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Je n’ai jamais eu l’instinct maternel. Genre 0 moins 482309482. Même si en 2004, mes voisins m’ont décorée du titre de gardienne du quartier, je trippais pas tant à m’occuper de morveux de 8 ans.
Les enfants ne sont pas tous des morveux, bien entendu, mais juste l’idée d’accoucher m’enchante autant que de me tremper les pieds dans un bassin rempli de piranhas. Par conséquent, fonder une famille est un projet qui n’a jamais vraiment existé dans ma réalité. Même si mon côté sentimental a toujours été fan du clan de Maman j’ai raté l’avion, j’ai préféré que ma conception de la famille idéale demeure un fantasme. Je précise que je ne suis pas une sans cœur qui change de trottoir à la vue d’un bambin potelé qui gosse avec des fusils à eau devant chez lui. J’avoue qu’il m’est arrivé à l’occasion de m’émerveiller devant un petit être qui cueillait une motte de gazon dans un parc ou qui courait après un papillon inatteignable. Mais outre ces rares moments de tendresse, enfanter et avoir le vagin slaque ne sont pas dans ma liste de priorités.
Y’a une amie à moi, appelons-la Holy Marie, qui est maman de un et enceinte d’un autre. Je me rappelle de l’époque post-cégep, où j’avais pris du temps off. Elle, elle était toujours aux études et devait apprendre des comptines parce qu’elle allait devenir éducatrice en garderie. Son rêve était de fonder une famille. Moi, j’étudiais pu et je savais pas trop ce que j’allais devenir. Et fonder une famille, c’était, et c’est toujours d’ailleurs, le dernier point sur ma bucket list. J’ai encore besoin de ma liberté complète et de pouvoir faire un peu ce qui me tente, un peu quand ça me tente. J’ai besoin de savoir que je peux m’exiler 4 jours au Zimbabwe sans me soucier si mes marmots ont des poux dans le fond de la tête.
Bref. Un jour, Holy Marie a rencontré son Barack Obama et un truc s’est mis à pousser dans son ventre. Quelques-unes de ses «amies», peut-être par dégoût du mot fœtus, ou simplement par lâcheté, ont pris la poudre d’escampette. Comme si avoir une copine enceinte, c’était de devoir traîner la Maison-Blanche sur son dos avec 3-4 rhinocéros attachés aux pieds. Notez bien ici, y’a rien de lourd à avoir une amie enceinte. Bien sûr, on discute souvent de ce que son kid a ingéré aujourd’hui ou avec quel Lego il aime gosser. Mais aussi, elle m’écoute quand je lui parle de trucs insignifiants comme ma brosse de la veille ou mon niveau d’angoisse sur le prix des pains aux bananes dans les cafés du quartier.
Tsé, même si je peux pas relate à sa vie de famille, j’ai envie d’être là, d’être disponible, de l’écouter me parler de son chérubin qui ne dort pas vraiment la nuit.
Oui, nos vies sont totalement à l’opposé. Je rentre parfois travailler du bar à 5h30 du matin, alors qu’elle, elle doit se lever à cette même heure pour nourrir sa progéniture. Je lui souhaite bonne journée quand elle me dit bonne nuit. Elle doit penser à torcher le derrière de son bébé avant de fantasmer sur le droit de –peut-être- s’asseoir un quart de seconde pour souffler.
Les mamans sont des êtres hybrides : elles doivent avoir l’over bonne humeur de Chantal Lacroix, l’over patience du Dalaï Lama pis l’over entrain de Josée Lavigueur. Elles doivent être dans une forme mentale qui leur vaudrait une coupe de médailles d’or aux Jeux Olympiques : même quand elles sont brûlées, les miettes d’énergie qui leur restent sont destinées au bain de leur kid, et non pas à une longue douche pour elles.
Je sais pas si je serai un jour capable d’accomplir tout ça.
Je suis pas prête à faire une croix sur mes seins qui se tiennent et à mon ventre pas de vergetures. Je suis pas prête à faire des purées de bébé aux fruits tropicaux, à changer des couches pleines de crotte molle. Je suis pas prête à dormir 2 heures par nuit, à ce qu’une bouche pleine de bave me tire les tits pour récupérer mon lait. Je suis pas prête à gérer des crises de bacon sur le trottoir devant maints spectateurs curieux durant l’été, à enterrer 6 pieds sous terre mes soirées de beuverie suivies de mémorables hangover. Je suis juste pas prête à la vie de famille.
Mais.
Si un beau jour, un fantastique hasard fait en sorte que je tombe amoureuse d’un valeureux chevalier qui m’enfante, j’espère, ma précieuse Holy Marie, j’espère profondément t’arriver au moins à la cheville. Même si elle est démesurément enflée parce que ta grossesse te fait faire de la rétention d’eau.