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Socalled fait du hip-hop klezmer, joue du piano et de l’accordéon et vient de lancer la trame d’une comédie musicale qu’il a écrite. Urbania a parcouru avec lui les rues du Mile-End en sautant de l’anglais au français à travers la bière et les bagels.
Ce texte est extrait du Spécial RUE, en kiosque dès maintenant ou disponible en version PDF sur la Boutique Urbania
Montréal, un jeudi soir de printemps, vers 22 h. Lorsque j’arrive à l’appartement de Josh Dolgin, alias Socalled, un demi-sous-sol situé dans le Mile-End, j’ai l’impression de mettre les pieds dans une caverne située idéologiquement pas très loin du marché aux puces St-Michel. « Sorry, mais je suis en train de rénover ma cuisine, il y a du stock partout. Look, my fridge is in the middle of the living room! » Je ne l’avais même pas remarqué, obnubilé par les centaines de disques vinyles, rangés dans une bibliothèque (seul îlot d’ordre dans ce joyeux bordel), par les marionnettes fabriquées de ses blanches mains et par le vieux camion de pompiers Tonka. C’est à peine si on voit le piano. Pas d’équipement hi-tech, sauf pour le portable Mac, sur lequel il est en train de travailler. Et une table tournante. « You want a beer? You don’t mind if I roll a joint? » Oui, et non.
Dans son salon, avec sa bouille sympathique, ses lunettes vintage et ses cheveux qui lui donnent l’air d’un savant un peu fou, Socalled fouille dans ses nombreux cartons. « Regarde l’accordéon que j’ai acheté en Allemagne. C’est un Hohner, fabriqué en 1940. Des Nazis ont joué avec. Je m’en suis servi, là-bas, en concert. C’est ironique, non? »
Parce que Socalled est d’origine juive. Né à Ottawa, il a grandi à Chelsea, où il a appris le piano et l’accordéon, et c’est pour ses études en littérature qu’il a choisi Montréal, à McGill. En plus de faire de la musique, Josh fait de la photo (son dada est de prendre en photo des gens en train de le photographier), du dessin et a écrit dans le Hour. Un jour, il a découvrert que les vieux disques klezmer se mixaient très bien avec du hip hop. C’est à ce moment que s’est révélée son identité musicale : du klezmer rap! Comment tu réussis à faire tout ça, Josh? « Just give me a deadline, and I’ll do anything! » En fait, ce qui est surprenant, c’est la désinvolture qui l’habite. Il n’a pas l’impression d’être exceptionnel. C’est juste qu’il a appris, un jour, à terminer ce qu’il entreprenait. « People have to learn finishing things. Écris ça, c’est important! You want to try my joint? »
Il nous demande ce qu’on veut faire. Je lui réponds qu’on le suit, que c’est à lui de nous montrer où il va. « Je ne sors pas tant que ça. Je suis beaucoup sur la route. Lorsque je suis ici, j’aime rester chez moi. Ce sont mes amis qui viennent me voir. Ils entrent, c’est tout. Quand je suis tout seul, c’est correct aussi. I’m a loner.» Josh préférerait rester là, boire de la bière, fumer des joints et parler de musique. Comme on doit sortir, il va jouer le jeu.
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