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Auriez-vous entendu parler de mon village si Réjean Tremblay n’en était pas originaire? Probablement que non! Pourtant, Saint-David-de-Falardeau, c’est bien plus que le berceau du père de Pierre Lambert et de Marc Gagnon.
Situé à une vingtaine de minutes de route au nord de Chicoutimi se trouve ce beau village fier de son histoire, de ses 379 kilomètres-carrés de territoire, de son zoo, de sa station de ski, bref de tout ce qui en fait un endroit unique au monde, élu par 2800 personnes qui y vivent en permanence et par plus de 4000 résidents saisonniers qui se greffent aux autres selon la période de l’année.
1 – Falardeau tout court!
Officiellement, notre village s’appelle Saint-David-de-Falardeau, mais quand on se fait demander d’où l’on vient, on dit simplement qu’on vient de Falardeau. Pourtant, ce n’est pas une raison pour oublier la réelle identité de notre village, qui honore la mémoire de deux individus marquants. L’abbé David Roussel était curé de la paroisse Sainte-Claire de Chicoutimi-Nord à la fin du dix-neuvième siècle. En 1891, il établit une colonie à une vingtaine de kilomètres au nord de sa localité où allait être créée en 1937 la paroisse de Saint-David. Quant à Antoine-Sébastien Falardeau, il était un peintre québécois devenu célèbre en Europe au milieu du dix-neuvième siècle. En 1920, le gouvernement du Québec a baptisé en son honneur un canton situé sur la rive nord du Saguenay où se trouvait déjà cette colonie devenue officiellement une municipalité en 1948. Additionnez ces noms et vous obtiendrez comme par magie Saint-David-de-Falardeau. Simple comme bonjour, n’est-ce pas?
2 – La fierté de Falardeau
Le Falardien le plus connu de la planète est le journaliste et auteur Réjean Tremblay. En 1970, il fonde « Le Reflet Falardien », un petit journal relatant les faits divers de notre village. L’expérience ne dure que deux numéros mais lui permet d’attirer l’attention du Progrès du Saguenay qui lui offre un poste de journaliste. En 1974, la grosse Presse le repêche et après 36 ans à y faire patiner son crayon, il aboutit au Journal de Montréal. Outre les nombreuses olympiades et la couverture du CH, l’une des affectations marquantes de sa carrière a été la couverture des funérailles d’Elvis. Deux ans après, Réjean Tremblay a été impliqué dans un moment de radio cocasse à la radio CKRS de Jonquière, alors qu’une auditrice lui a demandé en direct si Elvis était circoncis, ce à quoi il a répondu avec un certain sourire que le cercueil du King n’était ouvert que jusqu’à sa taille!
3- Le Centre Sportif Réjean Tremblay
La commission de toponymie du Québec exige qu’une personnalité soit morte avant de nommer quelque chose en son honneur. À Falardeau, on s’en fout pas mal puisque notre aréna porte le nom de Réjean Tremblay depuis longtemps. Récemment rénové, notre petit amphithéâtre avait la réputation d’être l’un des arénas les plus intimidants au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les estrades en planches de bois n’étaient pas chauffées, un vieux tracteur servait de Zamboni, et c’était toujours trop loin au goût du monde de l’extérieur. Malgré le froid, les équipes de Falardeau avaient toujours l’appui de partisans déchaînés, menés par un annonceur charismatique et une DJ qui les faisait danser sur du Ace Of Base et du Snap. Avec ça, tout le monde oubliait le froid, même les spectateurs les plus frileux qui se gavaient des meilleurs steamés en ville. Maintenant, on les mange au chaud et on a une vraie Zamboni!
4- Des lions dans le rang 2
Un lion, ça ne court pas les rues au Saguenay-Lac-Saint-Jean! Pourtant, on en trouve depuis peu au bout du rang 2 dans notre petit zoo, ouvert depuis 2009. Fruit du travail de Daniel Gagnon et de Suzie Girard, le Centre d’Observation de la Faune de Falardeau – de son véritable nom – accueille toutes sortes d’animaux d’ici et d’ailleurs depuis le jour où le couple a retrouvé deux ours sur son terrain pour les garder après avoir payé un ticket et négocié les autorisations nécessaires. Maintenant reconnu officiellement comme un zoo, leur bébé joue maintenant dans les ligues majeures. Ça n’a pas plu au maire de St-Félicien, à l’autre bout de la région, là où il y a aussi un zoo, mais qui n’a plus de lion. Craignant notre concurrence, il a pété un plomb à la télé locale. Notre zoo dérange, et comme son lionceau, il grandit et commence à rugir, même assez fort pour alimenter la rivalité entre le Saguenay et le Lac.
5- Falardeau, champ de bataille
On ne s’en vante pas trop, mais l’un des pires navets hollywoodiens des dernières années a été tourné en partie chez nous. John Travolta est venu tourner avec sa gang dans une grosse grotte située au nord du village avec plein de figurants, dont un falardien. Payés au salaire minimum, ils se sont fait ordonner de ne JAMAIS regarder Travolta dans les yeux. C’était pour le tournage de « Battlefield Earth », cette soi-disant aventure de science-fiction qui était plutôt une pub pas trop subtile pour la scientologie. Ce film a marqué l’histoire du cinéma pas parce que c’était bon, mais plutôt parce que c’était si mauvais qu’on n’oserait pas le regarder même si Travolta nous ordonnait de le faire. D’ailleurs, ce navet n’a gagné que des Razzies, emblème de la médiocrité cinématographique. Si ces framboises humilient, celles qui poussent chez nous sont par contre délicieuses. Travolta aurait dû le savoir…
6- Le Jack Kerouac de Falardeau
Jean-Pierre Tremblay – Jhippie de son nom d’artiste – est l’un des personnages parmi les plus illustres de Falardeau. Ex-décathlonien de compétition, il est devenu hippie dans les années 90 après sa carrière, se laissant pousser barbe et cheveux. Écrivain et chanteur très prolifique mais encore peu connu en dehors du village, il est allé chanter une de ses chansons à Infoman en 2010. Il se sert de son pouce comme moyen de transport depuis qu’un lift l’a « choké » alors qu’il était jeune cégépien. Marginal assumé qui semble provenir d’une autre époque, il nous offre une musique qui se situe quelque part entre Cayouche, Georges Brassens, et Plume Latraverse. D’ailleurs, Jhippie lui a même déjà servi de bodyguard lors d’un concert puisqu’il est grand et en très bonne forme. Même à l’approche de la cinquantaine, il demeure encore chez ses parents, où il écrit et s’entraîne dans le gymnase qu’il s’est construit.
7- Chute-aux-galets : village-fantôme
Des générations de falardiens ont déjà necké et/ou pris une brosse au moins une fois dans leur vie à Chute-aux-galets, au bout du rang 4. Ce qu’on oublie, c’est qu’un village a existé à cet endroit. De 1920 à 1962, on y trouvait des maisons, une école et un garage. Quand le barrage juste à côté a pu être contrôlé depuis Jonquière, le village a été fermé. Toutes les maisons ont été déménagées, sauf l’ancienne école et quelques bâtiments qui ont servi pendant quelques années de laboratoire de recherche forestière. De cette époque, il ne reste plus que deux rues asphaltées et ces bâtiments, abandonnés et vandalisés. Malgré tout, le paysage autour est magnifique et la chute est spectaculaire, ce qui en fait encore un lieu de plaisirs de toutes sortes. La compagnie Résolu, proprio du barrage, le sait et paie des agents pour surveiller. Mais quand le chat n’est pas là…
8- Les paradoxes du village alpin
Notre station de ski, le Valinouët, existe depuis 1984. Même si elle est à plus de vingt minutes de route du village, elle en fait partie en bonne et due forme. On y trouve la partie alpine de Falardeau, constituée de chalets. Si ça y grouille d’activité l’hiver, ça tombe raide mort dès qu’il n’y a plus de ski. Les choses sont cependant en train de changer, puisque Falardeau s’est donnée comme objectif d’avoir construit 900 chalets d’ici 2020. Les chalets deviennent de plus en plus beaux et nombreux. Cela contraste parfaitement avec le chalet principal du Valinoüet, où rien n’a changé depuis le temps où j’allais faire du ski au primaire avec l’École Saint-David à la fin des années 80. Les mêmes supports à ski, les mêmes toilettes, le même décor, la même peinture. En plus, le bar ferme plus tôt qu’un bar en Ontario. Bienvenue au vingtième siècle!
9- Falardeau Style
Quand on entre dans Falardeau, on voit l’église de partout. C’est le bâtiment le plus haut et le plus voyant du village en raison de sa forme unique de cône renversé. La désaffection des églises se fait sentir aussi par ici, puisqu’on partage notre curé avec le village voisin et que le presbytère a été transformé en garderie. Malgré tout, notre église demeure l’emblème par excellence de notre village. C’est un peu comme notre tour Eiffel.
Aussi, dans le rang 2, à mi-chemin entre le village et les lions, se trouve un gigantesque bleuet, sans doute le plus grand au monde! Propriété de la Ferme Forestière Paul Grenon et Fils, ce bleuet sert de repère à ceux qui cueillent le petit fruit bleu sur les propriétés de l’entreprise familiale, qui produit aussi le « Bon miel Falardien », le meilleur miel au monde, que vous ne trouverez pas ailleurs qu’ici! Voilà pour le pétage de bretelles!
10- Le drame secret de Falardeau
Avec une population qui approche les 3000 habitants, Falardeau peut se vanter de vivre une certaine prospérité avec son aréna modernisé, son zoo, sa station de ski et son spa. Malgré tout, mon village vit un drame, puisqu’il n’y a plus de bar chez nous depuis des années! Si on veut aller prendre un coup entre amis, on n’a pas d’autre choix que d’aller à Saint-Honoré ou même – oh! sacrilège – à Chicoutimi. Et on oublie le bar du Valinouët, toujours sur le bord de fermer quand l’envie de sortir nous pogne! Symbole du regretté nightlife falardien, l’enseigne du défunt Bar des Sportifs trône encore comme un phare éteint en plein cœur du village. La bâtisse est encore à louer, du moins en partie puisqu’un salon de coiffure s’est installé dans l’ancienne salle de billard, en plus du resto juste à côté qui, lui, est toujours ouvert. Mais pour le reste, on ne se laisse pas décourager par ça, on demeure de party quand même, bar ou pas, toujours fidèle à notre instinct de bleuet!
Jean Tremblay,
journaliste indépendant – aucun lien avec Réjean – et animateur radiophonique (dans une vie antérieure)
Suivez Jean Tremblay via son compte Twitter : @jeantremblayfm et son blog : http://www.jeantremblayfm.wordpress.com
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