LogoSponsor

5 choses que j’ai apprises en étant pauvre

Et qui me sont encore utiles aujourd'hui pour gérer mes finances.

Par
Vincent Descôteaux
Publicité

Il y a une expression qui revient souvent dans mes textes, quand je fais référence à mon revenu annuel des deux dernières années. J’appelle ça mon « revenu d’adulte ».

Il s’agit de ma façon semi-humoristique de dire que j’ai finalement l’impression que mon travail est rémunéré à sa juste valeur. Coup de théâtre : j’adore ça. Cela dit, ça sous-entend aussi de manière moins semi-humoristique que j’ai déjà été pauvre. Big time pauvre. Je n’ai pas été pauvre au point de vivre dans la rue, mais j’ai déjà eu faim sans aucune solution pour y remédier.

Je n’ai pas vraiment de regret. Cette pauvreté vient presque nécessairement avec le fait d’étudier en art et d’avoir trop de fierté mal placée pour demander de l’aide à ses parents. C’était aussi une période vraiment formatrice où l’absence quasi complète de revenu m’a inculqué de bonnes valeurs. Des valeurs qui aujourd’hui m’aident à garder une bonne connexion avec la réalité et, ironiquement, à m’enrichir.

Je crois sincèrement que c’est rentable d’avoir déjà été pauvre, mais plutôt que de vous dire d’essayer la pauvreté une dizaine d’années pour ensuite tirer profit de ce que vous aurez appris, je vous laisse ici cinq de mes leçons préférées qui s’appliquent au quotidien.

Publicité

1. La règle du 1100 $ par mois

C’est un classique que toutes nos mères nous ont déjà dit, mais ce n’est pas con de faire un budget. Je n’étais et je ne serai cependant jamais un adepte des fiches Excel, alors la solution que j’ai trouvée est ce que j’appelle la règle du 1100 $.

La règle du 1100 $ – ou du montant qui s’applique à votre situation – consiste essentiellement à définir le montant qui inclut toutes les dépenses nécessaires à votre survie (loyer, nourriture, déplacements, internet, électricité, téléphone) et un budget très précis pour les loisirs et plaisirs.

Je sais que mon montant ne s’applique pas à une famille et je reconnais que ma situation est privilégiée, mais j’ai besoin d’exactement 932 $ par mois pour survivre et je m’autorise un 168 $ de plus pour avoir du plaisir. J’ai choisi 168 $ parce que j’aime les chiffres ronds. 168 + 932, ça fait 1100 tout ronds et j’adore ça!

J’ai donc vécu sur un budget annuel de 13 200 $ par année à Montréal. Aujourd’hui, mon salaire annuel a quadruplé, mais je fais tout de même l’effort de ne pas dépasser le budget fun déjà établi qui n’a pas vraiment besoin d’être augmenté avec le changement de salaire.

Publicité

J’irais même jusqu’à ajouter que ce n’est pas très difficile parce que je ne saurais pas quoi faire d’un plus grand appart mieux situé, d’un meilleur forfait cellulaire ou de loisirs plus luxueux. Je n’ai pas l’impression de me priver. Je sais par force d’habitude quand aller au cinéma pour payer moins cher ou quel drink a le meilleur rapport prix/saveur/buzz et comme j’ai assimilé ces informations, l’idée de faire les choses différemment me semble illogique.

Je continue donc à avoir autant de fun qu’avant et je rembourse mes dettes étudiantes à la vitesse de l’éclair.

2. L’épicerie n’est pas obligée de se faire à l’épicerie

Je vais en perdre deux, trois ici, mais je pense que la grande force de mon plan financier consiste à économiser beaucoup d’argent en développant des stratégies pour trouver de la nourriture beaucoup moins chère.

Publicité

Le dumpster diving, par exemple, est quelque chose un brin extrême, mais qui dispose d’une communauté forte qui se partage de l’information à n’en plus finir. Allez voir par exemple la page Facebook Dumpsteray, grâce à laquelle je n’ai littéralement pas acheté de pain de l’année.

Une solution moins intense serait de spotter les épiceries moins chères plutôt que d’aller automatiquement à celle près de chez vous. Moi, je compte aller faire l’épicerie comme mon entraînement de la semaine, parce que les deux épiceries très peu dispendieuses où je vais encore (fruiterie Forcier sur Jarry et Segal sur Saint-Laurent) sont à 30 minutes de vélo de chez moi. Je vous confirme qu’une heure de vélo, dont la moitié avec une épicerie sur le dos, muscle beaucoup plus que bien des pushups. Je sauve du même coup le prix d’un abonnement au gym.

J’utilise aussi plein d’applications d’épiceries qui vendent des produits approchant la date de péremption ou qui proposent des repas faits en trop dans les restaurants. Personnellement, j’adore ne pas savoir quel sera mon souper chaque jour, économiser entre 60 et 80 % du prix et éviter le gaspillage alimentaire.

Ça rend écologique par défaut de vivre dans la pauvreté. D’AILLEURS…

Publicité

3. Il n’y a pas grand-chose qui vaut vraiment la peine d’être acheté neuf

L’une des raisons pour laquelle je ne comprendrai jamais TikTok, c’est à cause des vidéos de gens qui se font demander combien coûtent leur outfit. Je m’habille bien, en passant, mais payer plus de 20 $ pour des pantalons alors qu’il y a des friperies à tous les coins de rue (du moins, à Montréal), je ne comprendrai jamais ça.

Je pense qu’absolument tout sauf ce qui touche directement votre région du maillot de bain peut et devrait être acheté usagé.

Il y a un prestige à acheter quelque chose de neuf et mes années de pauvreté m’ont bien montré que ce prestige ne sert à rien à part charger des cartes de crédit. Cherchez toujours la possibilité d’acheter de seconde main. La plupart des compagnies de cellulaires ont maintenant une offre de téléphones reconditionnés avec les mêmes garanties. C’est le cas pour les ordinateurs et les électroménagers aussi.

Publicité

Il y a non seulement des friperies, mais il existe aussi une hiérarchie de friperies, s’il vous prenait l’envie d’être économe ET fancy.

Même Amazon offre dans 90 % des cas des objets usagés, reconditionnés ou neufs avec la boîte endommagée. C’est écrit en petit sous le prix neuf, mais je jure que c’est là.

Bref, l’option used existe presque toujours, et mes années de pauvreté m’ont appris à la trouver.

4. Est-ce que je veux acheter ça ou je suis juste déprimé?

Rendu ici dans ce texte, je m’ouvre à vous. J’ai des épisodes dépressifs dans la vie et j’ai trouvé à travers les années toutes sortes de trucs pour m’automédicamenter. Cependant, j’ai identifié un truc efficace dont je dois me méfier et c’est d’acheter des choses parce que je ne feel pas.

Il y a plein d’études qui ont été publiées sur les sécrétions de sérotonine (hormone du bonheur) causées par les achats impulsifs. C’est donc scientifiquement prouvé que dépenser de l’argent, c’est le fun. Je soupçonne que c’est pour ça que les bouteilles dans les clubs sont si ridiculement chères. Parce que c’est l’endroit où on est le plus désespéré.e d’avoir du plaisir.

Publicité

Bref, depuis que j’ai mon revenu d’adulte, je n’ai jamais autant été en danger d’acheter des choses pendant une journée ou le moral est au plus bas et j’agis donc en conséquence. Quand ça ne va pas, je ne dépense pas sauf pour ma psychologue. Quand ça va bien, je m’autorise des dépenses et je confirme que le ratio d’achat utile et logique est beaucoup plus grand.

5. On est souvent à deux vidéos YouTube de pouvoir réparer n’importe quoi

Pour le dernier point, je vais commencer par vous donner une belle confiance en vous. Je crois en vous! Vous êtes capable. Vous êtes bon.ne, là, sérieux. Je suis pas mal certain que vous pouvez tout faire dans la vie, et ça, ça inclut changer une pièce de votre sécheuse.

Quand j’étais en colocation et que mes colocs et moi avions tous de petits revenus étudiants, ce n’était pas dans l’univers des possibles d’acheter deux laveuses par année. C’est pourquoi j’ai appris à tout réparer et je suis convaincu que vous en êtes aussi capable! Sans blague, je ne suis pas si brillant que ça, et une courte recherche sur YouTube vous dira généralement quoi faire.

Publicité

J’ai le cœur rempli de tristesse chaque fois que je vois une laveuse au chemin, car très souvent, il suffit simplement de changer une pièce qui coûte12 $. C’est la même chose pour les frigos, les fours, les micro-ondes et, en ce moment, le bois ne coûte pas très cher, donc vous pouvez même réparer vos étagères.

Il y a aussi un sentiment de fierté qui vient avec le fait de réparer les choses, et je le ressens encore aujourd’hui même si j’ai plus d’argent (pas assez pour m’acheter un frigo chaque mois). Je ne souhaite jamais perdre cette notion de débrouillardise et le bonheur qu’elle m’apporte.

En conclusion, être pauvre m’a rendu vraiment plus efficace.

Pour ceux et celles qui ne l’ont pas remarqué ou qui ont vraiment tout lu en diagonale, mon faible revenu m’a enseigné tous les avantages qu’il peut y avoir à trouver un sens dans mes dépenses. Je comprends et maîtrise mon budget, ce qui me permet de dépenser sans remords, en connaissance de cause et en gérant plus efficacement mon temps.

Publicité

Je pense qu’on vit dans une société capitaliste dont le message est très souvent que les choses se passent plus simplement quand on dépense plus. L’inverse veut que dépenser moins implique de remettre plus de choses en question et ça, c’est généralement stressant. Pourtant, ça en vaut souvent la peine.

Vous n’êtes pas obligé.e de faire comme moi et de vivre dans la pauvreté durant une décennie pour réévaluer votre mécanique de dépenses, mais pour l’amour de Dieu, faites-le. C’est pas si long et ça change littéralement une vie.