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5 conseils pour retourner au travail après un congé parental

Pas de panique : les erreurs, c'est ok. Et ne pas être parfait(e) aussi.

Par
Anaïs Bouitcha
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6 mois, 9 mois, un an… Peu importe la durée d’un congé parental (si on a la chance d’en avoir un!), le retour au travail est aussi inévitable que fatal. Mais où trouver le temps et l’énergie pour m’occuper d’un bébé qui ne dépend que de moi pour survivre, pour trouver une garderie, pour gérer la charge mentale de la maison, garder un équilibre entre vie pro et vie perso, et puis, oh ! Pour performer dans ma job comme si de rien n’était !

J’en ai déjà le tournis.

Je suis allée à la rencontre de deux parents et d’une accompagnatrice psychosociale pour savoir comment ça se passe réellement, un retour au travail après un enfant, et, surtout, comment gérer ça le mieux possible.

Conseil n°1 : Ne pas culpabiliser d’avoir envie de reprendre le travail

« J’étais heureuse de retourner au travail. »

Ce n’est pas une phrase qu’on s’attend à entendre, surtout venant d’une jeune maman. Mais Charlotte le dit, et ne le regrette pas. Chargée de projet de 32 ans, elle reprend son boulot après un congé maternité de 10 mois. « J’avais envie de retrouver un contact avec des gens, de discuter ! » C’est vrai que, outre son partenaire, le principal interlocuteur de Charlotte pendant ces 10 mois a été un bébé dont la conversation était quelque peu limitée (sauf si vous adorez parler en monosyllabes).

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« Retourner au travail peut en effet contribuer à recréer un équilibre », m’explique Noémie Tisserand, éducatrice et accompagnatrice psychosociale en péri et post-natalité au sein de la Clinique Aventurine à Québec.

« Certaines personnes vivent le congé parental comme une perte identitaire. Beaucoup de jeunes parents n’acceptent pas tout de suite de faire le deuil de leur travail, car c’est une partie importante de leur vie. »

C’est le cas de Duc, dont le fils a aujourd’hui deux ans. Directeur artistique indépendant, sa vie, c’est son travail. Et ça lui convient très bien. « Avant d’avoir mon kid, je travaillais assez fort dans mon studio de design, j’aimais bien performer. J’étais seul, toujours à la recherche de mon prochain client pour m’assurer d’avoir de la job en tout temps. Et c’est ce rythme que je me suis efforcé de garder, après mon congé paternité. » Et pourtant…

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Conseil n° 2 : Accueillir l’imperfection

Le truc, quand on revient au travail après un enfant (surtout le premier), c’est qu’on n’a pas toujours conscience de son état de fatigue, de cette charge mentale qui s’est accumulée au fil des mois. On a envie de reprendre sa job là où on l’avait laissée, d’être back in the game, comme si rien ne s’était passé.

«Certains de mes patients éprouvent une anxiété de performance, une fois retournés au travail », me confirme Noémie Tisserand. Et c’est exactement ce que Duc a vécu.

« Après mes 5 semaines de congé, j’ai repris à la pige pendant 9 mois, et ça m’a brûlé. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. J’étais sur tous les fronts : en plus de la production et de l’administratif à gérer, j’avais aussi des tâches liées à mon nouveau rôle de père. J’ai une certaine fierté dans mon rendement, donc j’ai réussi à livrer tout ce que je m’étais engagé à faire. »

« Mais mentalement et physiquement, j’étais épuisé tout le temps. J’avais le sentiment d’être complètement dépassé. »

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Un cas finalement assez familier pour l’accompagnatrice psychosociale. «Beaucoup de parents, en particulier des femmes, opèrent des changements de carrière, car soit le travail devient difficilement compatible avec la nouvelle vie de famille, soit il perd son sens. Il faut garder à l’esprit qu’on peut tout avoir, mais pas en même temps. »

Selon elle, la faute incombe aussi aux clichés de la mère parfaite véhiculés par les réseaux sociaux. « Je constate beaucoup d’épuisement et de colère en lien avec cette incapacité à se conformer aux exigences extérieures, et à ses propres exigences. »

Conseil n°3 : Accepter que ça ne sera pas comme avant

Si on ne peut pas être au four et au moulin, il n’est pas honteux de demander un peu d’aide : par exemple, d’aménager son temps de travail.

Un sage conseil que Charlotte a appliqué naturellement, puisque la chargée de projet a repris seulement 80 % de sa charge de travail, après la naissance de son premier enfant. « J’ai fait un retour progressif sur plusieurs semaines. Je me replongeais tranquillement dans mes dossiers. Le soir, même s’il me restait du travail, je n’étais pas dispo entre 5 et 8 heures, car je m’occupais de mon fils. Je répondais aux courriels plus tard et je commençais mes journées de travail plus tôt. Mon salaire était plus bas, mais c’était toujours mieux que le congé maternité. »

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Duc, lui, a mis plusieurs mois à faire ce deuil de sa vie professionnelle d’avant. « J’ai dû switcher et prendre un travail permanent, plus relax, dans une agence. Je voulais retrouver un rythme de vie plus sain et un équilibre avec ma vie familiale. Ça a été un sacrifice financier et ça me plaît moins, mais je me dis qu’une fois que mon fils sera grand, j’aurai l’option de retourner à la pige. »

Pour Charlotte, en revanche, le principal changement à accepter n’a pas été son travail en lui-même, dans lequel elle était beaucoup plus efficace qu’avant – « avec un enfant, t’apprends à faire mille choses à la fois » – mais la relation avec ses collègues.

« J’étais en décalage avec certains qui n’avaient pas d’enfants, ma vie laissait moins de place à l’imprévu, aux apéros spontanés. À l’inverse, je me suis rapprochée d’autres personnes avec lesquelles je pouvais partager cette nouvelle réalité. »

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Et si elle a réussi à jongler entre sa vie pro et perso, c’est grâce à un bel effort d’anticipation et de communication avec son partenaire.

Conseil n°4 : Exprimer ses besoins

C’est peut-être le conseil le plus essentiel : parler franchement avec son ou sa partenaire, surtout si un enfant fait partie des projets, et le faire le plus tôt possible. Éducation, valeurs, partage des tâches, importance de la carrière… « Communiquer est un filet de sécurité, même si ça ne garantit pas que tout se passera bien », reconnaît Noémie Tisserand.

C’est en tout cas ce qui a permis à Duc de sortir la tête de l’eau :

« C’est très important de faire front ensemble, d’être empathique l’un envers l’autre. »

« Avec ma compagne, on a la chance de bien se comprendre. Ça m’a vraiment aidé. Le soir, d’un seul regard, on sait lequel de nous deux est le plus fatigué, et l’autre prend le relais. »

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De leur côté, Charlotte et son conjoint ont choisi le pragmatisme et l’organisation : « J’adore faire des tableaux, et très vite, on a mis en place un système d’organisation assez rigide pour établir qui s’occupait de quoi à la maison. Les rôles étaient déjà bien répartis et égalitaires, mais ça permet de voir ce que fait l’autre aussi, car à force de rester à la maison, j’avais l’impression de m’occuper de tout. Cette répartition des tâches m’a par ailleurs permis de lâcher prise sur le ménage et la préparation des repas », me confie-t-elle, souriante.

Conseil n°5 : Savoir s’entourer

Tous ces conseils, Charlotte et Duc les ont recueillis auprès de leur entourage.

« L’empathie a été un conseil très utile, mais aussi celui de ne pas négliger notre couple, car une fois que tu as un enfant, toute ton énergie est canalisée par lui », reconnaît le directeur artistique. Prendre soin de sa vie à deux, en étant trois, et un à la fois : une équation pas évidente à gérer. Sur ce point, Charlotte est du même avis : « On n’a pas la chance d’avoir notre famille proche de nous, donc on fait garder notre enfant par des amis pour se donner la chance de se retrouver et de décompresser. »

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Pour un couple qui vient d’accueillir un enfant, le fait d’être bien entouré permet de créer un safe space pour se confier, en toute bienveillance, sans jugement.

En plus des amis et de la famille, le couple peut également se tourner vers des organismes communautaires pour souffler un peu.

« Il y a parfois un oubli des défis de la parentalité », regrette Noémie Tisserand.

De son côté, Duc a appris à demander de l’aide quand il en avait besoin : « Beaucoup de gens veulent aider mais n’osent pas s’imposer. Il faut être honnête envers soi-même, connaître ses limites. C’est important de se reposer et de s’exprimer. Être parent, c’est la chose la plus difficile que j’aie faite, dans ma vie. Il m’est même arrivé de me demander si j’étais fait pour être père, mais on s’en sort ! »