287 km) avant d’arriver à la frontière du Canada!

J’ai surtout appris à lâcher prise, à ne pas vouloir tout planifier. Au début, il y a trois mois, je me demandais où j’allais m’arrêter pour luncher chaque jour. Maintenant, je me laisse vraiment plus de lousse dans ma progression. Je sais juste que je vais fêter ma fête, le 3 août prochain, au Bridge of the Gods à la frontière entre l’Oregon et l’État de Washington, le dernier à marcher, où m’attendront des amis du sentier avec du champagne. Ce sera vraiment une journée spéciale!

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Qu’espères-tu retirer de cette aventure?

Le plus important pour moi est de garder mon état de calme, c’est-à-dire ma capacité d’envisager les aléas de la vie de façon posée et zen. Sur la PCT, on n’a pas le choix de trouver une façon de surmonter les obstacles, de contrôler sa peur lors des sections plus dangereuses. Il faut rester posé. C’est avec cet état d’esprit que je veux faire face à ce qui s’en vient. Je pense peut-être même à me réorienter et à trouver une occupation qui a un sens pour moi.

Qu’envisages-tu pour la suite?

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Je vais me trouver une retraite de yoga en Colombie-Britannique, pendant laquelle je prendrai le temps de remercier mon corps de m’avoir portée tout au long du sentier et de l’honorer pour la chance qu’il m’a donnée. Pour la suite, ce sera à découvrir, un jour à la fois!

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