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20 mois après la légalisation du cannabis, où en est le «green rush» de l’industrie?

Tout n'est pas si vert au pays du pot légal.

Par
Billy Eff
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Il y a maintenant bientôt deux ans, le Canada devenait le second pays au monde à légaliser la vente et la consommation de cannabis à des fins récréatives. C’était un gros move et, bien que d’autres endroits dans le monde aient suivi l’exemple, le Canada reste un des plus gros marchés pour l’industrie.

Depuis, l’industrie nationale du cannabis a dû composer avec pas mal d’obstacles, et il est vite devenu clair que le «green rush» prévu serait un peu plus… modéré.

Donc, à quelques semaines des deux ans de la légalisation, où en est le marché légal du cannabis?

Un départ rocailleux

Au matin du 17 octobre 2018, partout au pays, des gens attendaient devant les dispensaires pour être parmi les premiers à obtenir du cannabis légal au Canada. Pendant les 48 premières heures, l’excitation était à son comble et les médias diffusaient en boucle des images de files interminables.

Ça, c’était le début des problèmes, parce que ça a pris pas mal de temps avant que les files ne raccourcissent. Et ce n’est pas parce que l’enthousiasme des stoners canadiens s’était estompé, c’est parce que le pays connaissait une pénurie généralisée de weed. On disait à ce moment que ça pourrait durer plusieurs années.

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Mais dès le début, beaucoup d’experts avaient des doutes sur le déroulement de la légalisation. On était le premier pays du G8 à légaliser le cannabis récréatif à l’échelle nationale, avec relativement peu de temps pour le faire. Jusqu’aux derniers mois menant à la légalisation, on n’avait que très peu d’info sur les lois qui l’encadreraient, et sur quel palier de gouvernement aurait jurisprudence sur quoi.

La légalisation des produits dérivés s’est aussi faite plus tard, limitant l’offre de produits disponibles dans les magasins durant la première année, pourtant critique pour l’industrie.

Des obstacles provinciaux

Au Québec, notre cheminement vers la légalisation a été un peu houleux, vu l’élection de la Coalition Avenir Québec, qui était pour le moins réticente à la légalisation, 15 jours avant la date officielle de celle-ci. Le gouvernement Legault avait promis (et il a respecté sa promesse) d’augmenter à 21 ans l’âge légal pour l’achat et la consommation de cannabis récréatif. C’est l’âge légal le plus élevé au Canada pour le weed.

Il est aussi interdit de fumer dans des lieux publics.

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Un marché en montagnes russes

Un an après la légalisation nationale, le marché semblait quand même en santé. Les files d’attente étaient beaucoup moins longues, voire inexistantes à certaines succursales. Les produits dérivés étaient enfin légaux, les règles étaient plus claires, et on oubliait presque qu’on assistait quelques mois plus tôt à une pénurie de fleurs séchées.

Pourtant, tout n’était pas si rose. L’excitation des marchés financiers prélégalisation prévoyait que le marché canadien atteindrait 6,5 milliards de dollars en 2020. Mais selon le Financial Post, si «la vente légale au pays continue au même rythme que dans les 20 derniers mois, l’industrie canadienne du cannabis pourrait valoir 2 milliards de dollars d’ici la fin de 2020».

Après une surévaluation du marché et un engouement des investisseurs, le cours des actions des compagnies de cannabis s’est effondré en 2019. Les entreprises ont dû revoir leurs budgets, et s’adapter à la réalité: le consommateur moyen recherche surtout un bon rapport qualité-prix. Les producteurs autorisés se sont donc retournés et se sont mis à produire des souches qu’ils pourraient revendre à meilleur prix, pour pouvoir faire compétition au marché noir.

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Le problème, c’est qu’alors qu’on prévoyait il y a 15 mois une pénurie qui s’étirerait, le Canada se retrouve aujourd’hui avec près de 400 tonnes métriques de cannabis en surplus.

Une crise sanitaire qui change tout

Comme toutes les industries du monde, celle du cannabis au Canada a été touchée par crise du COVID-19, tant sur le plan financier que logistique. Si l’Ontario avait décidé de fermer les portes de ses dispensaires pendant les premières semaines de confinement, le Québec a déclaré que la SQDC était un service essentiel aux citoyens. Si les files d’attente sont revenues, les Québécois ont eu droit à une sélection intéressante de produits et à la livraison à domicile.

Bien que la SQDC ne soit pas encore prête à divulguer ses ventes depuis le début du confinement, elle affirme avoir observé une hausse. Elle dévoilait d’ailleurs à la mi-juin les résultats de son exercice financier pour 2019-2020, qui présente un bilan plutôt positif. En date du 28 mars dernier, la société déclarait que ses ventes totales «ont atteint 311,6 M$, soit 46 863 kg de cannabis», et «un résultat net de 26,3 M$, surpassant ainsi de près de 30 % son objectif budgétaire». Cela rapporte un total de 120 M$ aux deux paliers gouvernementaux.

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Déjà, en janvier, avant que la pandémie de COVID-19 ne change radicalement notre manière de consommer, les experts sonnaient l’alarme, prévoyant que beaucoup de compagnies de cannabis au pays ne survivraient pas à l’exercice fiscal de 2020-2021. Et deux d’entre elles, AgMedica et Wayland, se sont placées à l’abri de leurs créanciers. De plus, des experts estiment qu’«une petite poignée de compagnies au pays contrôle 95% du marché».

La grosse équation à résoudre pour les compagnies canadiennes, dont beaucoup ont reçu des centaines de milliers de dollars d’investissement, sera de restructurer leur budget et de trouver le bon équilibre entre ce que les consommateurs veulent vraiment et ce que le gouvernement leur permet de faire.

Et si vous avez acheté des actions de compagnies de cannabis lorsqu’elles étaient à leur sommet et que vous vous retrouvez aujourd’hui avec des pertes sur papier de plusieurs milliers de dollars, on vous souhaite de trouver la bonne souche qui vous aidera avec votre anxiété financière.

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