Le vélo de route, c’est un petit monde avec sa propre culture et ses coutumes. De l’extérieur, ce sport peut être facile à juger.
Je me suis demandé si les idées préconçues populaires sur le vélo de route étaient vraies. Pour avoir une bonne perspective de l’intérieur, je me suis entretenu avec le cycliste professionnel Matisse Julien, qui porte les couleurs de l’équipe Premier Tech U23 Cycling Project sur les circuits européens et nord-américains. Nous avons discuté de quatre stéréotypes sur le vélo de route. Avec sa grande expérience, l’athlète a pu confirmer, infirmer ou nuancer les idées préconçues sur son sport.
Les cyclistes de route sont mauvais.es en mécanique de vélo
On dit souvent que les adeptes du vélo de route ont généralement recours à un.e mécanicien.ne au lieu de faire les réparations par eux-mêmes. Les cyclistes de route sont-ils vraiment allergiques à la mécanique?
« Je ne dirais pas que c’est généralisé, mais beaucoup d’adeptes de vélo de route ont assez de difficulté avec la mécanique de leur vélo, explique Matisse. Quand vient le temps de faire un ajustement ou une réparation, certains sont très doués, d’autres n’ont aucune idée de ce qu’ils font et on retrouve très peu d’entre-deux. »
Évidemment, l’écrasante majorité des cyclistes maîtrisent les bases. Pour la simplicité et pour être assuré.e.s d’une réparation de qualité, beaucoup préfèrent visiter un mécano.
Mais Matisse nuance : « Quand vient le temps de nettoyer ou de mettre le vélo en ordre, les cyclistes de route sont très bons. On aime rouler avec un vélo clean et épuré. » À la maison ou à l’atelier, les passionné.e.s de vélo de route prennent bien soin de leur bécane.
Les cyclistes de route développent toujours une passion pour la bière ou le café
Devant les cafés ou les microbrasseries sont souvent stationnés quelques vélos de route. Devient-on snob de café ou de bière dès le premier coup de pédale?
« Le café et la bière font partie de la culture du vélo car ils conviennent bien avant et après une sortie », mentionne Matisse. Évidemment, ce n’est pas pour tout le monde, mais ça fait un peu partie de la routine. « On est un peu épicuriens, et se réunir autour d’un breuvage bien travaillé, c’est réconfortant. »
Pendant les rides de récupération, aller boire une tasse dans un café est un incontournable. Pour l’athlète, « ça change les idées et ça permet de jaser un coup ».
Les cyclistes de route sont très soucieux et soucieuses de leur look
Il n’est pas rare de voir les cyclistes de route filer à toute allure avec un vélo flamboyant et un ensemble de chaussettes, cuissards, maillot, casque et lunettes assortis. Le vélo de route est-il un sport « creton »?
« Il y aura toujours des posers qui pédalent surtout pour le look », estime Matisse. Selon l’athlète de 19 ans, la culture du vélo de route vient avec un style. « Par contre, on remarque très facilement les cyclistes qui sont moins expérimentés, même s’ils sont bien habillés. » Dans le monde du cyclisme, l’habit ne fait pas l’athlète.
En compétition, Matisse doit bien paraître. Cependant, à l’entraînement, il est le premier à porter des vêtements dépareillés : « Au nombre d’heures que l’on passe sur notre vélo, on doit absolument prioriser le confort. Si mon kit le plus confortable est jaune fluo et mauve, c’est celui-là que je vais mettre. »
Les meilleur.e.s cyclistes ne sont donc pas nécessairement ceux et celles qui matchent le plus.
Faire du vélo de route, ça coûte cher
À première vue, s’équiper d’un vélo de route peut sembler dispendieux. Mais faut-il absolument dépenser des sommes astronomiques?
Selon Matisse, « c’est vrai que, pour les vélos de très haut niveau, les prix n’ont pas de limites ». Au départ, s’équiper pour le vélo de route coûtera certainement plus cher que pour bien d’autres sports. Cependant, si on en prend soin, l’équipement de cyclisme sur route est souvent beaucoup plus durable.
Matisse Julien perçoit l’achat d’un vélo comme un bon investissement : « Ça permet de découvrir tellement de beaux endroits, de maintenir une bonne forme, de se déplacer à faible coût et de faire de très belles rencontres. »
Mais, pour s’initier ou pour rouler de manière récréative, pas besoin de se ruiner. « Les meilleurs deals sont sur le marché de l’occasion. Kijiji et Marketplace regorgent de vélos qui peuvent donner beaucoup de fun à leur futur propriétaire », indique l’athlète.
Selon lui, le vélo de route est loin d’être un sport inaccessible. Quand l’équipement de base est acheté, on est prêt.e à rouler pour des milliers de kilomètres.
Maintenant que le vélo de route n’a plus de secrets, pourquoi ne pas s’y mettre?