.jpg)
Premièrement, ERREUR. Havre-Saint-Pierre n’est pas une ville, mais bien un petit village d’environ 3 500 habitants sur la (moyenne) Côte-Nord, ayant comme voisins le fleuve Saint-Laurent et l’île d’Anticosti.
Situé à 200 quelques kilomètres de Sept-Îles, la ville la plus au nord de la côte, le Havre a plus de 150 ans d’histoire, et la route pour s’y rendre a été construite il y a moins de 40 ans. Résultat : ses résidants ont su garder avec fierté leur culture acadienne, qui est bien ancrée dans la communauté.
1) Les Cayens et leur accent
Pour mieux comprendre le Havre, il faut connaître le peuple qui y habite : les Cayens, les individus les plus chaleureux du monde. Ces gens savent recevoir, ils ont toujours un sourire aux lèvres et parfois, une Coors Light à la main. On peut facilement reconnaître les Cayens par leur fort accent. En fait, les Cayens ne prononcent pas les « r ». La rumeur veut qu’ils aient décidé d’enlever la lettre de leur vocabulaire dans une forme de rébellion pacifique : les Acadiens voulaient montrer leur désaccord face à la déportation et le fait qu’ils devaient tout donner aux seigneurs qui vivaient sur leurs terres. Donc, ils auraient banni à jamais de leur vocabulaire les mots « roi » et « reine », en les prononçant « woi » et « weine ». La rumeur veut aussi qu’ils aient décidé de ne plus prononcer du tout les « r » après ça! Aujourd’hui encore, les Cayens ont ce drôle d’accent propre à eux seuls. Les « r » sont devenus des « g » ou des « k ». Comme dans cette phrase, qu’on entend souvent en hiver : « Tabagnak qui fait fwette! »
2) L’archipel de Mingan
Au Havre, tu veux avoir un bateau – ou du moins être ami avec quelqu’un qui en a un – pour te rendre à l’un des plus beaux endroits du Québec (selon moi) : l’archipel de Mingan. L’archipel, c’est une trentaine d’îles et plus de mille îlots au large du village. L’été, les gens se rejoignent au quai avec leur guitare et leur sac de couchage, partent au large, accostent sur une île, soupent entre amis, font un feu et dorment à la belle étoile. Quoi demander de mieux? Peut-être des aurores boréales, si t’es à la bonne place au bon moment. En plus, certaines îles (Quarré, Niapiska, Marteau, l’île du havre) ont des installations avec des cabanes, du bois précoupé et des poêles. Pis tant qu’à se rendre sur les îles, il faut en profiter pour aller voir les monolithes, créations très originales de mère Nature, ainsi que les macareux, ces petits oiseaux-pingouins-lol, emblèmes du Havre et dignes du National Geographic.
3) Festival de la famille
Le Festival de la famille est un incontournable. C’est là qu’on comprend le mieux l’esprit festif des Cayens. Chaque année, le festival accueille une moyenne de 8 000 personnes, soit deux fois plus d’habitants que la population totale du Havre. C’est aussi l’événement québécois qui vend le plus de bière par visiteur unique! C’est peu dire. Une des principales activités du festival est la course de petits bateaux. Un peu à la Red Bull Flugtag, les participants doivent pour se construire un navire et faire un aller-retour large-terre ferme sans moteur. Bien souvent, les équipes préfèrent l’originalité à la rapidité. Le tout se passe juste après la bénédiction des motos. Oui, oui. Ça existe pour vrai.
4) La Raguidou et la musique
Le samedi, à partir de 16 h, un rituel commence : les gens allument leur radio pour écouter religieusement « Les Amis du country ». C’est l’émission la plus écoutée de la chaîne locale (la radio communautaire qui est aussi diffusée à la TV), animée par Léonard Prévéreau, mieux connu sous le nom de La Raguidou. La Raguidou est présent sur les ondes du Havre depuis maintenant 28 ans, tous les samedis sans exception (bon, il a peut-être manqué une ou deux fois) et ce, bénévolement. Les Cayens aiment le country et la musique acadienne, c’est connu. D’ailleurs, une chose frappante quand on arrive au Havre, c’est qu’on dirait que tout le monde est musicien. L’oncle joue de la guitare, le voisin du violon, le beau-frère du drum. C’est à croire qu’ils sont tous nés avec un instrument din’ mains. C’est plus fréquent d’entendre des jeunes chanter du Cayouche que du Lady Gaga, et ça fait du bien. Ça et du Billy Talent, ou ce genre de band-là, mais ça, c’est une autre histoire. Pour les curieux, vous pouvez aller écouter l’émission « Les Amis du country » sur le site web de la radio communautaire. www.cilemfcom
5) Les coques
Comme dans la p’tite toune « Les coques, les coques, qui c’est qu’aime pas les coqs? », chantée par La Pompe du groupe Cap Blanc. On parle ici d’un mollusque, la mie commune, que les gens pêchent à la pelle sur le bord de la mer. Au Havre, ce n’est pas rare d’entendre des hommes et des femmes dire : « On a pogné pas mal de coques hier. » La première fois, ça peut sonner drôle à l’oreille, mais on s’habitue vite. La plupart des gens vont à la pêche aux coques en famille ou entre amis, au printemps et à l’automne, lors des grandes marées. Le meilleur endroit pour aller aux coques, c’est à Saint-Charles. On y va en quatre-roues à partir du village. Pour les fines bouches, je vous conseille une soupe aux coques, cuisinée avec amour par les Cayens. Ça peut même remplacer la poutine pour contrer les hangovers.
6) L’Écoutille
Si tu te demandes où sont tes amis, un vendredi soir, ils sont probablement à l’Écoutille. C’est le seul bar au Havre et le lieu de prédilection où les habitants peuvent se retrouver, un peu comme le spot dans Watatatow. Ce n’est pas une place juste pour les jeunes ou juste pour les vieux : c’est LE BAR. Tout le monde y va, les cégépiens de 18 ans comme l’oncle de 50 ans. L’ambiance est très festive, puisque d’une manière ou d’une autre, les gens se connaissent. L’Écoutille devient un party de famille qui a lieu chaque semaine de ta vie. Comme le bar est face à la mer, c’est l’endroit parfait pour relaxer un après-midi d’été, sur la terrasse. Fait important pour les touristes : il n’y a pas de DJ au bar. Il y a plutôt des chansonniers, plus habitués de chanter du Kaïn et du Denis à Maurice que du Justin Timberlake.
7) La plage
Au Havre-Saint-Pierre, on peut voir la plage de partout. Elle fait littéralement partie de la ville. En fait, la plage est plus longue que le village en soi. La plupart en profitent pour prendre des marches, faire du jogging, du canoë et diverses autres activités. Si vous n’êtes pas peureux, vous pouvez vous baigner dans la mer lors des journées chaudes d’été (où il fait maximum 25 Celsius) : ça fait du bien. Sachez, par contre, que l’eau est glaciale. Pour les passionnés de machines à moteur, il y a aussi des gens en quatre-roues et en motocross. Pas mal de monde ont des machines à moteur, en fait. Généralement, si tu as un char, tu as aussi une machine. Ceci étant dit, tous font un effort pour faire attention et ne pas rouler à 200 km/h. Depuis quelques années – et parce qu’il vente en « tabagnak » au Havre – plusieurs personnes pratiquent le kite surfing. Bien sûr, les gens portent tout de même un wetsuit et tout le kit pour ne pas mourir de froid.
8) Les chalet/l’hiver
En hiver, un peu comme pour les bateaux, tu veux avoir un ami/un voisin/un membre de la famille qui a un ski-doo à te prêter. Faire du ski-doo dans le grand-nord, c’est spectaculaire. Tu te sens petit dans tes shorts quand, pendant des kilomètres, il n’y a autour de toi que de la neige par-dessus la toundra. Le blanc total. C’est aussi en ski-doo qu’on se rend au chalet en hiver : la plupart des gens ont accès à un chalet au nord du Havre. Pour la grande majorité, c’est leur lieu de détente, un peu comme les Montréalais qui ont un chalet à une heure de la grand-ville. Pour eux c’est la même chose, sauf qu’au lieu d’aller à Rawdon, ils vont à leur chalet qui donne sur le bord de la mer.
9) Les chutes Mingan
Pour se rendre aux chutes Mingan, il faut demander l’aide de quelqu’un qui est déjà allé. Une route pas très élaborée à travers la forêt mène à une plage entourée de la rivière Mingan. Les jeunes y vont l’été pour boire, faire du sport et relaxer en toute tranquillité. C’est un endroit coupé du monde, entouré de forêt. Un secret bien gardé.
10) Autres :
– La montagne ronde, un endroit magnifique qui offre un beau panorama du village.
– Quelques classiques locaux, côté nourriture : le restaurant Le Capayou offre son « cheese Capayou » : rondelles d’oignon, frites et fromage en grains, direct dans le burger. Chez Julie et le Restaurant de la promenade sont des classiques pour tout ce qui est fruits de mer, fraîcheur garantie. Ils offrent même un menu spécial avec les noms des bateaux des pêcheurs du coin.
– Le quai est un véritable Facebook vivant : les gens y vont pour se rencontrer et se tenir au courant des nouvelles de la ville et de ses habitants.
– Plusieurs lacs se trouvent non loin du village : le lac La Peur, le lac Bourassa, le lac Piachti, le lac 3 M, le Lac à l’ours, etc. Plusieurs beaux coins pour la chasse et la pêche.