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C’est souvent comme ça que j’explique d’où je viens : en nommant deux villages deux fois plus petits que ma ville mais qui ont l’avantage d’être construits au pied d’une montagne:
-Tu viens d’où ?
-Cowansville.
-C’est où ça ?
-Près de Bromont et Sutton.
-Ah ok…
C’est souvent comme ça que j’explique d’où je viens : en nommant deux villages deux fois plus petits que ma ville mais qui ont l’avantage d’être construits au pied d’une montagne.
À mi-chemin entre Montréal et Sherbrooke, Cowansville est dans la région administrative de la Montérégie et dans la région touristique des Cantons de l’est. Si bien qu’on ne se sait jamais vraiment de quelle région on vient. Bienvenue chez nous.
Pour voir Cowansville en images, c’est par ici.
1-Histoire et architecture
En 1800, le loyaliste Jacob Ruiter est le premier homme à s’établir ici et nomme l’endroit Nelsonville. Plusieurs années plus tard, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec son égo, le marchand de poste Peter Cowan décida de donner son propre nom à la ville. Grâce à l’architecture de l’époque, il y a donc ici du très beau… et du très laid.
De magnifiques maisons construites par des loyalistes au 19e siècle et un quartier de blocs appartements à moitié abandonnés un peu à l’extérieur de la ville. Une église de style néogothique à côté d’un Tigre Géant. Un pont couvert construit en 1870 et un Walmart.
2-Massey-Vanier : deux écoles, une bâtisse
Pour tous les jeunes de notre région bilingue, l’École secondaire Massey-Vanier est un passage obligé. Sinon, la Massey-Vanier High School. Deux écoles secondaires dans la même bâtisse, le rêve de Trudeau et un seul grand corridor mitoyen que tu ne veux pas prendre sur l’heure du midi – surtout à l’automne 95, m’a-t-on dit.
Pourtant, on l’a tous fait en secondaire 1.
-Hey les gars, ce midi, on va du bord anglais.
Stressés et craintifs, en groupe de trois, on marchait pour la première fois de l’autre côté de l’école et on était certains que tout le monde nous regardait et savait qu’on était des français. On était des explorateurs.
3- Le bois McClure – l’endroit des premières fois
Maintenant à moitié peuplé de semi-détachés – une plaie qui se répand à 100 kilomètres à la ronde de Montréal – le bois McClure est depuis des décennies le terrain de jeu des ados du coin et le lieu des afters-partys de toutes les St-Jean-Baptiste. C’est là qu’on allait tirer de la carabine à plomb et qu’on faisait des gros partys autour d’un feu. Première cigarette. Première bière. Premier joint. Et même pour les plus romantiques: première baise. Le bois McClure est incontestablement l’endroit des premières fois.
4- Le YAM
Depuis plus de 40 ans, c’est au YAM que ça se passe. Le jeudi, seulement. Le YAM est en fait l’hôtel Yamaska (Un resto, un bar et par le passé, des chambres aux étages). C’est là que nos parents ont dansé quand ils étaient jeunes : c’était à l’époque où les DJ n’avaient pas volé le job des orchestres. Parce qu’à cette époque, tu jouais pas dans un band, tu jouais dans un orchestre.
Endroit un peu miteux, le YAM se transforme encore et toujours en club le jeudi soir. Comme tout le monde, on y a passé pas mal tous les jeudis de l’été de nos 18 ans… et même un peu plus. Au YAM, le DJ s’appelle Coucou. Il a l’âge de mon père et mixe chaque jeudi depuis maintenant 25 ans. Vous pouvez rire du YAM, mais pas de DJ Master C.
5- Textile, alcool et autres usines fermées
Il y a eu l’usine Vilas, qui a fabriqué des meubles de 1893 à 1970, maintenant à moitié démolie. La J.J. Barker, qui dégageait une forte odeur de peinture, démolie depuis peu. Et une autre usine qui a fabriqué des planches pour Burton pendant 21 ans. Cowansville a aussi été un pôle majeur de l’industrie du textile : la première usine de soie au Canada fut la Bruck Mills. Et il y a aussi eu la Consoltex et deux usines Albany.
Aujourd’hui, il reste de vastes terrains vagues et de grandes usines à louer. C’est dans ce genre de locaux réaffectés que la Vodka PUR et le Gin UNGAVA sont maintenant distillés. Voilà une excellente façon d’avoir un peu de Cowansville en vous !
6- En arrière du centre d’achat et autres endroits bien fréquentés
Pour faire place à la modernité, il y a quelques décennies, on a détruit une partie de la rue Principale pour y construire un centre d’achat. C’est difficile à expliquer comme ça, mais une partie du bâtiment est en dessous de la rue, mais pas complètement. Si bien qu’à Cowansville, en plein cœur du centre-ville, il y a un pont qui passe par-dessus rien. Cet endroit, couvert des intempéries, est rapidement devenu le lieu de rassemblement des jeunes. Un endroit pour fumer, boire et faire des graffitis.
Quand on était jeune, on pouvait aller dans le bois, à la plage, à la maison des jeunes, jouer au basket à St-Léon, on pouvait même aller sauter du pont Hillcrest (qui lui est au dessus du lac, je vous rassure), mais aller « en arrière du centre d’achat », non.
7-Petit cowboy et autres personnages
Dans une ville de 12 000 habitants, tout le monde se connait pas mal. Et les différents se font remarquer. Un homme devenu femme. Un vétéran de la guerre de Corée qui nous crie d’aller se mettre à l’abri. Une petite personne qui s’improvise agent de sécurité un peu partout. Un homme qui ramasse les mégots de cigarette et qui se vante d’avoir le don de fixer le soleil. Et Henri.
Il marchait. Toute la journée et tous les jours. Sur la rue Sud, sur la Principale, au centre d’achat, il semblait infatigable. Vêtu de bottes de cuir, d’une paire de shorts beaucoup trop sexy pour un homme de son âge et d’un chapeau de cowboy, il marchait. Il était tout petit et les gens l’appelaient « Petit cowboy ». Je ne le connaissais pas, mais je savais qu’il s’appelait Henri. Repose en paix.
8-La prison
Quand quelqu’un te dit : « Ah oui, j’ai un oncle qui reste dans ce coin-là. » Méfie-toi, tu parles peut-être au neveu d’un Hells.
Ouverte en 1966, la prison de Cowansville est un établissement fédéral de sécurité moyenne, dernier niveau avant le max. Accueillant plus de 400 criminels plutôt dangereux, la prison est un des gros employeurs de la ville. Alors n’en déplaise aux amateurs de Richard Desjardins, mais se promener ici en chantant Le screw n’est peut-être pas l’idée du siècle.
9-Les indémodables K-Way
On va s’entendre sur quelque chose : porter un sac banane, c’est pas cool. À moins bien sûr, que le sac soit en fait un superbe imperméable K-Way ! Vestige d’une époque ou on avait vraisemblablement très peur de la pluie – peut-être parce qu’elle était acide – le K-Way était parfait pour être cool et être toujours près à faire face à une fâcheuse averse. Et bien si je vous parle de ça, c’est parce que c’est à Cowansville que K-Way Canada s’est installé à la fin des années 70. Aujourd’hui, il ne reste qu’une pancarte À LOUER dans une fenêtre de l’immeuble et bien qu’on ait retiré l’enseigne, on peut toujours voir le logo délavé de K-Way sur la tôle usée par le temps.
10- Cowansville… en rafale !
-Il fait bon de naître à Cowansville. Sans blague, notre hôpital a été le premier au Canada à recevoir l’accréditation «Ami des bébés» en 1998.
-Si quelqu’un de la ville vous invite aux Musiciens de rue, il veut dire au Festival Musique en Vue. S’il vous dit qu’il travaille à la Moore, il veut dire à la RR Donnely. Et s’il vous raconte que notre Palais de justice a déjà été dans la même bâtisse que la cour à bois du Rona… bien croyez-le.
-Le boulevard Jean-Jacques Bertrand rend hommage à l’ex-premier ministre québécois qui vivait sur la rue Principale. Vous ne le connaissiez pas ? Nous non plus.
-En 1990, Serge Lavertu a été le premier chef d’orchestre au Québec à fonder une harmonie avec des jeunes du primaire. Fuck la flûte à bec, à 9 ans j’étais saxophoniste dans l’Harmonie cadette St-Léon !
-Ah oui, en finissant, on dit Co-wans-ville, pas Ka-wanzz-ville.