12 petits détails qui font toute la différence dans un CV, selon une recruteuse

Il y a quelques années à peine, la pénurie de main-d’œuvre favorisait les chercheurs d’emploi, qui pouvaient négocier des conditions de travail avantageuses.

Aujourd’hui, la donne a changé, et les candidats sont nombreux à lever la main pour un même poste. Comment se démarquer grâce à son CV? On en a parlé avec une pro des ressources humaines.

Selon Pamela Bérubé, cofondatrice et vice-présidente de Go RH, le secret réside dans la personnalisation et l’adaptation du document.

« Le CV qui se démarque, c’est celui qui est personnalisé en fonction de l’entreprise qu’on approche et du poste qu’on convoite. Quand une personne envoie le même CV partout, ça se remarque tout de suite. »

« C’est une des premières choses qui est revenue dans mon coup de sonde, indique la vice-présidente. On veut quelque chose de simple, de lisible et d’adapté au poste. Un bon CV, c’est une page, deux pages au maximum. Une page recto verso fait l’affaire. »

« Il y a le CV créatif et le CV corporatif, souligne Pamela Bérubé. Tout dépend de l’organisation et du type de poste qu’on vise. Des fois, on peut proposer quelque chose de très flyé, mais il faut que ce soit approprié. C’est la même chose pour les CV en format vidéo. »
Ainsi, une police d’écriture bien choisie, des couleurs qui vous représentent ou même « un petit logo discret » pourraient vous aider à vous démarquer. Mais attention à ce que ça ne soit pas too much.

Hormis la lettre de présentation, Pamela Bérubé souligne que les recruteurs apprécient un petit paragraphe où le candidat se présente.

« C’est une petite mise en bouche où on a un aperçu de la personne, explique-t-elle. Ça rend le CV plus humain. »

Mettre en relief certains termes pour accrocher l’œil du recruteur est une bonne manière de se démarquer, note la vice-présidente. « Ça peut être des mots-clés pour le secteur d’activité, les outils utilisés, les réalisations, des chiffres ou des compétences spécifiques », énumère-t-elle.
« On peut aussi utiliser des mots-clés, avec l’intelligence artificielle, pour que les systèmes automatiques de tri de CV retiennent votre candidature », ajoute-t-elle.

Mais attention : mettre plein de mots-clés en blanc pour titiller l’algorithme sans que cela n’apparaisse visuellement sur la page est mal vu par les recruteurs.

« Toutes les stratégies qui semblent mises en place pour contourner le système sont perçues comme une forme de malhonnêteté », dit-elle.

• « Il ne faut pas que le recruteur ait à deviner ce que le candidat ou la candidate veut mettre en évidence », souligne Pamela Bérubé.

Le fil conducteur des expériences doit être mis en valeur. « C’est beaucoup plus facile pour quelqu’un qui a navigué dans un même secteur d’activité, mais si quelqu’un est passé d’un domaine ou d’un secteur à l’autre, on veut comprendre l’évolution de son cheminement », indique la spécialiste RH.
« On veut savoir : quel est le titre du poste que tu as fait dans cette entreprise? Quelle était la nature des tâches? », ajoute-t-elle.

Pamela Bérubé recommande d’indiquer clairement sur le CV le poste convoité au sein de l’entreprise.
« Parfois, quand il y a plusieurs postes à pourvoir, les recruteurs peuvent se demander pour lequel le chercheur d’emploi a posé sa candidature », relève-t-elle avant de renchérir : « Quand il est évident que la personne envoie son CV à plusieurs entreprises sans le modifier, on peut se demander pourquoi elle veut travailler ici. »
S’ils ont du mal à répondre à ces questions, les recruteurs risquent de passer à la prochaine candidature, prévient-elle.

Quand le parcours du candidat n’est pas nécessairement évident à établir, il pourrait être judicieux de mentionner les compétences acquises ou mises en œuvre au sein de chaque emploi occupé.
« Depuis quelques années, en raison de la rareté de main-d’œuvre, la grosse mode, c’est la gestion par compétences, indique la vice-présidente de Go RH. Parfois, la liste de tâches accomplies dans un précédent emploi éclaire le recruteur sur ce que le candidat est en mesure de faire. En mettant l’emphase sur les compétences acquises ou développées, ça donne un bon coup de pouce. »

Hormis ses tâches, il peut être intéressant de détailler les projets que vous avez menés à terme dans le cadre d’un emploi précédent.

« Ça peut être le fun de voir que l’employé a pris de l’initiative, qu’il a participé à des projets et ce qu’ils ont apporté à l’organisation », souligne Pamela Bérubé.

Plutôt que d’écrire « bilingue », n’hésitez pas à être plus précis. « À la place, vous pourriez indiquer français 10/10 et anglais 8/10 », suggère Pamela Bérubé.
Indiquer que l’on comprend une autre langue, même si ce ne sont que des notions de base, est intéressant pour un recruteur.

Les Européens et les Américains ont commencé à inclure une photo d’eux sur leur CV. Au Canada et au Québec, la pratique est encore marginale, surtout pour éviter la discrimination basée sur l’apparence du candidat.
Pamela Bérubé ne saurait recommander s’il vaut mieux mettre une photo ou pas. « Ça dépend surtout du type d’emploi et du secteur », dit-elle.
Bref, là-dessus, utilisez votre jugement.

Encore une fois, tout est une question du type de poste que vous convoitez et de la manière dont les informations sont présentées.
« Quelqu’un qui aime faire du cheval ou aller au cinéma, il faut se demander si ça a un lien avec l’emploi souhaité, résume Pamela Bérubé. Vous devriez y aller davantage avec des activités qui démontrent des compétences utiles comme le leadership, la créativité ou la persévérance, comme coacher une équipe sportive, faire du mentorat… »

Si vous êtes immigrant et que vous souhaitez occuper un emploi au Québec, Pamela Bérubé vous encourage fortement à indiquer votre statut sur votre CV pour faciliter la tâche des recruteurs.
« Ça permet d’éviter les ambiguïtés, explique-t-elle. Si vous avez un permis de travail valide jusqu’en 2027, c’est pertinent de le préciser, tout comme le fait que vous avez obtenu votre résidence permanente en 2021. »

Pamela Bérubé recommande d’y aller avec parcimonie quand vient le temps d’utiliser l’intelligence artificielle pour rédiger son CV.
« Des points vont accrocher l’œil. On en a vu passer tellement qu’on le devine, maintenant, quand la personne a utilisé l’intelligence artificielle », prévient-elle.

Bref, comme pour tout le reste, mieux vaut faire appel à son jugement. De toute façon, c’est ce que les recruteurs recherchent.