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4 raisons de (re)considérer l’économie sociale
URBANIA et le Mois de l’économie sociale s’unissent pour démystifier ce modèle économique, qui gagne à être connu.
Quoi de plus satisfaisant (et même gratifiant) que de prendre son café un samedi matin dans un petit commerce local qui redonne un coup de pouce à sa communauté? Si, comme moi, vous avez envie d’encourager le commerce local ou si vous cherchez à apporter votre petite touche de magie dans le monde, allez faire un tour dans les entreprises d’économie sociale!
Attention toutefois : dans cet univers où l’argent n’est pas roi, certains préjugés traînent comme des ombres. Commençons donc par éclaircir les faits!
Mythe 1 : les entreprises d’économie sociale ne sont pas rentables
Il faut d’abord comprendre que les entreprises d’économie sociale ne sont pas détenues par un actionnaire principal mais par des membres, qui répondent au besoin d’une ou de plusieurs communautés, indépendamment de leur apport financier.
Le fait que l’objectif des entreprises d’économie sociale soit de répondre aux besoins de leurs membres et de la communauté ne signifie pas qu’elles ne sont pas profitables. En fait, c’est plutôt le contraire! Ces quelque 11 200 entreprises génèrent près de 47,8 milliards de dollars chaque année au Québec, et leurs actifs combinés atteignent environ 335 milliards de dollars. Et comme elles n’ont pas pour but d’enrichir des actionnaires, les profits qu’elles génèrent sont réinvestis dans la communauté.
Le populaire Fish Shack de Cap Dauphin, aux Îles-de-la-Madeleine, est un exemple d’entreprise à succès. C’est la coopérative des pêcheurs du Cap Dauphin qui est propriétaire de ce restaurant où, chaque année, des milliers de touristes font la file. Les profits du resto sont réinvestis dans l’équipement, ce qui permet aux pêcheurs de nous offrir les meilleurs homards qui soient, année après année!
Les entreprises œuvrant en agroalimentaire constituent d’ailleurs des exemples de ce que se fait de mieux. À Mont-Tremblant, la ferme Aux petits oignons est un collectif d’agriculteurs qui fournissent près de 60 produits pour nourrir 900 familles en moyenne grâce à leurs paniers solidaires. Ils vendent aussi leurs produits au marché du village l’été et donnent plus de 10 000 $ annuellement en denrées aux comptoirs alimentaires de la région. L’accessibilité à la terre pouvant être compliquée, cette formule permet également à plusieurs maraîchers de cultiver leurs légumes en participant au garde-manger collectif! Tout ça en faisant la promotion de valeurs sociales et environnementales.
Mythe 2 : leur principale source de financement provient du gouvernement
Contrairement aux idées reçues, la plupart des entreprises d’économie sociale ne vivent pas aux crochets du gouvernement : 93 % d’entre elles sont rentables grâce aux revenus qu’elles génèrent elles-mêmes. Leur priorité est d’assurer leur mission sociale et, pour y arriver, elles doivent faire des profits.
Prenons l’exemple du Groupe Coderr, qui, entre autres les poubelles de 36 municipalités au Saguenay–Lac-Saint-Jean et recycle les électroménagers dans son usine d’Alma. En 2023, cette entreprise d’économie sociale a réalisé un chiffre d’affaires de près de 17 millions de dollars!
Par ailleurs, quand il s’agit de financer les entreprises d’économie sociale au Québec, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) et la Fiducie du Chantier de l’économie sociale sont des alliés de taille. Travaillant souvent en complémentarité dans les montages financiers, ces deux fonds consacrés à l’économie sociale sont là pour propulser ces entreprises à chaque étape de leur développement, du prédémarrage à l’expansion. Ils contribuent ainsi à faire bouger les choses dans toutes les régions du Québec.
Conclusion : oui, avoir des objectifs sociaux, ça peut aussi être payant!
Mythe 3 : l’économie sociale soutient uniquement des personnes en situation de pauvreté
Il est probable que vous côtoyiez des entreprises d’économie sociale au quotidien sans même le savoir. Des librairies universitaires (dont vous pouvez encore avoir la carte de membre, à l’UQAM ou à HEC, par exemple) en passant par des entreprises culturelles et des stations de ski, des coopératives et des OBNL (organismes à but non lucratif) sont exploités dans de très nombreux secteurs. Et lorsque vous en êtes membre, vous profitez parfois d’un rabais ou d’un service à prix moindre.
En se concentrant sur les besoins des communautés, non seulement ces entreprises contribuent à réduire les inégalités sociales, mais elles permettent aussi aux Québécois d’avoir accès à des services plus abordables.
Par exemple, 1 650 entreprises d’économie sociale du secteur de l’habitation permettent à des milliers de Québécois de se loger à prix abordable, un enjeu crucial en cette période de crise du logement. Oui, dans certains cas, elles soutiennent des clientèles vulnérables, mais elles répondent aussi aux besoins d’autres citoyens, notamment de la classe moyenne. Les logements des coops d’habitation sont très recherchés et font l’objet d’une grande convoitise, étant donné bien sûr leur prix abordable, mais aussi le sentiment de communauté qui y règne.
Mythe 4 : les entreprises d’économie sociale fonctionnent grâce aux bénévoles
Un autre mythe répandu est que les entreprises d’économie sociale sont gérées par des bénévoles.
Il faut savoir qu’au Québec, les entreprises collectives emploient environ 220 000 personnes à temps plein. Plusieurs entreprises ont aussi des volets d’insertion au travail, favorisant le travail rémunéré d’une population qui a parfois une plus grande difficulté à accéder au marché de l’emploi. Le secteur attire particulièrement les jeunes, avec un tiers des employés âgés de moins de 35 ans. D’ailleurs, les entreprises d’économie sociale figurent souvent en tête de l’Indice de bonheur au travail Léger.
Alors, toutes ces vérités vous donnent envie de participer au grand mouvement de l’économie sociale ?
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Novembre est le Mois de l’économie sociale! Pour en savoir plus, consultez cette carte ou ce répertoire, qui vous permettront de découvrir les très nombreuses entreprises de ce secteur!