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10 questions à un photographe « amoureux de l’eau »  

Les fonds marins de la province n'ont rien à envier à ceux des tropiques.

Par
Élise Fiola
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Jean-Christophe Girard Lemay est un photographe passionné de la nature et de la vie animale. Entouré d’une faune impressionnante, celui qui habite au bord de l’eau, à Rimouski, a constamment un œil sur le rivage.

Ce chasseur d’images répond à nos questions sur son travail.

Pourquoi t’es-tu lancé dans ce champ professionnel?

Ça fait quasiment une dizaine d’années que j’ai commencé à faire de la photo. C’était amateur, 100 % pour le plaisir. J’étais aux États-Unis les étés entre mes sessions de cégep et d’université. Je faisais du surf là-bas et j’étais sauveteur aussi. Je passais beaucoup de temps à la plage et j’adorais tout ce qui touchait aux vagues et à l’océan.

J’ai commencé à faire des photos des vagues avec ma GoPro, ce que je fais encore d’ailleurs, mais avec un meilleur équipement. C’est vraiment comme ça que ça a débuté : un amour pour les vagues et le simple désir de capter les moments que je passais dans l’eau.

Qu’est-ce qui te motive à capturer ce qu’il y a sous l’eau?

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Au début, je trouvais que même s’il y a plein de gens qui étudient l’estuaire et le fleuve Saint-Laurent, le « citoyen commun » ne va pas nécessairement explorer ce qu’il y a sous la surface. Ce qu’on y trouve est tellement beau et je pense qu’il y a plein de gens qui ne connaissent pas tout ce qu’on a dans l’estuaire. Je trouvais ça intéressant de l’apporter en photo parce qu’une image, ça parle beaucoup aux gens.

Je me suis dit : je vais montrer ce qu’on a ici aux gens qui n’ont pas la chance d’y aller, ou qui ont peur, par exemple, d’aller dans l’eau.

Quel est ton sujet de prédilection?

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Ça change au fil des ans. Tu m’aurais posé cette même question il y a dix ou cinq ans, je t’aurais dit : « L’eau et les vagues. » C’est presque juste ce que je faisais, c’est ça que j’adorais. Après mon bac en bio, mes intérêts ont évolué au fil du temps. Ils n’ont pas forcément changé, parce que j’adore encore passer du temps dans l’eau, mais je fais clairement plus de photos animalières qu’avant. Puis l’hiver, comme je n’ai pas accès au fleuve Saint-Laurent parce qu’il est gelé, je fais presque juste de la photo d’animaux terrestres en fait.

Qu’est-ce que tu aimes particulièrement de la vague?

C’est qu’elle est constamment en changement. Le jeu de lumière sur l’eau, c’est hallucinant. Tu peux passer une heure dans l’eau et chaque minute va être différente. Il peut y avoir une vague qui rentre toutes les 3-4 secondes, mais chacune a sa propre forme, sans compter la lumière et les reflets. Il y a tellement de moyens de s’amuser avec ça que les possibilités sont infinies à mes yeux.

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Comment te prépares-tu pour une séance de photos en milieu marin?

Il faut que tout soit parfait pour que quand t’arrives dans l’eau, tu n’aies plus besoin d’y penser, car tout est préalablement ajusté.

Pour me déplacer, j’utilise un paddle board la plupart du temps, je trouve ça vraiment pratique parce que c’est large. J’ai assez de place pour y mettre ma ceinture de plomb, dont j’ai besoin pour aller en profondeur, mes palmes, mon masque, mon tuba, et ça me permet d’explorer les petites îles proches de chez moi. Ça va clairement plus vite qu’à la nage et ça m’évite d’être dans l’eau trop rapidement et d’avoir froid.

Ici, l’eau est froide, alors il faut que je prépare mon wetsuit, mes bottillons, mes gants, ma « capine ». Je vérifie alors tous les joints d’étanchéité de mon caisson pour qu’il n’y ait pas un grain de sable ou quoi que ce soit qui pourrait causer une infiltration d’eau. Parce qu’une fois qu’on est dans l’eau, si l’eau commence à rentrer, là, c’est la misère… Ça ne m’est pas encore arrivé, mais on m’a dit que ça allait arriver éventuellement et que je suis mieux de m’y préparer. Je croise les doigts.

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Quelles sont pour toi les plus grandes difficultés de ce type de photographie?

C’est vraiment de trouver des animaux. Tu peux passer une semaine sans rien voir parce que tu cherches des animaux plus difficiles à photographier, comme tu peux passer une semaine dans un endroit et en voir plein. C’est des montagnes russes d’observation.

Sous la surface, le défi, c’est d’avoir des bonnes conditions de visibilité, surtout ici, parce que la fenêtre de temps n’est vraiment pas très grande vu que les mouvements de l’eau sont affectés par la température et les saisons.

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Comment t’y prends-tu pour trouver les animaux?

Dans l’eau, c’est vraiment un peu de l’essai-erreur. Il y a des endroits qui sont classiques, où l’on sait qu’il va y avoir des trucs, comme proche des quais ou dans l’enrochement. C’est aussi de connaître un peu les spots et d’explorer beaucoup. J’ai récemment déménagé et tout le milieu marin en avant de chez nous, il faut que je le redécouvre, parce que je n’ai vraiment aucune idée.

Est-ce que ton parcours en biologie t’aide en tant que photographe?

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Je pense que oui. Ça a tellement une influence sur la façon dont je vois les sujets. Même si je garde toujours une touche artistique, il y a des trucs que j’ai appris au bac qui m’aident vraiment à connaître le comportement des animaux ou à reconnaître ce que je vois sous l’eau par exemple.

Et tout le temps passé sur le terrain, c’est probablement aussi bon que le bac que j’ai fait, d’un point de vue photo évidemment. Mes cours de biologie m’ont surtout inspiré à découvrir des choses puis à explorer de nouveaux milieux. Je photographie des espèces qui ne m’intéressaient pas avant le bac et que je trouve aujourd’hui fascinantes pour des raisons biologiques. Ça m’apporte un autre point de vue.

Quelle est la photo dont tu es le plus fier?

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Je viens juste de la prendre. Ce sont des lynx que je cherche depuis une éternité, qui sont un peu l’équivalent des fantômes de nos forêts. J’ai eu la chance de passer quelque temps avec trois individus et il y a une photo qui est de loin celle que je préfère…

C’est un moment que je ne vais clairement jamais oublier. Ils étaient couchés les deux en forêt, ils m’ont accepté dans leur bulle parce que, considérant l’animal qui est vraiment difficile à voir, je n’étais pas très loin. J’étais à une distance qui était évidemment respectueuse, mais j’étais quand même vraiment proche. J’ai passé environ une heure à les regarder dormir. Le jeune avait comme un givre sur la tête et la mère me regardait, et après ça, elle m’a comme oublié.

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Quel serait ton meilleur conseil pour une personne qui veut se lancer dans ce type de photographie?

Ça serait vraiment de travailler avec l’appareil photo que vous avez et de le maîtriser à 100 %. Le mieux pour s’améliorer et progresser rapidement, c’est de prendre le plus de photos possible, peu importe l’équipement, pour développer son œil artistique et développer ses connaissances pour la photo d’un point de vue technique et « biologique », pour apprendre les mœurs des animaux.

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844 Rue de la Plage, Rimouski, QC G5L 3K2, Canada844 Rue de la Plage, Rimouski, Québec, G5L 3K2