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5 choses que j’aurais voulu savoir avant de vendre mon âme à une demande de subvention

Subventionnez-moi, svp.

Par
Yasmina Leveille
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Fraîchement sortie de l’École nationale de l’humour, j’ai l’enthousiasme d’un golden retriever et la tête remplie de projets. Le problème : je suis aussi beaucoup sans-le-sou.

J’ai ouï-dire qu’il existe des subventions offertes par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le Conseil des arts du Canada (CAC), mais je ne sais pas à qui ces subventions s’adressent ni comment les obtenir.

Cette année, pour la première fois, je suis passée par le processus de demandes de sub. Si je ne peux parler au nom de tous les demandeurs d’écus, voici quelques constats :

#1. Je n’ai pas été formée pour ça

C’est merveilleux, que les écoles d’art nous enseignent à créer et à se dépasser, mais on en sort souvent financièrement inapte.

Remplir des formulaires, gérer un budget et produire des échéanciers ne m’a pas été enseigné lors de mes cours de mouvement, mais soyez sans crainte, je peux mimer des affaires de manière presque fluide.

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#2. Demander de l’aide à la rédaction, c’est un gamble

J’ai vite réalisé que j’avais besoin d’aide pour soumettre ma demande. J’ai appris qu’on peut faire une demande a) seul.e b) accompagné.e par un individu indépendant c) accompagné.e par une maison de gérance ou de production. Souvent, les personnes indépendantes chargent un montant fixe (quelques centaines de beaux dollars) pour vous aider à rédiger vos demandes, alors que les maisons de gérance et de production chargeront un montant initial et prendront un 10 % additionnel si la subvention est accordée.

Super, mais est-ce que ça vaut la peine de dépenser pour l’aide à la rédaction?

Rares sont les récent.e.s diplômé.e.s qui ont 500 $ de lousse. Un spectacle d’humour dans un bar à Montréal paye environ 50 $. J’aurais donc besoin de donner 10 spectacles pour engager quelqu’un qui pourrait m’aider avec ma demande. (Personne ne devrait me faire confiance, je calcule les choses en spectacle.)

À noter que même si quelqu’un vous accompagne dans votre demande, il se peut que celle-ci soit refusée.

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L’obtention des subventions dépend malheureusement de plusieurs facteurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle et du nombre de projets déposés dans votre catégorie.

Ceci étant dit, il est certain qu’un accompagnement dans votre demande peut vous éviter plusieurs erreurs de débutant.

#3. Vous allez faire des erreurs de débutant.e

Force est d’admettre que j’ai découvert l’existence des taxes à la dure. J’ai 27 ans, deux baccalauréats et je n’ai pas inclus les taxes dans mon budget. Était-ce un oubli? Hélas, non.

J’ignorais qu’il fallait payer des taxes sur les factures des autres.

C’est pas ma faute, j’étais occupée à trouver mon clown intérieur. D’ailleurs, je suis fière de vous annoncer que suite à mon omission des taxes, je suis maintenant une véritable clown.

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Parlant de clown, à l’École de l’humour, j’ai appris combien de clowns fittent dans une van en direction de Sept-Îles. Mais personne n’était là pour me rappeler que si je voulais arriver à destination, je devais payer mon gaz. Ce que j’essaie de vous dire, c’est que j’ai aussi complètement omis de mettre mes déplacements dans mes dépenses. Ne faites pas ça!

#4. Décrire la portée d’un projet demande beaucoup de confiance en soi

Dans votre demande de sub, on vous demandera de décrire la portée de votre projet. J’ai trouvé cette étape particulièrement difficile, parce qu’en me relisant, je me disais inévitablement : « Mais pour qui j’me prend, ostie? Jésus? ».

J’ai cherché l’équilibre entre essayer de me vendre sans avoir l’air trop désespérée.

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C’est quétaine, mais avec ma mère et ma psy, j’ai travaillé à laisser de l’espace à l’inconnu et à accepter ma peur. Au lieu de vouloir me débarrasser de la peur comme une vieille vidange, je l’ai accueillie en tentant de trouver ses origines.

J’ai finalement troqué ma confiance de petit animal frêle pour celle d’un dude vêtu de Patagonia pour dire haut et fort : « Yo, mon projet est nice et je mérite 35 000 $. »

#5. On va vous ghoster

Suite au dépôt de votre demande, vous n’aurez aucune nouvelle pendant des mois. Ça m’a replongée dans de doux souvenirs du secondaire où j’avais écrit à mon crush sur MSN sans jamais avoir de réponse. En rétrospective, je suis heureuse d’avoir été ignorée, car mon amour pour Alex en secondaire 2 n’était qu’une mascarade pour camoufler mon homosexualité flagrante.

Personnellement, j’ai dû attendre entre 5 et 6 mois avant de recevoir une réponse.

À noter qu’en cas de rejet, comme ce fut le cas avec votre crush juvénile, vous n’aurez aucune explication. Vous passerez des semaines dans le doute, puis un mardi pluvieux : voilà Alex dans le local d’impro en train de frencher votre meilleure amie. C’est de même.

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