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108 ans plus tard, la roue continue de tourner pour Bicycles Quilicot
Il y en a pour qui le sens des affaires est inné. Prenez l’exemple de Louis, un jeune immigrant né en Turquie de parents italiens. Âgé de 15 ans, il se met à louer son vélo 1 $ à ses amis et amasse assez d’argent pour en acheter un deuxième, puis un troisième; jusqu’au jour où il réussit à ouvrir un magasin, coin Rachel et de Lanaudière.
On est en 1915, une époque où la communauté italienne, encore nouvelle à Montréal, est mal perçue par plusieurs. Louis francise donc son nom de famille, Quilico, en y ajoutant un t. Succès instantané : Bicycles Quilicot est aujourd’hui la plus ancienne boutique spécialisée en vente de vélos à Montréal.
Quand Marc-André Lebeau raconte cette histoire, c’est avec émotion et fierté. Bien que ce ne soit pas la sienne, c’est lui qui en signe le nouveau chapitre.
Repreunariat nouveau genre
Passionné de cyclisme depuis l’adolescence, Marc-André Lebeau rencontre un jour une personne qui lui suggère le cyclisme compétitif. « C’est quelque chose qui m’a plu et je me suis rendu jusqu’à l’équipe canadienne junior. À la deuxième année du junior, je sentais qu’il me fallait un nouveau défi. Et j’ai toujours su que je voulais être entrepreneur », explique-t-il.
Vers 18 ans, après avoir quitté le circuit compétitif, il se trouve un emploi dans une chaîne de magasins de sports, section vélos. Il y passe près de 10 ans, montant les échelons peu à peu tout en apprenant les bases du commerce de détail.
« Quand j’avais 14 ou 15 ans, je savais déjà que je voulais être en affaires. Dans ma tête, j’avais paramétré ça à être propriétaire d’une usine et avoir 100 employés. »
En septembre 2005, Marc-André lit dans le journal que la mythique boutique Bicycles Quilicot est à vendre. L’idée de la reprendre germe dans sa tête, mais il ne sait pas trop par où commencer. Son oncle, qui était déjà entrepreneur, l’aide à monter un plan et lui prend un rendez-vous à la Banque de développement du Canada. L’ancien propriétaire, qui l’avait acheté en 1987, lui vend le fond de commerce et la famille Quilicot, heureuse que l’entreprise soit reprise par un jeune entrepreneur, lui cède les droits du nom.
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Ouvrir boutique
Originaire de la Rive-Nord, Marc-André doit maintenant trouver un emplacement. Il prend l’habitude de garer sa voiture et marcher sur de grandes artères commerciales de la ville pour observer le trafic piétonnier devant les commerces et cerner l’atmosphère du quartier.
Un jour, alors qu’il arpente la rue Masson dans le quartier Rosemont, il voit un déluge de gens sortir d’un autobus à l’arrêt. En diagonale, il aperçoit un petit commerce à vendre dans lequel ilinvestit. Avec l’aide de ses amis et de sa famille, il ouvre finalement la toute nouvelle boutique Bicycles Quilicot en mars 2006.
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« C’est là que j’ai réalisé le pouvoir du nom Quilicot; dès le premier jour où on a ouvert, les gens étaient super enthousiastes. Ils rentraient, nous disaient que c’est chez Quilicot qu’ils avaient acheté leur premier vélo, ils étaient contents d’avoir un magasin de vélo dans le quartier. La plupart ne savaient même pas que l’entreprise avait changé de main! », se souvient encore l’entrepreneur, aujourd’hui âgé de 45 ans. « En mars 2006, je savais que ça allait exploser. Je sentais qu’il y avait une grosse nouvelle vague d’engouement pour le vélo. Et mon oncle m’avait rassuré, il me disait déjà à l’époque que c’était la bonne décision d’acheter un brand. »
Devenir un gros joueur
Dans les deux premiers mois, 250 vélos se sont vendus dans la boutique et le nombre d’employés est passé de trois à 11. Et ça, ce n’était que le début de l’expansion : en un peu moins de 15 ans, Bicycles Quilicot est passé de un à sept magasins un peu partout au Québec, en plus de ses ventes en ligne.
« Quand j’avais 14 ou 15 ans, je savais déjà que je voulais être en affaires. Dans ma tête, j’avais paramétré ça à être propriétaire d’une usine et avoir 100 employés. Ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça! », s’esclaffe Marc-André Lebeau, alors qu’il arrive au tout nouvel espace que l’entreprise a acquis à Mascouche. Un projet de près de 14 millions de dollars et 44 000 p2 qui servira à la fois de centre de distribution et de quartier général pour cette compagnie qui ne cesse de croître.
« Notre notoriété ne se base pas que sur les 18 dernières années, mais sur les 108 ans d’histoire de Quilicot. »
Il faut dire que de toutes les industries, celle des vélos est ressortie gagnante au cours de ces trois dernières années. Du jour au lendemain, la plupart des activités ont dû être arrêtées, mais le vélo comme loisir ou déplacement restait autorisé. Résultat, beaucoup de gens ont vite voulu reconnecter avec, mais les vélos se faisaient rares. Entre fermetures d’usines, délais importants dans les chaînes d’approvisionnement et hausse générale des prix, même le business des vélos usagés était une bonne affaire durant la pandémie!
« On a été chanceux parce que cet hiver-là, on avait commandé beaucoup de stock. On avait donc un inventaire plein, réparti à travers les magasins. Et dès que la pandémie est survenue, on a pris les opportunités au vol quand les fournisseurs paniquaient », avoue Lebeau, en ajoutant que ça n’a pas été pour autant une partie de plaisir.
Préparer l’avenir
C’est en grande partie leurs bonnes affaires des trois dernières années qui leur a permis de concrétiser leur rêve du QG à Mascouche.
Avec cet espace, Marc-André espère pouvoir s’assurer que Quilicot s’inscrive aussi dans la prochaine grande révolution du cyclisme : celle des vélos à assistance électrique. « Pour te donner une idée, en 2015, on a racheté une boutique spécialisée en vélos électriques. Ils en vendaient quelques centaines par année. Aujourd’hui, ça représente pour nous un vélo vendu sur quatre et près de la moitié de notre chiffre d’affaires. »
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Avec ce genre de fibre entrepreneuriale, Marc-André aurait bien pu ouvrir un magasin seul, mais il admet que le repreunariat a été la clé du succès. « Notre notoriété ne se base pas que sur les 18 dernières années, mais sur les 108 ans d’histoire de Quilicot. Notre industrie est en pleine transformation et je veux qu’on ait notre place. Et j’aime la compétition : on ne peut pas être le seul magasin de vélo au Québec! »
Mais être l’un des plus anciens, c’est déjà pas mal!