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Bon, ok, je n’habite plus à Rouyn depuis quelques années. Mais je suis toujours très proche de ma ville natale. En fait, je me définis encore comme Rouynorandien, parce que j’ai l’impression que ça vient avec un système de valeur et une culture pas mal différente de celle de Montréal. Je me sentais presque traître de faire ce texte là, mais je suis sûr que mes chums de Rouyn vont me pardonner. Anyway, je retournerai y vivre dans une couple d’années.
1. Rouyn, c’est pas dans l’Nord pis c’est pas loin, ok?
Sérieux, Rouyn-Noranda, la ville, c’est pas très beau. Je sais pas c’est qui l’urbaniste de la ville – si même il y en a un – mais, c’est clair qu’il n’a pas catché certains aspects de la vie. S’il avait catché, il n’aurait pas laissé faire les récentes rénovations sur l’aréna Dave Keon, mais surtout, il aurait mis en valeur les façades western des immeubles construits dans le boomtown du Vieux Noranda dans les années 30, quand notre mine de cuivre était le Klondike du Québec. L’ambiance ouesteurne qu’on sent en trame de fond, devrait prendre toute la place. Parce que, faut le dire, Rouyn, c’est dans l’Ouest du Québec. Pas dans le Nord. Le Nord, c’est Kuujjuaq, genre. Fac revenez-en de : « C’est loin en maudit! ». Imagine-toi monter en char à Kuujjuaq. Là, tu pognes de quoi. Anyway, j’ai pour mon dire que c’est Montréal qui est loin, pas Rouyn. Ah oui, pis l’histoire des mouches noires… come on! Quelqu’un me fait une autre joke là-dessus pis je lui fais manger sa calotte. Parce que si tu fais des jokes de mouches noires, c’est clair que tu portes une calotte.
2. Détruire le mythe : Morasse poutine
Non, c’est pas la meilleure poutine au monde. Ça l’a déjà été par exemple, dans le temps que c’était une cabane à patates frites dans une maison mobile. Si ça l’avait pas été, penses-tu que le gars qui fabrique les enseignes aurait accepté d’écrire « la meilleure poutine au monde », sur la pancarte du Morasse? J’veux dire, même dans le monde des faiseurs d’écritaux, y’a un code d’éthique. Mais ce temps-là est fini. L’affaire que tu ne sais pas, par exemple, c’est que la spécialité du Morasse poutine, c’est le burger au poulet. Juré. Connais-tu une autre cabane à patate que son trio #1 c’est celui avec un burger au poulet?
3. Plus de salles de spectacle que sur le Plateau
J’exagère peut-être un peu, mais, un moment donné, y’a quelqu’un qui m’a dit : Rouyn, c’est comme si tu prenais le Plateau Mont-Royal pis tu le sacrais dans le bois. Ce gars-là, il avait pas tort. À Rouyn, c’est la culture qui prime – avec la musique en premier plan. Le Cabaret de la dernière chance, le Petit Théâtre du Vieux Noranda, L’Écart, lieu d’art actuel, le Trèfle Noir, la salle Évoluson, Chez Bob, l’Agora des Arts, le Paramount, et notre grande salle, le Théâtre du Cuivre. Ça, c’est toutes des places pour aller voir des shows. Sans compter les salles genre Mooses ou Chevaliers de colomb où tu peux booker des bands punk pis boire des quilles de Labatt 50 dans un décor pittoresque de jeux de dards. En fait, c’est même rendu un problème, ce nombre démesuré de salles de spectacles pour une si petite ville. Ben, pas si petite, c’est quand même 30 000 habitants environ, sans compter les villages autour (proche 50 000 en tout). Mais quand même. Une dizaine de salles de spectacles, pour de la musique et pour les arts de la scène de tous genres. Mettons que tu habites pas à Montréal, ou à Québec, pis que je te demande : Y’en a combien des salles de spectacle chez vous? Tu me dis quoi, hen? Tu me dis, 3-4 qui vivotent. Ben c’est ça que j’te dis.
4. Le Festival des festivals
Fac dans toutes ces salles-là, y’a des festivals. De ça, en veux-tu, en v’là : le Festival International du film en Abitibi-Témiscamingue (père de tous nos festivals), le FME (le South by southwest du Québec, ou presque. Ben oui, les montréalais, vous avez Pop Montréal. Félicitations.), le Festival du Documenteur (dont la formule est reprise ici et là dans les Europes), le Festival des guitares du monde (qui a fait venir à Rouyn Buddy Guy, America, Johnny Winter et autres stars de la guit’) et un paquet d’autres événements dans le genre, pis ça, c’est sans compter les festivals dans les autres villes d’Abitibi, genre, le FRIMAT à Val d’Or qui vaut le détour!
5. Capitale du cuivre pis du métal
Rouyn, c’est la capitale nationale du cuivre. On s’en sacre un peu. Mais Rouyn-Noranda est aussi la capitale du métal au Québec depuis bon nombre d’années. Mes chums pouels sont vraiment dedans. Pis, à côté de Rouyn, y’a un village où je pense que tout le monde écoute du Metallica, pis c’est Beaudry. Pis moi chu né là. Mais j’écoute pas de Metallica. J’aime mieux Guns. Parce que à Rouyn, dans le temps, fallait que tu choisisses : soit t’aime Guns’n’Roses, soit t’aime Metallica, pas les deux. J’ai déménagé de Beaudry, aussi.
6. Vintage bizarre
Ce qui est cool de Rouyn, c’est que toute est comme vintage pis un peu rabouté. Genre de vintage 70-80. Pis pour ramasser des affaires vintage, tu peux débarquer à la Ressourcerie pour acheter un paquet de beaux vieux cossins. C’est comme notre marché aux puces. Des cadres d’Hawaii en velours, des tapis muraux en macramé, des cassettes VHS de Delta Force pis des meubles bruns, beiges pis oranges. J’ai toujours pensé que dans un marché aux puces donné, tu captes un peu de la culture populaire locale, tu peux analyser presque sociologiquement parlant ce qui se passe dans ce coin de pays-là. À Toronto, y’ a des cadres de la Reine dans les thrift stores. À Rouyn, y’a des casques de ski-doo stripés racing dans les ramasseux de cossins.
7. « Asti qu’j’ai hâte de faire du ski-doo, man » – Les Sprates
Je parle de ski-doo parce que j’aime ben ça pis aussi parce qu’un des cousins de mon père collectionne les ski-doo Arctic Cat. Il a tous les modèles Arctic Cat depuis les années 60. Ça en fait des ski-doo dans ta cour ça mon chum. Tu peux même en prêter à tes copains pour partir en gang, dans le bois, l’hiver, à pêche sur la glace pis catcher vraiment, c’est quoi, l’expérience abitibienne. C’est sauvage, c’est sans dentelle, ça sent le gaz, ça parle fort pis ça rie fort, ça lève le coude jusqu’aux aurores Boréales pis c’est ben correct de même. Fac si la nature t’intéresse pas, ben reste coulé dans le béton à Montréal.
8. La slam pis le lac Osisko
Non, je te parle pas de « faire du slam », quoi qu’il y a une slammeuse d’Abitibi qui est vraiment bonne – son nom c’est Sonia Cotten. Je veux plutôt parler de la slam. C’est une genre de boue jaune-orange-rouge fluo qui entoure la ville de Rouyn-Noranda. C’est des déchets miniers qui coulent lentement vers nulle part, tel un blob en quête de victimes qui sur-actent leur mort. Le lac Osisko, qui est au milieu de la ville a aussi écopé de la mine Noranda qui déversait du stuff comme ça dedans durant des années. Aujourd’hui, supposé que si tu touches à l’eau du lac, tu pognes des boutons. Dans les années 80, y’avait une sirène à la mine qui partait quand le taux de plomb dans l’air était trop haut. Fallait que les jeunes rentrent en dedans, sinon, c’était un peu dangereux. Un peu?
9. Inepsy, Chany Pilote
La pollution pis les complexes industriels miniers, ça a aussi des bons côtés. Ça créé du monde qui ont de la rage en-dedans. Y’a un band qui me fait vraiment tripper dans la vie, pis c’est Inepsy. C’est le band qui se rapproche le plus de Motörhead EVER! Pis ça adonne que leur chanteur, Chany Pilote, ben y vient de Rouyn. Chany Pilote, c’est le punk le plus authentique que j’ai connu de toute ma vie. C’est aussi un artiste multidisciplinaire talentueux. Sans blague. Ce gars-là incarne le punk et le rock, un pur et dur. Même si ça fait longtemps qu’il n’est plus à Rouyn, je pense qu’on peut être fiers que ce gars là vienne de chez nous.
10. Le seul québécois qui a joué avec Elvis vient de Rouyn
Ben, en fait, il est né à Normétal. Mais il a grandi à Rouyn. Il s’appelle Léonald Gauthier, mais son nom d’artiste c’est Hal Willis. Il a ouvert pour Elvis, en tournée sur la côte est américaine, en 1956. Sérieux, c’est vraiment fort. Il a vendu des millions d’exemplaire de sa chanson country The Lumberjack dans les années 60. The lumberjack… le bûcheron… ben oui, il vient vraiment d’Abitibi pis il a vraiment été bûcheron!
Meilleure place pour necker
Le chemin de la dompe, rendu fameux par Richard Desjardins dans sa toune un beau grand slow, live au Club Soda. Tu prends la rue Perreault Est, tu vas au boutte pis quand tu pognes la garnotte, ben, t’es rendu.
Faits random
–Serge Gainsbourg est venu à Rouyn et il a appris à sacrer à 1 :00, ça vaut la peine.
-Jean-Luc Godard est venu faire une expérience de cinéma à Rouyn-Noranda dans les années 60.
-Pierre Harel a tourné son film Bulldozer à Arntfield, à côté de Rouyn. C’est weird en ta!
-Pierre Turgeon, qui fut un jour capitaine du Canadiens de Montréal, était surnommé « Le magicien de Rouyn ».
-Mohammed Ali est venu à Rouyn, y’a même un documentaire là-dessus : Voir Ali.
-À Rouyn aussi y’a une crise du logement. Le taux d’inoccupation est présentement à 0.00%. Veux-tu déménager à Rouyn? Pour tout de suite, tu peux oublier ça.