Cela vous est-il déjà arrivé d’être frustré.e, triste ou anxieux.se et de soudainement avoir l’envie de marcher? En plus d’être une activité physique et donc forcément bonne pour le corps, la marche en pleine nature constituerait une véritable pratique d’introspection et de méditation pour certaines personnes.
Pour comprendre quels réels bienfaits la randonnée peut avoir sur notre santé mentale, on a jasé avec Grégory Flayol, directeur de l’OBNL RandoQuébec et Véronique Boudreault, Ph. D. en psychologie du sport. De quoi vous donner encore plus envie d’aller admirer les incroyables couleurs qu’offre la forêt cet automne.
Diminuer le stress
« Le simple fait d’être en nature permet de se connecter à des éléments concrets, explique Véronique Boudreault. On va moins penser au passé et au futur, ce qui est super bénéfique pour la gestion de l’anxiété. »
«Le simple fait d’être en nature permet de se connecter à des éléments concrets»
En effet, marcher en plein air permettrait une meilleure gestion du stress selon plusieurs études. Un avis émis en 2017 par le ministère de l’Éducation du Québec explique que « lorsqu’une personne vit un stress, son corps réagit entre autres par une élévation du taux de cortisol, de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque ». Or, le contact avec la nature favorise la diminution de ces facteurs associés au stress, peut-on lire dans le document.
Au Japon, 280 jeunes adultes ont participé à une étude allant dans ce sens. Le taux de stress a été mesuré avant, pendant et après une marche de 15 minutes en forêt et en milieu urbain, explique le ministère.
«En marchant au sein d’une forêt, on y entend des sons harmonieux qui nous apaisent, et certains stimuli nous procurent une réelle sensation de bien-être.»
« Après la marche en forêt, les participants ont présenté des valeurs moins élevées du taux de concentration de cortisol, de la tension artérielle, du rythme cardiaque et de l’activité des neurones sympathiques (actives en situation de stress) et un niveau plus élevé de l’activité des neurones parasympathiques (responsables du ralentissement général de l’organisme), comparativement aux effets de la marche pratiquée en milieu urbain. »
Enfin, Grégory Flayol rappelle que la nature est notre environnement d’origine. « Ce n’est jamais très long avant que notre corps retrouve ses marques en milieu naturel. En marchant au sein d’une forêt, on y entend des sons harmonieux qui nous apaisent, et certains stimuli nous procurent une réelle sensation de bien-être. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de sons relaxants ou utilisés dans l’objectif de calmer sont souvent des reproductions de sons d’oiseaux, de forêt ou de l’eau d’une rivière », poursuit l’adepte de la marche.
Lutter contre la dépression
De nombreuses études l’ont prouvé : le sport a de réels bienfaits sur la santé mentale. « Dans le traitement contre la dépression, l’une des premières étapes est ce qu’on appelle l’activation comportementale, explique Véronique Boudreault. L’objectif de cette étape est que le patient reprenne ses activités quotidiennes progressivement. Beaucoup de scientifiques comparent les bienfaits de l’activation comportementale contre la dépression aux bienfaits de l’activité physique. Cela a été prouvé : les bénéfices pour la santé mentale sont similaires. »
En fait, l’activité physique sécrète des hormones dans le cerveau – aussi appelées transmetteurs – comme l’endorphine, la dopamine et la sérotonine. Ces trois neurotransmetteurs sont scientifiquement considérés comme des producteurs de sentiments de satisfaction, de plaisir ou encore de récompense.
« La sérotonine, par exemple, est beaucoup utilisée contre la dépression, poursuit la professeure en psychologie. Les antidépresseurs prescrits aux patients sont très souvent des reproducteurs de sérotonine. C’est pourquoi on dit souvent que l’activité physique est un antidépresseur naturel. Et la marche en fait bien sûr partie. »
Par ailleurs, l’effet bénéfique de la nature sur la dépression est une fois de plus évoqué dans ce même avis du ministère de l’Éducation du Québec. « Les activités de plein air constituent un moyen de prévention peu coûteux contre la dépression, indique le document. De plus, elles ont un effet sur la rumination, associée aux risques de dépression, qui se définit par le fait de ressasser des émotions ou des pensées négatives du passé. »
La randonnée pour méditer
Pour le directeur de RandoQuébec, c’est sans appel : « La marche doit faire partie de notre patrimoine culturel. Elle est utilisée depuis toujours pour se remettre en ordre, comme la marche du dimanche après-midi avant de reprendre la semaine. »
«La marche doit faire partie de notre patrimoine culturel. Elle est utilisée depuis toujours pour se remettre en ordre, comme la marche du dimanche après-midi avant de reprendre la semaine.»
Ainsi, la randonnée est un réel moyen d’entamer un processus d’introspection, affirme Grégory Flayol. « Quand on marche en nature, on retrouve un rythme naturel, plus lent. À ce moment-là, on n’a plus rien d’autre à faire que de s’écouter, et écouter ce qui se passe autour de nous. Très vite, on peut rentrer dans une sorte de mantra, et même de méditation si on commence à se concentrer sur nos pas et notre cadence. »
D’après Véronique Boudreault, la marche en nature permettrait aussi de prendre du recul. « C’est un moment pour trouver des solutions à certains problèmes. En nature, on est plus détendu, on n’est pas en plein dans ses tâches quotidiennes. Et marcher permet de se changer les idées et de relativiser face à certaines situations. »
Pendant les deux confinements, l’achalandage de RandoQuébec a augmenté de 50 %, affirme le directeur de l’OBNL qui promeut la marche au Québec. Un chiffre non négligeable qui montre une réelle volonté de retourner aux pratiques de la marche pour s’aérer le corps et l’esprit.
Sur ce, on se voit sur les sentiers!
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